Mille kilomètres de routes solaires en France d'ici cinq ans. L'annonce, un brin surprenante, a été faite hier par Ségolène Royal, ministre de l'écologie, à l'occasion des vœux du Groupement des autorités responsable de du Transport (GART). Par routes solaires, il faut comprendre non pas des voies bordées de panneaux solaires mais plus simplement des routes recouvertes de fines dalles (7 mm d'épaisseur, voir photo ci-dessus) intégrant des cellules photovoltaïques et qui seraient posées et collées directement sur la chaussée. Inutile de détruire les infrastructures existantes, donc.

Concernant le rendement énergétique de ce revêtement, on considère qu'une surface de 20 m² permettrait d’alimenter un foyer en électricité hors chauffage, et que 1 kilomètre de route pourrait alimenter une ville de 5000 habitants (éclairage public, mobilier urbain, bâtiment, commerces, entreprises...).

Ces chiffres sont ceux communiqués par Colas, filiale du groupe Bouygues et leader mondial de la construction de routes, qui a mis au point Wattway, premier revêtement routier photovoltaïque au monde, fruit de cinq années de recherche menées conjointement avec l'INES (Institut national de l'énergie solaire). Un appel d'offres sera lancé par les pouvoirs publics, au moins pour la forme, mais on voit difficilement comment le marché pourrait échapper à l'entreprise.

Contacté par Caradisiac ce matin, Colas assure que le produit est prêt et que des expérimentations auront bien lieu à partir du printemps 2016: « les demandes de renseignement sont nombreuses, et viennent du secteur public comme du secteur privé. » Concernant la fiabilité, si le revêtement résiste au passage de poids lourds, il n'est pas prévu d'applications sur autoroute à court terme. Compte tenu des contraintes de résistance au trafic, les premiers tests en conditions réelles auront lieu sur des routes départementales, où le dispositif permettra d'alimenter la signalisation. En revanche, difficile d'obtenir une estimation du surcoût: «ça change à chaque projet, ça dépend de la topographie, de la proximité des installations électriques... » Les prix se rapprocheraient toutefois de ce que l'on observe avec les panneaux solaires de toiture, et une industrialisation à grande échelle permettra probablement d'abaisser ceux-ci.

D'autre part, la ministre de l’écologie a confirmé hier si besoin était que le diesel avait du (sans) plomb dans l'aile en proposant d’augmenter la taxation du gazole, ce qui permettrait de dégager cette année 200 à 300 millions d’euros permettant de financer les infrastructures de transport:« Compte tenu de la baisse du prix du pétrole, il est normal que le gazole participe avec une taxe supplémentaire à l’abondement de l’AFITF [l’Agence de financement des infrastructures de transport de France] ». En clair, les automobilistes roulant au gazole participeraient au déploiement des routes solaires.

Après avoir effectué ces vertes annonces, la ministre de l'écologie est remontée, souriante, à bord de sa Renault Fluence électrique. Suivie du gros monospace diesel de la police assurant son escorte.

1000 km de routes solaires en France d'ici 5 ans


1000 km de routes solaires en France d'ici 5 ans