Lorsque l'on nous parle de continent africain, ce sont immanquablement les images des dernières opérations militaires sorties des anxiogènes chaînes d'information continue qui nous viennent à l'esprit. Avec, comme décorum, un champ de ruine au milieu duquel erre une population désœuvrée. Pourtant, si l'on en croit un article du média jeune Afrique, sous ces mêmes latitudes, voire même ces mêmes quartiers, le commerce des voitures de luxe se porte très bien et s'affiche prometteur.


Il est des paradoxes que le tourbillon de l'actualité occulte. L'Africain est dans sa grande majorité réduit à la survie et peut s'estimer heureux lorsqu'il évolue dans un pays gouverné et uni. Une équation semble-t-il fragile lorsque l'on nous ressasse cathodiquement une situation géopolitique troublée. Mais même dans ce cas, le citoyen lambda doit composer avec un salaire minimum de 90 euros mensuels. Pas de quoi sauter au plafond. Et pourtant, les voitures de luxe font aussi partie du paysage.


A Abidjan, à Johannesburg, Lagos, ou encore Libreville,les SUV ostentatoires ne sont pas rares. Au Gabon, 70% des 6 000 véhicules neufs vendus par an sont de gros 4X4, en majorité japonais mais ce sont bien les Porsche, Range Rover, Mercedes et autres BMW qui sont les plus convoitées. Malgré un réseau routier dégradé, les « super-cars » ont aussi droit de cité. Symbole de cette quête du luxe à quatre roues, Wattao, un ancien chef de guerre devenu cadre sécuritaire sous la présidence d'Alassane Ouattara, s'est récemment affiché dans sa Maserati devant des caméras de télévision.


Pourtant, les taxes à l'importation sont conséquentes sur les véhicules neufs tandis que les réseaux ne sont pas légion. Alors, comment ces véhicules statutaires se retrouvent-ils là ? Ce sont les secondes ou troisièmes mains - venues d'Europe, d'Amérique du Nord ou encore de Dubaï qui prennent ainsi leur quartier. Une conjoncture que voudrait rationaliser les constructeurs. Porsche y travaille avec une tête de pont en Afrique du Sud. La marque dit connaître une progression de ses ventes de près de 40% par an ces deux dernières années, et elle s'est récemment installée en Angola, au Ghana et au Nigeria. 2 000 Porsche acquises en Afrique subsaharienne sur les trois premiers trimestres 2013, Des investisseurs locaux sont sollicités pour accompagner l'implantation du blason au Cameroun, en RDC, en Éthiopie, au Gabon, en Côte d'Ivoire, en Namibie, au Sénégal, en Tanzanie et en Zambie.


Mercedes est dans le même mouvement. L'étoile possède une usine d'assemblage en Afrique du sud, pays où 20 000 modèles trouvent preneurs chaque année. BMW, qui a vendu 34 000 autos sur l'ensemble du continent en 2012 (+15% par rapport à 2011), veut également "continuer à progresser", selon l'un de ses porte-parole. Audi anticipe de son côté une croissance "dans certaines régions" d'Afrique, estime Stefan Hamberger, directeur Proche, Moyen-Orient et Afrique pour la marque, qui se félicite d'un doublement de ses ventes en trois ans (22 000 autos) et d'une progression "à deux chiffres". Une situation qui montre toute l'étendue de la complexité africaine.


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