Les manifestations faisaient florès dans les grandes villes et les nœuds de communication. Les taxis, attaqués dans leur pré-carré, découvraient avec les VTC les joies de la libre concurrence avec ses principes d'égalité et de liberté des prix. L'Europe ne veut plus d'activités réglementées aux airs de chasses gardées. Une démarche bien comprise par des concurrents aussi attachés au transport individuel de passager. Les voitures de tourisme avec chauffeurs ont donc débarqué, beaucoup sous la bannière américaine Uber.


Un bouleversement pour des taxis dont les chauffeurs ont payé cher le droit d'exercer en se saignant pour une licence. Une frustration qui s'est traduite par des manifestations, parfois assez musclées. Le gouvernement a alors réagi en deux temps : d'une part en décrétant un moratoire sur l'immatriculation des VTC. Puis en promettant un rapport devant réorganiser la profession. Une mission confiée par le député socialiste Thomas Thévenoud qui présente aujourd'hui le fruit de sa réflexion.


Alors, quid de ce rapport ? Pour les taxis, il est dit qu'ils devront être identifiables par des couleurs permettant de mieux les discriminer dans le trafic. De même, l'élu propose de développer la géolocalisation, ce qui permettra aux clients de trouver en temps réel les taxis disponibles à proximité, via des applications sur leurs téléphones portables. Une « maraude électronique » cependant refusée aux VTC qui se consoleront de l'abandon de l'idée d'un délai ou d'une course minimum. Par ailleurs, le document souhaite des "aménagements urbains adaptés" dans les gares, les aéroports, avec des voies réservées et des stations modernisées permettant aux taxis de travailler dans de meilleures conditions.


Puis on arrive au sujet sensible : la réglementation à respecter pour exercer la profession de chauffeur de taxi. Le rapport préconise de protéger les conducteurs de taxis "locataires avec une réforme du statut actuellement très injuste et la distribution de nouvelles licences gratuites incessibles seulement pour les chauffeurs". Une révolution avec la découverte par les pouvoirs publics d'un système qualifié d'injuste. Quant au système des licences , comment expliquer à ceux qui se sont endettés pour la payer qu'elle va devenir gratuite pour les futurs collègues ?


Côté VTC, on ne pourra sans doute pas se dépareiller d'un sentiment de diabolisation. Car le député PS y va tout de même fort et a trouvé son exutoire, la société Uber : « la place de Uber est devant les tribunaux le plus rapidement possible » a ainsi martelé l'élu qui se déclare favorable au maintien du moratoire décidé récemment sur l'immatriculation de nouveaux VTC. Une immatriculation qui devrait se faire au niveau régional "pour mieux contrôler notamment l'obligation d'assurance". Les VTC devraient avoir "une tarification claire et au forfait". Last but not least, il est aussi proposé aussi "des contrôles renforcés et facilités, avec plus de policiers spécialisés disposant de nouveaux moyens de contrôles et de sanctions plus facilement applicables". Le rapport recommande enfin d'immatriculer les sociétés de VTC et pas seulement les véhicules.


Voilà la situation. L'ambition est de faire valider tout ça par l'Assemblée Nationale. Il reste pourtant beaucoup de questions en suspend et notamment le financement de tout ça. Qui paiera la couleur des carrosseries, ou, encore, les aménagements des voies. Et qui empêchera une application sur le téléphone permettant de trouver un VTC ? A suivre...