Ches lecteurs, comme vous le savez, nous approchons à grands pas de l'élection présidentielle.

Au cours de la dernière semaine, j'ai pu vous présenter les programmes des différents partis sur les sujets liés à l'automobile et à l'écologie. De François Bayrou à Jean-Marie le Pen en passant par Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, vous avez pu vous faire une idée des positions des principaux candidats.

Mais les « petits » candidats ne sont pas en reste, aussi vous avez pu découvrir les propositions de Dominique Voynet, Philippe de Villiers, Gérard Schivardi, José Bové, Arlette Laguiller, Olivier Besancenot, Marie-Georges Buffet ou Frédéric Nihous.

En revanche, tous n'ont pas été aussi explicites que les 3 leaders des sondages actuels, d'ailleurs ce sont eux que 40 millions d'automobilistes a interviewé sur les sujets suivants :

1) La maîtrise des énergies propres

2) La place de la voiture dans notre mode de vie

3) La fiscalité et les charges supportées parles usagers de la route

4) La politique de sécurité routière

5) L'information sur les chiffres de la sécurité routière

6) Le permis à points

1) Concernant les énergies propres, les candidats sont unanimes, mais le candidat le l'UMP se démarque :

Sur ce point tous les candidats sont d'accord pour développer le budget de recherche et pour mettre en œuvre des mesures fiscales favorables à l'utilisation des énergies renouvelables. La seule proposition concrète est celle de Nicolas Sarkozy de défiscaliser entièrement les biocarburants pendant 10 ans.

2) Sur la place de la voiture dans notre mode de vie, voilà ce que proposent les 3 présidentiables :

Nicolas Sarkozy estime que la voiture et la maison ne sont pas incompatibles avec le développement durable alors que Ségolène Royal et François Bayrou reprennent la thèse du changement de mode de vie.

Ségolène Royal et François Bayrou annoncent qu'ils mettront en place la taxe carbone en sus de la TIPP. Nicolas Sarkozy est silencieux sur ce point.

Ségolène Royal évoque des mesures contraignantes sur la conception des automobiles. François Bayrou en parle aussi sur son site internet. Nicolas Sarkozy n'évoque pas le sujet.

3) Sur le volet fiscalité :

Nicolas Sarkozy reconnaît que les automobilistes contribuent de façon importante au financement du budget de l'Etat. Mais cela résulte de l'histoire et ces sommes sont indispensables à l'Etat.

François Bayrou fait le même constat mais considère que cette situation est anormale et constitue un échec des politiques antérieures. Toutefois il ne précise pas s'il envisage d'y porter remède. Ségolène Royal conteste le fait que les automobilistes alimentent le budget général. Elle considère que le calcul des dépenses ne prend pas en compte toutes les nuisances apportées par l'automobile.

4) Maintenant, l'épineux sujet de la sécurité routière, 40 MA dit qu'un nombre croissant d'automobilistes associent radars à machines à fric :

Nicolas Sarkozy conteste cette analyse : il n'y a pas de piège. Il n'y a pas d'acharnement. Il y a simplement une politique résolue qui s'efforce d'être responsable et juste. Ségolène Royal considère que c'est l'ensemble des mesures liant prévention et sanction qui ont contribué à diminuer fortement le nombre des tués et des blessés ces dernières décennies et elle maintient comme priorité la lutte contre l'insécurité routière.

François Bayrou déclare que la loi et le code de la route ne sont pas faits pour renflouer les caisses de l'Etat mais pour assurer la sécurité des personnes. C'est cet objectif qui l'intéresse et il se félicite du fait que la politique de sécurité routière a obtenu des résultats très positifs.

5) Concernant l'information sur les chiffres de la sécurité routière, voilà l'analyse complète de 40 MA :

« Pour mener à bien sa politique de sécurité routière, le gouvernement doit pouvoir disposer d'un tableau de bord fiable et significatif. Disons le clairement: ce n'est pas le cas avec le rapport annuel de la sécurité routière (260 pages), qui comprend deux parties: d'une part l'analyse des victimes, d'autre part l'analyse des contrevenants.

La liaison est rapidement faite avec la politique actuelle (voir ci dessus): les contrevenants sont les responsables.

Par expérience, nous pensons que pour définir une politique vis-à-vis des responsables, il est préférable d'avoir un outil d'analyse basé sur les responsables. C'est pourquoi nous souhaitons que toutes les personnes intéressées par la Sécurité Routière, y compris le Président de la République, puissent disposer d'un tel outil.

La position des candidats:

Nos propositions ont reçu un accueil courtois, mais on sent bien que le sujet ne préoccupe guère les candidats qui estiment disposer des informations suffisantes. Il leur faut un seul chiffre qui va leur servir d'objectif et concrétisera ou non la réussite d'une politique.

En matière de sécurité routière, le chiffre retenu est le nombre de tués: si ce nombre diminue, c'est grâce à la politique menée; s'il augmente, c'est la faute d'une dégradation du comportement des automobilistes.

Le point de vue de «40 millions d'automobilistes»:

A titre d'exemple, les statistiques utilisées ne tiennent pas compte du volume du trafic (nombre de tués par milliards de km parcourus), mais privilégient le ratio «nombre de tués» sur «nombre d'habitants». Si le Ministre des Transports en avait tenu compte, il n'aurait jamais affirmé que la France était en retard en matière de sécurité routière par rapport à de nombreux pays européens. Affirmation qui a été reprise par François Bayrou et Ségolène Royal dans leur réponse.

Comme les trois candidats, nous nous réjouissons des succès obtenus, ce qui n'est pas contradictoire avec le fait de constater et de dire aux Français que l'analyse des chiffres publiés prouve:

  • Que la France n'a jamais été le mauvais élève de l'Europe,
  • Que les résultats obtenus depuis plusieurs décennies sont dus pour une très grande part à l'amélioration des infrastructures et des véhicules,

Que les résultats obtenus par Nicolas Sarkozy depuis 2002 sont dus beaucoup plus aux contrôles d'alcoolémie qu'aux radars,

  • Que l'accidentologie est en corrélation avec les grands excès de vitesse et non avec les petits dépassements,
  • Qu'un des problèmes majeurs des piétons en ville est le problème social posé par l'avancement en âge des seniors.

Tous ces constats sont parfaitement compatibles avec les résultats obtenus: ils en sont même la traduction directe. Mais cela n'intéresse guère les trois candidats.

6) Et enfin, le permis à points :

L'annulation du permis est une sanction sociale grave pour les individus comme pour leur famille car elle conduit à l'exclusion sociale avec tous les drames qui en découlent. La question posée aux candidats concerne seulement les conditions juridiques de l'annulation automatique du permis par un ordinateur, lorsqu'elle résulte d'un cumul de fautes vénielles. Nous évoquons ici le cas de citoyens français qui n'ont commis aucune atteinte aux personnes ou aux biens et qui sont néanmoins condamnés à une sanction grave sans jugement et sans pouvoir présenter leur défense.

La position des candidats :

Nicolas Sarkozy déclare qu'il faut se méfier du concept de «petit délit» ou de «faute vénielle» et qu'il est favorable à des peines automatiques qui sanctionnent la répétition de ces fautes.

François Bayrou considère que les automobilistes ne sont pas des citoyens à part. La loi doit être la même pour tous et la distinction entre «faute vénielle» et «faute grave» n'est pas une distinction juridique.

Ségolène Royal contourne la question en déclarant que le droit de se déplacer, parce que son exercice peut-être à l'origine d'un danger pour autrui, suppose une pleine conscience et un strict respect des conditions de prudence, de vigilance et de sérieux dont sa jouissance doit s'entourer.

Source: 40 millions d'automobilistes.com