Essai - Dodge Viper SRT-10 : toujours virile, encore plus bestiale

La Viper de troisième génération évolue également par ailleurs. La silhouette ressemble au premier roadster malgré d’innombrables modifications de carrosserie. Elle provoque toujours la réaction des piétons ébahis au coin de la rue, généralement positives. A l’intérieur, la finition et l’ergonomie progressent, sans que tout deviennent parfait… L’instrumentation de bord devient plus lisible pour les petits cadrans ronds maintenant disposés verticalement Le châssis a aussi subi quelques retouches. Les freins, les pneumatiques (des Michelin Pilote Sport aux dimensions extravagantes) et j’en passe.

Sur autoroute, on croise dans un silence tout relatif au régime d’un Diesel de taxi à moins de 2200 tr/mn à 180 km/h en sixième. Un dernier rapport long qui permet à la Viper d’être classée parmi les véhicules à faibles rejets polluants (normes LEV). Pour le CO2, avec une consommation qui oscille entre 15 et plus de 30 l/100, c’est une toute autre affaire. On ose quand-même repasser la 5e pour le plaisir d’une vivifiante poussée dans le dos et la Viper se retrouve à 250 km/h sans coup férir. Elle fait preuve d’une tenue de cap sans souci jusqu’à 275 km/h. Je n’ai pas essayé au dessus, timoré par la peur du radar et le souvenir de la capote des premiers roadster RT/10 qui s’envolait bien avant cette allure. Ici, elle ne bronche pas et doit tenir aux 305 km/h annoncés. Elle est aussi bien plus pratique à manipuler.

Essai - Dodge Viper SRT-10 : toujours virile, encore plus bestiale

Après quelques séances de freinage très rassurantes à haute et moyenne vitesse, avec un ABS performant, j'arrive sur les petites routes champenoises luisantes d’humidité. Là, je n’en mène pas large après un ou deux rattrapages de trajectoires qui m’ont pris un ou deux mètres de plus que je ne le supposais. Le temps de m’apercevoir que l’auto est très saine, motrice bien et je me calme. Le but étant de ramener la Viper à bon port entière, et pas seulement les clefs. A vrai dire, pour maîtriser le couple gigantesque sur le mouillé en jouant de la course à l’accélérateur millimètre par millimètre, je manque cruellement de métier. Il me faudrait la longueur de l’auto (pour le tête à queue) et deux mètres de chaque côté pour me sentir à l’aise. Un boulevard, pas une vicinale. Humilité. Et respect pour Beretta et quelques autres. On verra ce qu’elle a dans le ventre sur circuit une autre fois ; je range mes bottines de pilote du dimanche. A priori, sur tracé sinueux, je ne suis pas certain qu’elle soit plus rapide ou efficace que la Corvette C6, à peine plus avare en sensations. Heureusement, nos confrères d’Echappement l’ont jaugé pour nous, accompagnés d’un pilote de talent. La raclée reçue à cette occasion par la BMW M6 sur le tracé du circuit école de Magny Cours par la Viper ne nous étonne pas. On sait bien que les séries M –sauf les CSL_ sont devenues depuis une dizaine d’années des bourgeoises confortables et puissantes, pas des sportives super-efficaces.