Depuis les années 90 et la mutation de la Nascar de ses racines du sud des Etats-Unis vers un sport officiel brassant des millions de dollars, ses participants semblent s’être transformés en robots conduisant sagement des affiches publicitaires sur roues. Tout écart, que ce soit pousser un concurrent ou jurer lors d’une interview télévisé, est automatiquement et sévèrement puni par des amendes ou des points retirés.

Peu à peu, les fans les plus fidèles et mêmes les pilotes eux-mêmes commencent à se plaindre de ces courses devenues bien trop lisses et policées, et l’audience ainsi que le nombre de spectateurs ont baissé à un tel point que lors d’une conférence de presse la semaine dernière, le président de la Nascar lui-même, Mike Helton, a annoncé vouloir remettre un peu d’émotions dans la prochaine saison qui démarrera le mois prochain à Daytona.

Les premières modifications seront mécaniques : il faudra remonter à 1989 pour trouver des brides plus larges, ce qui signifie que les puissances moteur seront largement augmentées. L’ « arbitrage » sera aussi plus laxiste, permettant notamment aux pilotes de se mettre dans l’aspiration jusqu’à ce que les pare-chocs entrent en contact (le fameux «bump draft», sur lequel les officiels fermaient déjà parfois les yeux).

Mais c’est surtout au niveau des pilotes que les changements seront les plus flagrants. Contraints jusqu’ici à laisser un esprit de compétition trop agressif aux vestiaires, ils seront dès cette saison encouragés à laisser libre cours à leurs émotions. « Nous encourageons les compétiteurs à dévoiler leurs caractères et leurs personnalités ». Juan Pablo Montoya s’en frotte déjà les mains.