Doit-on encore concevoir la correction comme autrefois, comme lorsque internet n’existait pas, comme lorsque la notion de flux continu d’informations ne signifiait rien ? Soutenons ici une conception participative de la correction.


Nous qui ne pratiquons plus l’écriture comme nos ascendants, définissons alors une pratique nouvelle de la correction. Nous qui écrivons de plus en plus (des e-mails, des textos…) et de plus en plus vite, admettons aussi que nous commettons de facto de nombreuses fautes. Et considérons que nous puissions dès lors être corrigés par nos interlocuteurs et interlocutrices, nos lecteurs et nos lectrices.


Et souvenons-nous, si nécessaire, de nos pratiques passées, lorsque nous écrivions des lettres à la main ou lorsque nous tapions nos courriers à la machine à écrire, lorsque l’ordinateur n’existait pas. La moindre erreur était catastrophique. La presse et l’édition mobilisaient de nombreuses forces vives car là aussi toute erreur était irrémédiable. Depuis la multiplication des ordinateurs personnels et, surtout, depuis l’apparition d’internet, il nous est possible (et donc permis) de corriger facilement, et en permanence. Ce qui ne peut qu’exercer une influence sur notre pratique de la correction. Et nous inciter à la transformer. Corrigeons-nous donc mutuellement, sans que des considérations hiérarchiques ou sociales n’entrent en ligne de compte.


Adressons-nous, au moment de conclure ce manifeste en faveur de la correction participative, aux plus récalcitrants. Et permettons-nous une analogie. Les constructeurs automobiles ne pratiquent-ils pas eux-mêmes la correction a posteriori ? Certains des plus prestigieux d’entre eux n’amendent-ils pas leurs modèles année après année. Soyons certains que s’ils pouvaient les corriger exemplaire après exemplaire, ils ne s’en priveraient sûrement pas.