Même si ces dernières années ne lui ont pas rendu la partie facile, la voiture reste bien ancrée dans le cœur et l'esprit des Européens. Maintenant, rien n'est gagné car ceux-ci se mettent aussi au diapason d'une conjoncture économique hostile. Du coup, l'intérêt pour la chose automobile évolue, avec ses contradictions et ses incertitudes. Une tendance mise à jour par la dernière étude de l'Observatoire Cetelem rendue public par Flavien Neuvy.


D'abord les bonnes nouvelles : lorsqu’ils se projettent sur les dix prochaines années, les Européens n’anticipent pas de révolution quant à la place de l’automobile dans nos sociétés : pour les trois quarts d’entre eux, elle conservera une place au moins aussi importante qu’aujourd’hui. Pour la moitié de la même population, l’automobile sera encore un bien indispensable dont on est l’unique propriétaire.


La notion de liberté procurée par la voiture individuelle arrive en tête aujourd’hui dans l’esprit des consommateurs, suivie par le gain de temps et les coûts. Pour autant, on note des signes de sa banalisation puisque la voiture comme simple moyen de déplacement arrive devant les notions de luxe et de réussite sociale. Enfin, la contrainte environnementale, soit la pollution, s'inscrit désormais en bonne place dans l'appréhension de l'auto.


Des vecteurs qui ouvrent des brèches et qui vont pousser les état-majors des constructeurs à mettre à jour leur matrice produit. Ainsi, près d’un Européen sur deux imagine que, demain, la voiture sera un bien partagé. 73 % d’entre eux voient le covoiturage et l’auto-partage se développer au cours des prochaines années. Une contradiction qui n'aura pas que des répercussions sémantiques puisqu'elle met à jour non seulement l'idée d'un moyen de transport comme un autre mais, aussi, la perspective d'un nouveau mode de... transport en commun. Au final, la perspective d'un après-demain fait de voitures que l’on possède à plusieurs ou rassemblées pour un service auquel on aura recours le temps d’un besoin ne relève pas du fantasme.


Autres certitudes que les constructeurs vont devoir mettre au rabais : celle que le citoyen accordera toujours une bonne part de son budget à sa belle mécanique : sept Européens sur dix pensent que le prix moyen des véhicules a augmenté depuis 10 ans et cette perception est tout à fait légitime au regard de l’évolution des prix moyens automobiles en Europe : sur les dix dernières années, les prix catalogue ont progressé de l’ordre de 2/2,5 % par an. Il y a dix ans, le prix d’achat d’une automobile représentait moins de 40 % du revenu des ménages en Europe. Aujourd’hui, ce même ratio approche les 45 %.

Conséquence, l’âge moyen d’un acheteur de véhicule neuf en Europe est d’environ 50 ans. En effet, l’effort financier exclut une frange de la population, les jeunes en particulier, cette même génération qui s'est aussi trouvée d'autres centres d'intérêt avec une démarche consumériste différente. Un changement des mentalités qui pourraient bien être aussi corrosifs que les bouleversements structurels en cours.


Enfin, il y a cette contradiction : près de 60 % des Européens pensent que la voiture est la cause principale de la pollution. Ils veulent donc des voitures modernes aux technologies avancées en ce domaine. L'hybride tient la côte mais ceci a un coût, celui-là même qui est déjà considéré comme trop élevé. Ce ne sera donc pas facile de résoudre la quadrature du cercle. Pour autant, les Européens sont confiants et pensent que les constructeurs sauront innover pour proposer des véhicules moins polluants et moins gourmands en énergie. Des vœux pour les uns, des résolutions à prendre pour les autres. C'est de circonstance.


Conditions de l'étude :


Enquête réalisée par TNS Sofres, 4 830 personnes interrogées par Internet en septembre 2013 dans huit pays d’Europe (Allemagne, France, Italie, Portugal, Espagne, Belgique, Royaume-Uni et Turquie) avec des échantillons représentatifs des populations nationales d’au moins 600 personnes par pays.

Les analyses et les prévisions ont été réalisées en novembre 2013 en partenariat avec le cabinet d’études et de conseil BIPE.