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Départ de Laurent Rossi d'Alpine : l'autre remaniement

Dans Economie / Politique / Personnalités

Michel Holtz

Le patron d'Alpine a été débarqué hier au profit de son vice-président. Si le sortant ne paie pas les ventes passables de la berlinette (malgré une belle remontada), Luca de Meo lui reproche certainement les déboires que son écurie de F1 connaît depuis deux saisons.

Philippe Krief, le nouvel homme fort d'Alpine, il succède à Laurent Rossi.
Philippe Krief, le nouvel homme fort d'Alpine, il succède à Laurent Rossi.

Lorsque l’on annonce un départ, et une nomination, un 20 juillet, c’est par souci de discrétion, les Français comme les milieux d’affaires ayant les yeux tournés vers la plage. C’est ce qu’il s’est passé pour le remaniement gouvernemental d’hier. C’est également ce qui est arrivé à la tête d’Alpine le même jour. La nouvelle est tombée en fin d’après-midi : Laurent Rossi est débarqué de sa position de patron (CEO) et son successeur n’est autre que Philippe Krief, qui exerçait depuis 5 mois en tant que directeur technique et performance d’Alpine

Il ne faut pas être devin pour voir dans cette disgrâce, et dans cet adoubement, la patte de Luca de Meo, puisque le boss du groupe s’est personnellement fendu d’un petit compliment à l’égard du partant, en expliquant « qu’il a mis Alpine dans les meilleures conditions pour atteindre ses objectifs à long terme. » Ce type de dithyrambe est toujours de mise en pareille circonstance au point ou l’on peut se demander pourquoi celui qui en fait l’objet est viré, même si dans le cas de Laurent Rossi, il ne quitte pas la maison Renault, et se voit chargé de « projets spéciaux liés à la transformation du groupe ». Pour le moment, en tout cas.

La faute au produit ou à la F1 ?

Mais que s’est-il passé ? Et qu’est ce qui vaut l’opprobre au soldat Rossi, fidèle entre les fidèles, et qui a fait toute sa carrière au sein du losange ? A-t-il pêché du côté sportif ? A-t-il montré ses limites dans sa gestion du produit ? De ce côté, malgré un autre communiqué, publié en début de semaine et évoquant la « dynamique » du premier semestre 2023, avec 1 863 berlinettes A110 vendues à travers le monde, les comptes ne sont pas au beau fixe. La capacité de l’usine de Dieppe permettent d’assembler 30 autos par jour ne sont pas atteintes, loin de là.

À partir de l'an prochain, seules 1 500 A110 pourront être vendues chaque année.
À partir de l'an prochain, seules 1 500 A110 pourront être vendues chaque année.

Pour autant, Alpine est dans une phase de transition. Si la marque veut se développer, elle doit en passer par l’électrique, et plus vite que les autres. Car dès l’an prochain, elle ne pourra plus fabriquer (et vendre) plus de 1 500 A110 par an, ce qui va diviser par deux, au moins, sa production. En cause. Le règlement européen GSR2 qui oblige les constructeurs à adopter une armada de béquilles électroniques de sécurité (freinage d’urgence, détection des piétons, maintien dans la voie, etc) dont la berlinette ne dispose pas. 

Le groupe Renault juge inutile de mettre en œuvre une phase II de l’auto étant donné qu’elle est condamnée à moyen terme, et devrait donc être remplacée par une A110 électrique d’ici quelques années. Elle pourra évidemment continuer sa courte vie en attendant, en se limitant aux 1 500 exemplaires permis, selon la mesure d’exception fixée par l’UE.

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Pour autant, on ne saurait imputer à Laurent Rossi une contrainte européenne. De Meo pourrait, tout au plus, faire porter à celui qu’il a nommé en 2021, la responsabilité (sans la culpabilité) des  ventes moyennes d’Alpine depuis sa prise de fonction. Mais les raisons de son éviction sont peut-être à chercher ailleurs, sur les circuits de F1 plus précisément.

Un objectif de champion du monde en 2026

Nommé en 2021, Rossi avait un second objectif, en plus de faire décoller les ventes d’A110 : amener la marque au sommet du podium : être champion du monde en 2026. Trois ans avant l’échéance, on en est loin. Le jeu des chaises musicales, au cours de l’été 2022, avec le départ de Fernando Alonso, l’arrivée d’Oscar Piastri, qui a fini par décliner l’invitation en faveur de Pierre Gasly a laissé des traces, et surtout celle d’un management inefficace, malgré une quatrième place en championnat du monde l’an passé. Quant à ce début de saison, il est, pour le moment, encore pire. Certes, Ocon a grimpé sur le podium à Monaco, mais depuis, les déboires s’enchaînent et la marque se retrouve 6e au championnat des constructeurs.

Des résultats plutôt décevants en première partie de saison.
Des résultats plutôt décevants en première partie de saison.

C’est peu, alors que de Meo compte sur la F1 pour imposer Alpine aux États-Unis ou la discipline connaît (enfin) du succès. Car aujourd’hui, Alpine F1 est, au niveau des investissements et des hommes, beaucoup plus important que la partie produit. Le team emploie 1 200 personnes à Enstone et à Viry Chatillon, contre 800 à Dieppe et dans les autres unités. Alors, le patron a, dès le début de l’année, nommé de nouveaux managers dans l’équipe, comme Bruno Famin, déjà en charge du développement du produit, et qui prend du galon en devenant vice-président chargé de la Formule 1. 

Comme Philippe Krief surtout. Arrivé chez Alpine au début de cette saison, comme directeur de la performance, il succède donc à Laurent Rossi, avec un CV très différent du Renault boy qu’était son prédécesseur. Krief a notamment été responsable de l’ingénierie de Ferrari. La F1, il l’a côtoyée, même sans avoir dirigé la Scuderia. Et de Meo regarde de près le cheval cabré, non pour ce qu’il est aujourd’hui, mais pour ce qu’il a été pendant des années : une marque qui brillait sur les circuits, beaucoup plus qu’à travers ses produits en termes de ventes, avant d’inverser la tendance et de devenir ultra-rentable. 

Otmar Sznafauer à la droite de Laurent Rossi. Son avenir au sein de l'écurie pourrait bien être compromise
Otmar Sznafauer à la droite de Laurent Rossi. Son avenir au sein de l'écurie pourrait bien être compromise

Une histoire que le directeur général du groupe Renault reproduirait bien à travers Alpine. En attendant, il est un homme qui n’est pas encore au centre du mercato, mais qui ne devrait pas tarder à attirer les regards vers lui, c’est Otmar Szafnauer, le team manager de l’équipe d’Alpine F1. Le jeu des chaises musicales n’est peut-être pas achevé, et le feuilleton de l’été pourrait encore réserver quelques surprises. 

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