Une fois n'est pas coutume, automobilistes et motards ont manifesté ensemble hier pour contester les dernières mesures gouvernementales concernant la sécurité routière.

Ils étaient quelques milliers sur tout le territoire français, dont une majorité de motards. Selon les organisateurs, 15 000 manifestants ont défilé à Paris, ainsi que 7 000 à Lyon, 5 000 à Lille, et un millier à Marseille. Le quart Nord-Ouest (Caen, Rouen, Rennes, Quimper, Le Mans, Chartres et Nantes) a noté une participation de plus de 10 000 mécontents, et l'Est (Strasbourg, Besançon, Belfort, Nancy) quelques 5 600 personnes. Le Sud-Ouest n'était pas en reste non plus avec ses 6 500 participants.

La préfecture de police a - sans surprise - revu ces chiffres à la baisse, notamment dans la capitale où seuls 6 000 personnes ont été comptabilisées. Ces derniers sont partis du Château de Vincennes pour former un défilé « sonore » en direction de l'esplanade du Trocadéro, point de chute pour les piétons et autres usagers souhaitant eux-aussi dire non aux nouvelles mesures prises en matière de sécurité routière.

Tous les usagers ensemble : une première

Les motards ont bien évidemment été majoritaires dans les différentes manifestations : à Nantes par exemple, seule une quinzaine d'automobiles a été comptabilisée, contre 1500 motos. Cela dit, 2 800 piétons ont rejoint le cortège.

"C'est la première fois que sont appelés tous les usagers de la route, motards et automobilistes, à manifester ensemble" a déclaré à l'AFP Jean-Marc Belotti, coordinateur de la FFMC à Paris, la célèbre et très active Fédération française des motards en colère.

Outre la FFMC, d'autres associations et fédérations soutenaient le mouvement, tels que l'Union des Usagers de la route, l'association 40 millions d'automobilistes, ainsi que l'Association Française des fournisseurs et utilisateurs de technologies d'aide à la conduite, aux vues des mesures sévères prises à l'encontre des avertisseurs de radars.

« Nous ne sommes pas des délinquants de la route » (J-M. Belotti – FFMC)

Ce n'est pas ce que pense le gouvernement, qui a décidé d'agir contre les mauvais chiffres de la sécurité routière (+13% de mortalité routière au premier trimestre). Pour rappel, le gouvernement avait annoncé début mai la suppression des panneaux signalant les radars fixes et l'interdiction des avertisseurs de radars, provoquant la colère et l'inquiétude des entreprises Coyotte, Wikango et autres Inforads pour ne citer qu'eux. Les motards n'ont pas été laissés pour compte, avec l'obligation de porter une plaque d'immatriculation plus grande et le port du gilet jaune obligatoire prochainement. Avec un nez rouge ils seront parfaits...

Devant la colère des usagers et constatant la première baisse de mortalité sur nos routes de l'année 2011, le gouvernement a en partie cédé, d'autant plus que les mesures ont vivement été critiquées au sein-même de la majorité : les panneaux signalant les radars ne seront plus supprimés, mais remplacés par des « radars pédagogoques » qui informent la vitesse de l'usager - sans sanctionner – avant une zone de contrôle(s). Quant aux avertisseurs de radars, ils resteront interdits... pour être transformés en « avertisseurs de zone dangereuse ».

Quid des gilets jaunes ? Pas de nouvelle... mauvaise nouvelle. Les motards pourront faire concurrence à Bozo le clown.