Les arbres génétiquement modifiés (eucalyptus, peupliers et pins transgéniques) sont principalement destinés au marché du papier et des biocarburants. Ils seraient également un moyen de stocker du gaz carbonique. Dès 2003, la Convention sur les changements climatiques évoque l'utilisation de ces arbres comme "puits de carbone". Par contre, en avril 2006, les Etats membres de la Convention sur la biodiversité ont adopté une déclaration "reconnaissant les incertitudes" concernant les effets des arbres génétiquement modifiés : ce texte "recommande aux parties d'appliquer une attitude de précaution". Les associations écologistes souhaitent un moratoire international sur ce nouveau type de plantations forestières. Claire Williams, professeur à l'université Duke à Durham, met en avant que "pour lancer à grande échelle la plantation d'arbres génétiquement modifiés, il faut absolument savoir jusqu'où le pollen peut voyager et faire sentir ses effets, afin d'évaluer le risque de contamination des forêts naturelles par les gènes modifiés de ces éventuelles cultures."

Dans la serre de son laboratoire de l'université de Caroline du Nord, à Raleigh, Vincent Chiang, spécialiste des OGM sylvicoles, ne s'inquiète pas de cela : "Nous maîtrisons bien la biotechnologie permettant de contrôler la production de lignine dans les arbres. On peut l'utiliser pour produire plus de papier et surtout de l'éthanol, l'agrocarburant pour les automobiles. J'ai mis au point une technique, présentée dans la revue Nature Biotechnology, en août 1999, consistant à modifier le gène contrôlant la production de lignine d'un arbre puis à le réinsérer dans le tissu germinatif de l'arbre. Les cellules sont alors multipliées et peuvent produire une plantation entière. La lignine est un composant du bois qui fait sa solidité mais n'a pas d'utilité pour le papier ou l'éthanol, contrairement à la cellulose à laquelle elle est mêlée. Produire des arbres avec moins de lignine permet de diminuer le coût d'extraction de la cellulose. J'étudie maintenant les gènes contrôlant la production de la cellulose et ceux contrôlant la croissance de l'arbre, afin d'augmenter la rapidité de celle-ci."

Aux Etats-Unis, les arbres transgéniques ne sont pas autorisés. Les pays du Sud sont alors accaparés : les oppositions y sont moins virulentes et les administrations ferment les yeux. Un problème soulevé par les écologistes : l'expansion des plantations d'arbres, notamment en Indonésie et au Brésil et les plantations en monoculture sont une cause majeure de la déforestation tropicale. Début avril, le Brésil a autorisé le test des eucalyptus génétiquement modifiés même si les risques sont mal connus.

Source : Le Monde