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Route de nuit - vertus et déconvenues de l'auto-stop

Dans Loisirs / Littérature

Michel Holtz

Il est passé de mode, au profit du covoiturage payant. Mais l'auto-stop, outre sa gratuité avait un avantage que l'on ne goûte plus guère aujourd'hui : l'incertitude. Celle qui permettait d'être sûr de son heure de départ, mais pas forcément de son horaire d'arrivée. Un historien et un écrivain se sont penchés sur cette pratique, aujourd'hui désuète.

En auto-stop, la destination n'est pas importante, c'est le voyage lui-même qui compte.
En auto-stop, la destination n'est pas importante, c'est le voyage lui-même qui compte.

Et si le symbole de cette fameuse liberté de déplacement tant revendiquée, et tant perdue selon certains, n’était pas cette chère (et chère) auto, mais plutôt l’auto-stop ? Car le conducteur de la première a un fil à la patte, financier et technique, que le leveur de pouce n’a pas. Mais comme la liberté de déplacement s’amenuise, l’auto-stop en fait autant.

Mais d’où vient cette pratique ? Elle n’est pas née avec l’automobile, mais, selon l’historien Arnaud-Dominque Houte, qui a étudié la question, elle est plutôt apparue dans les années trente et s’est surtout largement développée au temps du Front populaire lors de la naissance des congés payés de 1936. Une époque ou l’auto se généralise, mais sans se démocratiser encore. Les riches ont des voitures, et les pauvres les attendent, le pouce levé au bord des routes dans l’espoir de se faire embarquer. Mais c'est au cours des années soixante et 70, que le levage de pouce s'est popularisé, les auto-stoppeurs proliférant et ceux qui les emmènent les acceptant. Star des années baba cool, le stop s'est estompé, jusqu'à pratiquement disparaître.

Après les années baba cool, le stop a disparu petit à petit.
Après les années baba cool, le stop a disparu petit à petit.

Aujourd’hui, c'est fini. Il y a toujours des riches et des pauvres, mais pour caricaturer, les riches s'inscrivent sur Blablacar pour gagner un peu d'argent en transportant de plus pauvres qu'eux qui s'inscrivent aussi, mais ils paient pour monter à leurs côtés. La monétisation de tous nos biens, de nos maisons rbnbisées à nos courses livrées en passant par nos sièges passagers loués ont eu raison de l'auto-stop. Mais elle a aussi eu raison de l'un des charmes de cette pratique : l'incertitude.

L'auto-stoppeur est l'Ulysse des temps modernes

C'est un écrivain qui en parle le mieux et il s'appelle Sylvain Prudhomme. Dans son livre Par les routes, qui a obtenu le prix Femina en 2019, l'auteur évoque un type absent. Il n'a pas d'autre nom que "l'auto-stoppeur". C'est une sorte d'Ulysse qui poursuit une improbable odyssée du hasard tandis que sa Pénélope l'attend, mais pas très longtemps. Contrairement à la reine d'Ithaque immortalisée par Homère, elle ne tisse pas un grand voile en guettant le retour de l'être aimé : elle s'entiche du copain de celui-ci.

Sylvain Prudhomme a mis en scène l'auto-stoppeur : Ulysse des temps modernes.
Sylvain Prudhomme a mis en scène l'auto-stoppeur : Ulysse des temps modernes.

Comme l'Ulysse de l'Odyssée, l'auto-stoppeur du roman est comme tous ceux qui ont un jour levé le pouce : il est à la recherche le hasard et l'aventure, quitte à changer de destination, en fonction du trajet du conducteur, ou de l'amabilité de ce dernier. Et comme le navigateur de l'Antiquité, il sait quand est-ce qu'il part, mais pas toujours à quel moment, ni ou il arrive. Un hasard et une liberté qui est aujourd'hui devenue un luxe. Un luxe que le covoiturage payant refuse. Car on sait (à peu près) lorsque l'on arrive, et (à peu près) avec qui. Mais le temps n'est plus à l'aventure et l'on rejette l'incertitude, source d'insécurité, que l'on n'accepte plus que dans les romans. Le temps est plutôt à la sécurité, celle qu'offre les Blablacar et consorts.

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