Vous savez que l'ingénieur spécialisé dans les bilans carbone Olivier Carles a calculé le bilan carbone des grèves (voir article). AIRPARIF, association type loi de 1901 à but non lucratif et organisme agrée par le ministère de l'environnement pour la surveillance de la qualité de l'air en Ile-de-France, s'est aussi penché sur les émissions polluantes émises lors des grèves. Ses missions : surveiller la qualité de l’air, prévoir les épisodes de pollution, évaluer l’impact des mesures de réduction des émissions, informer les autorités et les citoyens (au quotidien, lors d'un épisode de pollution).

AIRPARIF explique que les grèves ont des conséquences sur les rejets de polluants émis par le trafic routier mais l'impact sur la qualité de l'air générale est difficile à évaluer : privés de transports en commun, beaucoup de Franciliens ont recours à une ultime solution, sortir la voiture du garage, d'où une augmentation du trafic routier et des quantités de polluants produits par les embouteillages.

AIRPARIF détaille son étude :

"Un impact limité ou amplifié selon la météo

Cependant, il est difficile de quantifier l'impact que ces dégradations des conditions de circulation peuvent avoir sur la pollution atmosphérique générale. Un autre facteur joue en effet un rôle primordial sur la qualité de l'air du jour : les conditions météorologiques. Si le temps est nuageux, venteux ou pluvieux, les polluants se dispersent dans l'atmosphère et expliquent des indices Atmo de qualité de l'air relativement bons. Par contre, en cas de temps stable (conditions anticycloniques avec absence de vent et inversions de température), conjugué avec un trafic soutenu, les polluants comme le dioxyde d'azote et les particules peuvent s'accumuler. C'est par exemple ce qui s'est produit le samedi 17 novembre où une mise en vigilance a été faite par Airparif. Le niveau d'information pour le dioxyde d'azote n'a finalement pas été atteint. En revanche, le seuil de 80 µg/m3 a été atteint pour les particules. Cette concentration correspond au niveau d'information prévu par la circulaire ministérielle du 12 octobre.

+ 7% de rejets de benzène en Ile-de-France

Il est donc intéressant d'étudier les quantités de polluants produits par la circulation le long des principaux axes avant dispersion dans l'atmosphère. Ceci est possible grâce au modèle de calcul développé dans le cadre du projet européen Heaven. Les résultats de cet outil informatique sont disponibles quasiment en temps réel sur le site internet d'Airparif. Une comparaison entre les niveaux émis pendant la première semaine de grève (du 15 au 20 novembre) par rapport à la semaine précédente (du 8 au 13 novembre) montre notamment des niveaux 7% plus élevés en Ile-de-France pour le benzène, polluant cancérigène. Cette hausse atteint 13% si on se concentre sur Paris intra-muros. On observe la même tendance sur le monoxyde de carbone, autre polluant caractéristique d'un trafic congestionné : + 10% en Ile de France, + 16% à Paris. Par contre, les quantités d'oxydes d'azote rejetés augmentent peu (2% en Ile de France, 4% à Paris) car ils sont plus émis à des vitesses élevées.

Les automobilistes les plus touchés

Le recours systématique à la voiture et l'allongement des trajets dus à la circulation congestionnée ont surtout un effet néfaste pour les automobilistes. Ils respirent en effet des niveaux de pollution près de deux fois plus élevés que les piétons. Ces niveaux de pollution sont d'autant plus importants que les conditions de circulation sont mauvaises, car ce sont essentiellement les véhicules avoisinants qui influencent la qualité de l'air que l'on respire au volant. Ces résultats sont le fruit de récentes campagnes de mesure effectuées à bord d'un véhicule (voir l'étude Airparif Quelle qualité de l'air au volant ?)."

Voici le tableau récapitulatif d'AIRPARIF

Augmentation des rejets de polluants le long des principaux axes de circulation attribuables à la grève des transports de novembre 2007 (à partir du modèle Heaven)

Comparaison entre la période hors grève du 8 au 13 novembre 2007 et la période de grève du 15 au 20 novembre

Etude d'AIRPARIF : en période de grève, davantage de polluants émis par le trafic routier

(Source et Tableau : AIRPARIF Photo : LCI)