Le CREDOC, Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie, est un organisme d'études et de recherche au service des acteurs de la vie économique et sociale. Il a réalisé une étude à la demande de la Direction du Tourisme sur « les Conditions de vie et les Aspirations des Français » : elle cherchait à comprendre comment s’élabore le choix d’un mode de transport lors des départs en week-end ou pour des séjours non professionnels de moins d’une semaine. Le questionnement a été organisé autour de trois grands thèmes : les départs en week-ends et courts séjours (de moins d’une semaine) ; les modes de transports utilisés lors du dernier court séjour et les jugements relatifs aux différents modes de transports.

Cette étude apporte ainsi une série d’informations originales sur les taux de départ en courts séjours, sur les caractéristiques de ces séjours, sur les modes de transport utilisés et sur les critères qui président aux choix effectués. Les six principaux enseignements de l’étude sont résumés en 6 thèmes :

1) Les taux de départ en courts séjours (moins d’une semaine) : plus de la moitié des Français (57%) sont partis au moins une fois de leur domicile, au cours des douze mois écoulés, pour une durée n’excédant pas une semaine. Cette moyenne dissimule de profondes disparités : alors que 79% des cadres supérieurs ont fait au moins une fois dans l’année un tel voyage, une majorité des personnes de plus de 70 ans sont restées chez elles (taux de départ de seulement 36%). L’âge, le niveau de diplôme et le montant des revenus sont autant de facteurs explicatifs de ce type de séjours : les jeunes, les diplômés et les hauts revenus partent bien plus qu’en moyenne (plus d’entre eux partent, et à une fréquence plus importante).

2) Les caractéristiques du dernier court séjour effectué : le plus souvent, le dernier court séjour s’est déroulé en France métropolitaine (90%). Les circuits ou voyages itinérants sont des exceptions : dans 93% des cas, il s’agissait d’un séjour fixe. A les entendre, les partants n’ont que très rarement laissé à un spécialiste le soin de préparer leur voyage : 94% disent s’être chargés eux-mêmes de l’organisation du séjour. Signe de cette absence de recours à des professionnels : ce sont les proches qui sont, le plus souvent, sollicités pour fournir l’hébergement. 64% des partants ont ainsi dormi dans leur famille ou chez des amis. 17% sont allés à l’hôtel et 8% ont loué un meublé ou un gîte, tandis que 6% ont fait du camping. La moitié des courts séjours se déroule dans un rayon de 300 km autour du domicile habituel. Plus le séjour est long, plus la distance parcourue est importante. Le plus souvent, le court séjour est fait seul ou à deux (61% des cas). D’ailleurs, dans sept cas sur dix, on ne recense aucun enfant de moins de 15 ans parmi les partants. On note même que parmi les chargés de famille partis, 30% ont fait leur dernier séjour sans les enfants : 36% des personnes ayant un seul enfant à charge sont parties sans cet enfant ; presque un quart des parents ayant au moins trois enfants à charge ont fait leur dernier court séjour sans leur progéniture.

L’analyse menée permet finalement de mettre à jour douze courts « séjours-types », correspondant aux principales habitudes de départ des Français, l’an dernier. Ces douze types de voyages représentent près de 95% de l’ensemble des séjours de moins d’une semaine recensés dans l’enquête. Deux seulement de ces cas-types concernent un départ à l’étranger (10% des séjours). Sept de ces groupes se réfèrent à un hébergement gratuit, non marchand (59% des séjours). Les départs « en solo » concernent quatre groupes sur les douze ; ceux à deux, quatre groupes également.

3) Les modes de transport utilisés : trois fois sur quatre (75% exactement), le départ s’est fait au moyen d’un véhicule personnel. 13% des partants ont eu, quant à eux, recours au train et 5% à l’avion. Le recours à un véhicule personnel est majoritaire partout, mais il est lié aux revenus disponibles : 82% des bénéficiaires des revenus les plus élevés ont utilisé leur voiture (20 points de plus que les titulaires des revenus les plus bas). La présence d’un enfant dans le foyer rend également plus systématique le recours au véhicule personnel. C’est, enfin, un choix quasi systématique pour ceux qui résident dans des agglomérations de moins de 100.000 habitants (82 à 86% des départs se font dans ce cas par la route).

Dans la très grande majorité des cas (82%), un seul mode de transport a été utilisé. En vérité, c’est la suprématie de l’automobile qui explique ce taux élevé. Car qui dit « usage d’un véhicule personnel » dit « unicité du mode de transport » (ceci se retrouve dans 96% des cas). Cependant, dès que le mode de transport principal est un mode collectif, les partants recourent à au moins un mode de locomotion complémentaire : c’est, par exemple, ce qu’ont fait 74% des partants qui ont voyagé en train et 86% de ceux qui ont pris l’avion. Les premiers ont plutôt utilisé, en mode complémentaire, des transports collectifs ; les seconds, leur voiture personnelle. Cette suprématie de la voiture est d’autant plus marquante que 62% des partants affirment avoir personnellement pu faire le choix de leur mode de transport. C’est dire que le recours à la voiture relève d’une préférence très affirmée. D’ailleurs, on constate que, parmi ceux qui ont pu choisir personnellement leur moyen de transport lors de leur dernier séjour, 78% ont opté pour leur véhicule personnel. Une chose est sûre : cette décision a rarement été éclairée par une quelconque comparaison avec d’autres moyens de transport possibles. Seuls 13% des partants ayant choisi leur moyen de locomotion ont cherché des informations sur les modes alternatifs pour se rendre à destination. Les utilisateurs d’un véhicule individuel sont d’ailleurs les moins enclins à se renseigner à propos des autres modes de transport (seuls 10% l’ont fait), tandis que près du quart (23%) de ceux qui ont eu recours aux transports collectifs (train, avion, autocar, bateau …) se sont renseignés sur les autres possibilités de locomotion.

En un mot, on choisit le plus fréquemment de partir avec son véhicule personnel, comme s’il s’agissait d’une évidence, et le plus souvent sans procéder à des comparaisons éventuelles avec les autres types de moyens de transport possibles.

4) Les liens entre le type de séjour et le mode de transport choisi : on constate que les partants privilégient d’autant plus la voiture personnelle que le court séjour se déroule en France, qu’ils partent à plusieurs, avec au moins un enfant, pour un déplacement de moins de trois jours et à une distance proche du domicile (moins de 300 km). Par contre, on favorise plus le train quand on voyage seul, pour un déplacement de plus de trois jours et d’autant plus qu’on se rend à plus de 300 km de son domicile. Enfin, on a relativement plus recours à l’avion quand on part à l’étranger, pour quatre nuits ou plus, et surtout lorsque l’on s’y rend seul. Une chose est certaine : pour neuf des douze courts « séjours-types », le recours au véhicule personnel est nettement majoritaire. On relève trois exceptions : quand on part à l’étranger, dans un hébergement non marchand, on recourt à l’avion dans 35% des cas et au train, dans 17%. Quand on part à l’étranger, dans un hébergement payant, l’avion reste très utilisé (35%). Enfin, quand on part en France, en solo, dans un hébergement gratuit, à plus de 300 km de chez soi, on recourt au train dans 53% des cas.

5) Les critères de choix du mode de transport pour les courts séjours : le premier critère de choix du mode de transport, celui le plus souvent mis en avant, a posteriori, par les partants qui ont eu la possibilité réelle de choisir, est la praticité (95% des citations). Quatre autres critères arrivent ensuite, dans l’ordre : le confort (83%), la rapidité (80%), la ponctualité (79%) et le coût (le moins cher : 79%). Si le choix paraît en partie rationalisé, 61% des partants admettent cependant qu’ils n’ont pas opté pour le moyen le plus écologique. Des variations apparaissent néanmoins en fonction des moyens de locomotion adoptés : la voiture est surtout jugée pratique (à 97%), confortable et rapide, mais elle n’est pas écologique, aux yeux mêmes de ses utilisateurs, et pas toujours sûre. Le train est surtout, aux yeux des ses utilisateurs, considéré comme le moyen le plus sûr (à 91%), le mode de transport le moins stressant (85%) et le plus écologique (85%). Quant à l’avion, on lui reconnaît deux qualités : sa rapidité (100%) et sa praticité (97%), en même temps qu’on admet son retard du point de vue écologique. Il reste que in fine, priés de dire quel critère a compté le plus au moment du choix, les partants déclarent que c’est le temps de trajet qui semble finalement le plus peser dans la balance (41%), devant le coût (19%) et le confort (12%). Le critère de rapidité est toujours celui qui est mis en avant, que l’on ait principalement eu recours à la voiture, au train ou à l’avion. En tout cas, une remarque s’impose : le respect de l’environnement est un critère pratiquement toujours négligé dans le choix du mode de locomotion.

6) Les critères généraux de choix des modes de transport pour les déplacements non professionnels : d’une façon plus générale, lorsqu’on interroge l’ensemble de la population – et non plus les seuls partants – sur les critères qui sont les plus importants pour choisir un mode de transport (dans le cas d’un déplacement non professionnel), c’est la question du coût qui prime (24% des premières réponses et 40% des réponses cumulées). La rapidité et la sécurité viennent ensuite, avec respectivement 31% et 29% des réponses cumulées. Selon les groupes, les arbitrages peuvent varier : avec l’âge, par exemple, les questions de sécurité prennent de l’importance (jusqu’à 37% de citations cumulées), tandis que les contraintes budgétaires pèsent moins (28% seulement l’évoquent après 70 ans, contre 55% chez les moins de 25 ans). Partants habituels en court séjour et non-partants sont d’accord sur cette mise en avant du critère « coût ». Mais les premiers insistent relativement plus sur les dimensions de « rapidité », de « liberté » et de « praticité » du mode de transport, tandis que les seconds, ceux qui ne sont pas partis, sont davantage sensibilisés par « la sécurité » et « le confort ». Quand on a eu recours au train, pour son dernier court séjour, on valorise fortement deux critères : le coût (à 54%) et la rapidité (43%). La sécurité est également davantage mise en avant. Les deux mêmes critères (coût, rapidité) sont encore plus essentiels quand on a eu récemment recours à l’avion. Enfin, quand on a utilisé son véhicule personnel, quatre critères sont au coude à coude : le coût, la rapidité, la liberté, la praticité. On a là une des explications au recours à la voiture personnelle pour nombre de déplacements : celleci est perçue comme offrant praticité et liberté, à un coût et une rapidité acceptables puisque ces deux critères sont en tête de ceux valorisés par les « habitués » du départ en voiture.

Enfin, les Français s’accordent à dire que la quantité de bagages transportés (68%) et le nombre de partants (65%) influent fortement sur le choix du mode de locomotion. D’ailleurs, ceux qui ont l’expérience d’un départ récent insistent plus encore sur l’importance de ces deux critères (à respectivement 71% et 70%). Et, au sein des partants, ce sont ceux qui ont pris leur véhicule personnel qui soulignent le plus l’importance de ces contraintes. Ce serait donc notamment ces exigences liées aux bagages et au nombre de personnes à transporter qui feraient, en partie, pencher la balance du côté de la voiture.

(Source : CREDOC Photo : Caradisiac)