La demande mondiale en pétrole baissera fortement en 2009. L'Agence internationale de l'Energie (AIE) vient de rendre public son rapport. Quelles sont les raisons ? Et quelles sont les conséquences pour nous consommateurs ? Caradisiac a interrogé un expert.

La consommation d'or noir devrait reculer de façon conséquente cette année. L’AIE table sur un repli de 0,6% de la consommation en 2009. Sachant que la consommation a déjà diminué en 2008. Si ces prévisions s’avèrent justes, la demande de pétrole fléchirait pour la deuxième année consécutive. Une première depuis 1983. Les principales raisons avancées par l’organisme concernent le ralentissement économique. La crise actuelle aurait modifié les habitudes de consommation des automobilistes. Quelles sont les conséquences pour nous consommateurs. Faut-il voir ici une bonne nouvelle ? Guy Maisonnier, expert à l’IFP (institut français du pétrole), nous éclaire.

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Le rapport de l’AIE prédit une baisse de la demande mondiale ? Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

C’est plutôt une mauvaise nouvelle. On pourrait imaginer une baisse liée à des effets positifs. Autrement dit une baisse de la consommation, mais cette baisse est vraiment liée au problème de la crise économique qui impacte la demande. Ce n’est pas un signe très positif.

Cette baisse de la demande influe-t-elle sur le cour du baril ?

C’est entièrement lié. Le prix est déterminé par l’offre et la demande. Si cet équilibre est moins tendu, soit parce que l’offre augmente, soit parce que la demande diminue, cela détend le prix. On le voit sur toutes les matières premières. On a eu une envolée en début d’année, parce qu’on a eu une demande assez forte donc une croissance assez forte. Et depuis, on a ce retournement de conjoncture qui a été très violent. Les demandes des matières premières, dont le pétrole, ont chuté et cela a détendu cet équilibre. D’où l’effondrement des prix.

Quelle conséquence cette crise peut-elle avoir sur le consommateur à la pompe ?

On a eu une baisse de 50% du prix en trois mois. Pour le consommateur cela a effectivement un effet bénéfique. On a eu un transfert de cette baisse, avec un petit délai, sur le prix final. Il y a eu un petit débat sur la répercussion plus ou moins forte à la pompe, mais globalement ça a été répercuté. La raison de ce délai, c’est le dollar. Le dollar s’est revalorisé, donc la baisse en dollar était plus forte que la baisse en euro. Mais la répercussion a été bonne.

Faut-il s’inquiéter de la baisse de la demande et de celle du cour du pétrole ?

C’est plutôt favorable pour la relance économique. Le prix du pétrole accompagne cette crise économique. L’enjeu, c’est la crise. Cette crise va peser sur le prix. Mais le prix relativement faible ne va pas permettre de relancer l’économie. Mais aujourd’hui les enjeux de l’économie sont autres que uniquement le prix du pétrole.

A long terme, la tendance à la pompe, sera plutôt à la hausse, puisqu’on développe de nouveaux carburants plus chers et notamment les biocarburants. On devrait retrouver des prix orientés à la hausse. Si on retrouve des taux de croissances passés (5%) on aura de nouveau des tensions sur le prix. En 2010 l’économie pourrait repartir. Donc on aura un redémarrage à partir de 2010, mais sans emballement des prix.

L'organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) s'attend également à une baisse de la demande de brut, plus importante que prévue, de 0,2% en 2009, à cause "d'une économie mondiale déprimée", a-t-elle indiqué.