La jeunesse a besoin d'exutoires. À part pour quelques rares personnes qui sont directement passées de l'enfance à l'âge adulte, il est difficile de contester cette affirmation. Le sentiment d'immortalité post-adolescent dédommage souvent de tout, même des pires conneries. À Sofia en Bulgarie, le genre a pris la forme d'un jeu nouveau : la roulette russe routière.

Depuis cet été, chaque nuit, les intersections de la capitale bulgare sont le théâtre d'une pratique nouvelle qui se répand et fait chaque jours de nouveaux adeptes. En manque d'adrénaline, une cinquantaine de jeunes d'une vingtaine d'année à bord de gros SUV se réunissent sur les coups de minuit dans le Nord de la ville et se lancent des défis mortels. L'objectif est simple : se lancer pied au plancher dans des intersections bondées, oublier les feux de signalisation et tenter le passage en évitant voitures, piétons ou tout autre obstacle.

Une variante existe et nécessite d'avoir un rond-point à proximité. L'entame du jeu est la même sauf que le challenge consiste à prendre le rond-point en sens inverse et à pleine vitesse.

Pour gagner à la "roulette russe de Sofia" et remporter parfois plus de 6000 euros, il faut passer la ligne en un seul morceau sans avoir heurté personne. Inutile de vous dire que ce genre de pratique n'est pas du goût de la Police et ce d 'autant plus qu'elle a déjà causé plusieurs drames. On compte à ce jour 5 décès et plusieurs blessés dus à ces rodéos sauvages. Parfois, les participants vont jusqu'à bloquer plusieurs rues de la capitale pour se lancer ensuite dans des courses urbaines façon jeu vidéo à la différence près que la partie interrompue ne reprend jamais.

La police tente d'enrayer cette nouvelle tendance en patrouillant dans les rues mais les groupes sont organisés et très réactifs. Ils communiquent via sms, ce qui leur permet d'enregistrer leurs paris au moment même où la tenue d'une course se décide. Reliés en permanence et aidés des spectateurs qui viennent assister "au spectacle", ils sont capables de donner l'alerte très rapidement lorsqu'une patrouille de police est dans les parages. La dispersion est alors extrêmement rapide.

Conséquence de tout ça : les chauffeurs de taxi s'inquiètent et la seule parade qu'ils ont imaginé à ce jour consiste à s'arrêter au feu vert pour s'assurer qu'un de ces fous furieux n'arrivent pas dans l'intersection. Il faut ensuite expliquer au client qu'il vaut mieux laisser filer quelques unités de plus au compteur plutôt que sa vie. À Sofia, la délinquance routière n'est pas qu'une maxime démagogique destinée à culpabiliser l'automobiliste verbalisé, c'est une réalité très concrète.

Si vous envisagiez vos prochaines vacances dans la capitale bulgare, vous êtes prévenus : stoppez au feu vert.