"Quitter son lieu de vie, assoit une réputation" lisait-on dans une gazette du début du siècle. C'est le temps où l'on part "prendre les eaux" dans quelques stations thermales à la mode, le temps des casinos et des palaces aux façades baroques... La Belle Époque pour une minorité de privilégiés débarquant dans de luxueuses limousines conduites par des chauffeurs à l'uniforme martial. Avec l'instauration des congés payés en 1936, la liberté de prendre des vacances est enfin reconnue pour la majorité des Français. Si le bonheur se lit sur tous les visages, les moyens font cruellement défaut. La déferlante vers le soleil est encore bien timide mais, elle sera irréversible. Bientôt, les congés ne se limitent plus au simple repos, mais ouvrent la voie à de nouvelles aspirations. L'automobile et la formidable liberté de mouvement qu'elle procure, sera l'instrument de cet engouement. Les constructeurs l'ont bien compris et proposent des modèles accessibles aux classes moyennes. Pas encore populaire, l'automobile vient toutefois de perdre son statut d'objet de luxe. La croissance économique et la hausse du pouvoir d'achat des années 50, donneront le signal de départ des vacances de masse en voiture. Le flux estival ordonne les grands travaux et la naissance des grands axes, mais en attendant, de longues processions s'étirent mollement sur la Nationale 7. Le ruban mythique chanté par Charles Trénet où l'on enrage de ne pouvoir doubler le camion fumant et poussif, où chaque traversée de village se transforme en cauchemar... Partout, des voitures surchauffées, chargées de bagages et d'enfants en attente de fuite. Les inévitables verrous de Nogent-le-Retrou, St André de Cubzac, Vienne... sont encore dans toutes les mémoires. Mises en service tardivement (1000 km en 1968), les autoroutes ne réussiront qu'à "calmer" la douleur avant d'être saturées à leur tour par l'inexorable augmentation du trafic.

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