D'après le rapport préliminaire "Emplois verts : La transition à la durabilité de l'environnement peut-elle créer de nouveaux types d'emplois ?" publié par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), en collaboration avec l'Organisation Internationale du Travail (OIT) et la Confédération Syndicale Internationale, le défi du changement climatique présente aussi des opportunités pour de nouvelles industries et de nouveaux emplois. Le rapport final sera publié début 2008. Dans le cadre de son travail sur le sujet, le PNUE est un partenaire actif de l'Organisation International du Travail pour l'initiative "Emplois verts" : ils soutiennent un effort concerté des gouvernements, des employeurs et des syndicats pour promouvoir des emplois durables environnementaux ainsi que le développement dans notre monde qui fait face au défi du climat.

Achim Steiner, Sous-secrétaire général des Nations Unies et Directeur exécutif du PNUE, explique : "Des millions de nouveaux emplois font partie des opportunités de la lutte contre le changement climatique. Ces emplois ne sont pas seulement pour les classes moyennes -« les emplois verts »- mais aussi pour les travailleurs dans les secteurs de la construction, la foresterie durable et l'agriculture ainsi que l'ingénierie et le transport. Vers une économie mondiale qui sauvegarde nos ressources naturelles et produise moins de gaz à effet de serre, mais également rétablisse les valeurs environnementales."

Les autres recherches évoquées par le PNUE :

- Aux Etats-Unis, l'industrie environnementale a généré plus de 5,3 millions d'emplois en 2005, soit dix fois le nombre d'emplois dans l'industrie pharmaceutique américaine.

  • Les programmes d'énergie renouvelable en Allemagne et en Espagne n'ont que dix ans mais ils ont déjà créé plusieurs centaines de milliers d'emplois.
  • La ville indienne de Delhi est en train d'introduire de nouveaux autobus respectueux de l'environnement, utilisant du gaz naturel comprimé qui créeront 18 000 nouveaux emplois supplémentaires.
  • Le programme de l'éthanol au Brésil a créé 500 million d'emplois et son programme biodiesel est spécialement conçu pour profiter surtout à des centaines de milliers de pauvres familles de fermiers.
  • D'ici 2020, l'Allemagne aura plus d'emplois dans le domaine des technologies de l'environnement que dans l'ensemble de son industrie automobile.
  • En Europe, une augmentation de 20% de l'efficacité énergétique créerait environ un million d'emplois. Il en va de même pour les pays émergents et en développement.
  • Dans le chauffage solaire, la Chine est le leader mondial. Avec une revenue des ventes d'environ $ 2,5 milliards en 2005, plus de 1000 industries chinoises ont embauché plus de 150,000 personnes. De futures estimations de la capacité installée révèlent que l'emploi pourrait augmenter substantiellement dans ce domaine.

Achim Steiner précise : "La transition est encouragée par l'actuel accord de Kyoto sur le climat avec ses mécanismes de développement sur les émissions de carbone et à l'anticipation de plus profondes et plus décisives réductions d'émissions post 2012. Un autre facteur est l'évolution des relations entre les protecteurs de l'environnement, les syndicats des travailleurs et les directeurs d'industrie de soupçons que la réglementation environnementale est mauvaise pour les entreprises et pour l'emploi, à une coopération fondée sur l'intérêt mutuel. Les nouvelles industries pour adresser le changement climatique seront à la pointe du secteur "cleantech". Un nouveau rapport de l'Initiative pour la Finance durable du PNUE estime que l'investissement dans l''énergie renouvelable a atteint 100 milliards de dollars et représente 18 pour cent des nouveaux investissements dans le secteur de l'énergie. Un récent rapport publié par l'économiste américain Roger Bezdek a conclu qu'avec de bons signaux de la part des gouvernements et des investissements dans la recherche et le développement, l'énergie renouvelable et les industries d'efficacité énergétique pourraient créer 40 millions d'emplois à travers les États-Unis d'ici 2030. En tout, nous sommes clairement à la lisière de quelque chose de tout à fait passionnant et transformationnel. De bons signaux de la part des gouvernements sont nécessaires pour accélérer cette action à travers le monde, en commençant par les négociations à Bali. Sans un système fort et décisif de réduction des émissions, les fondations qui sont en train d'être posées aujourd'hui pourraient s'avérer être sans conséquence demain. Nous devons changer les subventions, les structures fiscales, et les méthodes de comptabilité qui permettent l'"externalisation" de graves impacts environnementaux afin qu'ils soient pris en compte dans le cout de l'entreprise sur cette planète."

Le spécialiste du développement durable de l'Organisation Internationale du Travail, Peter Poschen, souligne : "S'adapter au changement climatique et l'atténuer nécessitera une transition vers de nouveaux modes de production, de consommation et d'emploi. Il y a de grandes opportunités pour créer des emplois grâce à des politiques d'énergie et d'industrialisation qui permettent de réduire l'empreinte environnementale. Ces emplois peuvent fournir du travail décent et des revenus qui contribueront à une croissance économique durable et à une réduction de la pauvreté. Ils sont au coeur du lien positif qui doit être établi entre le changement climatique et le développement. De la même façon, les principaux investissements pour s'adapter au changement climatique pourraient fournir de nouveaux et de meilleurs emplois pour les personnes vulnérables qui en ont le plus besoin."

Lucien Royer, directeur de la santé, l'environnement et le développement durable à l'ITUC, ajoute : "L'approche de 'l'emploi vert' face au changement climatique incarne des éléments positifs pour la coopération tripartite entre les gouvernements, les employeurs et les syndicats pour soutenir la politique et l'action. En outre, il crée une base pour développer des programmes "Transition Juste" pour les travailleurs qui seront déplacés par le changement et pour renforcer l'engagement des employeurs vis-à-vis les syndicats pour aider à rencontrer les objectifs climatiques dans les lieux de travail".

(Source : PNUE Photo : Jean-Michel Rodrigo – CIRAD)