L'année dernière, le président américain George W. Bush a fixé un objectif de production de 1 300 milliards de litres d'éthanol par an : il souhaitait ainsi diminuer la dépendance pétrolière des Etats-Unis d'ici 2017. Et le Sénat américain a évoqué un plan pour une production davantage soutenue d'ici 2022. Les États-Unis enregistrent aujourd'hui plus de 140 raffineries fabriquant près de 19 milliards de litres d'éthanol chaque année.

Chris Kucharik de l'université du Wisconsin (Etats-unis) et Simon Donner de l'université de Colombie-Britannique (Canada) ont publié une étude basée sur des modèles informatiques : d'après eux, la production croissante d'éthanol issue du maïs aux États-Unis menace l'écosystème du Golfe du Mexique : elle engendre une "zone morte" (étendue d'eau sans oxygène) qui fait environ 20 000 km2 actuellement et qui ne cesse de s'agrandir. Ils soulignent que l'intensification annoncée de cette production représenterait un désastre pour le Golfe du Mexique : si les États-Unis suivent leur plan à la lettre, la pollution azotée affectant le Mississipi et son affluent, la rivière Atchafalaya, progressera de 34%.

Cette étude explique que les engrais azotés dont on se sert dans la culture de maïs se répandent dans les cours d'eau sous forme de nitrates et contribuent alors au développement d'algues dont la décomposition absorbe l'oxygène dissous dans l'eau : dans des États comme le Nebraska, l'Illinois, le Wisconsin et l'Iowa, les engrais en question sont la première cause de pollution du fleuve Mississipi et de ses affluents se jetant dans le Golfe du Mexique. Simon Donner précise que ce cas d'eutrophisation ne permet plus la vie aquatique : les organismes des fonds marins qui ne peuvent pas bouger mourront certainement et les poissons iront ailleurs. Et il ajoute que l'activité de pêche est aussi touchée mais, malheureusement, elle n'a pas la même valeur économique que la production de maïs pour les États-Unis...

(Source : AFP Vancouver Photo : AP)