On pensait que s’il y avait bien une profession qui pouvait tirer profit des primes à la casse, c’était bien les casseurs eux-mêmes. Et pourtant, avec trois fois plus de voitures à recycler qu’en temps normal, ils ne parviennent pas à faire face à cette vague extraordinaire d’épaves, sans pour autant en tirer un bénéfice financier acceptable.

Avec 1000€ accordés à tout acheteur d’une voiture neuve émettant moins de 160g/km en échange de leurs voitures de plus de 10 ans, nombreux sont les candidats à pousser les portes des concessions qui, période de crise oblige, n’hésitent pas à accorder des remises supplémentaires. Cette prime gouvernementale est donc un grand succès. Trop grand succès ? C’est effectivement une réussite au niveau des ventes de voitures neuves, puisqu’on estime à entre 30 et 40% les ventes faites en mars directement liées à la prime à la casse, mais à l’autre bout de la chaîne, les casseurs grincent des dents.

En temps normal, 150 000 voitures par an finissent leur vie dans les casses. Le gouvernement prévoyait que la prime permettrait de mettre au rebut 220 000 automobiles supplémentaires en 2009, mais les prévisions ont explosé, avec près de 450 000 véhicules attendus, soit trois fois plus !

Parmi les domaines qui permettent aux casseurs de gagner leur vie, il y a d’abord la revente de pièces détachées, qui représente la majorité de leur chiffre d’affaire, puis celle de la matière première. En valorisant l’épave, c'est-à-dire en isolant les pièces détachées pour les revendre ensuite aux particuliers, puis en compressant le reste pour le céder ensuite à la tonne à des industriels, les casseurs peuvent espérer gagner entre 300 et 400€ par voiture.

Malheureusement, avec une telle affluence, ils n’ont tout simplement plus de le temps de recycler ces épaves en les démontant et n'augmentent pas leur capacité en procèdant pas à des embauches pour autant, puisque la prime à la casse est limitée dans le temps. Les voitures finissent donc souvent directement dans la presse. Mais le prix de la tonne de ferraille s’est totalement effondrée en quelques mois, passant de 190€ la tonne à l’été 2008, à seulement 30€ aujourd’hui. Un véritable cercle vicieux !

Surtout que les casseurs doivent aussi faire face à des coûts. Il y a d’abord le rachat de la voiture en elle-même, auquel s’ajoutent les frais administratifs, la dépollution, le transport, etc… Au final, la note dépasse les 300€, faisant fondre les bénéfices des casseurs comme neige au soleil. Pas étonnant donc que leur chiffre d’affaire se soit effondré en moyenne de 40 à 45%.