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Carburants à 2 euros le litre, et après ?

Dans Economie / Politique / Budget

Jean Savary

Cela devait arriver et c’est arrivé : le prix des carburants s’envole, réveillant les gilets jaunes et étranglant les gros rouleurs. Pourquoi ne l’avons-nous pas anticipé ?

Carburants à 2 euros le litre, et après ?

Et après ? Ma boule de cristal me dit que le pétrole n’est pas près de retrouver son cours d’avant le Covid. La demande continuera d’augmenter avec la reprise du trafic aérien et bientôt, les migrations estivales et à plus long terme, avec la croissance du parc mondial de voitures, camions, bateaux, groupes électrogènes…

Pendant ce temps, les coûts d’extraction augmentent et avec le désinvestissement constaté ces dernières années dans la prospection, les réserves diminuent.

Et après ? Même si je trouve cela bien rude pour les 80 % des Français qui utilisent leur voiture chaque jour pour aller travailler, j’ai un peu de mou dans la compassion.

Car cette forte hausse des cours du pétrole était prévisible et même attendue. À mon petit niveau de journaliste normalement informé, j’en alertais ici début 2017 et pour moi, la seule surprise est qu’il ait fallu attendre cinq ans pour voir le baril rebondir au-dessus des 50 dollars.

Carburants à 2 euros le litre, et après ?

Il cote 94 $ à l’heure où j’écris ces lignes. Et qu’avons nous fait dans l’intervalle pour nous y préparer, collectivement et individuellement ?

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Rien.

Le gouvernement n’a pas retenu la leçon des gilets jaunes. A-t-il, pour atténuer le choc, mis au point un mécanisme d’amortissement ? Une taxation flottante sur les carburants a pourtant déjà existé sous le gouvernement de François Hollande, pourquoi l’avoir abandonnée ?

Il ne s’agit pas de priver l’État de recettes fiscales, juste de les stabiliser, pour que la seule hausse subie soit celle de la matière première. Car il n’est pas juste qu’à chaque fois que le Brent flambe, des milliards d’euros de TVA glissent de la poche des automobilistes au coffre du ministère des Finances ; et d’autres milliards, sous forme de dividendes, aux actionnaires de Total (16 milliards de profits en 2021). C’est sur ces transferts que l’on pourrait agir afin d’amortir les envolées des prix.

Abaisser les taxes ?

Faut-il pour autant diminuer drastiquement et définitivement les taxes sur les carburants comme le réclament certains candidats à la présidentielle ? Pour moi, ce serait une erreur car ces taxes nous abritent des fluctuations du pétrole.

D’abord mathématiquement : quand notre SP 95 augmente de 15 ou 20 %, son prix double dans les pays qui taxent peu les carburants. Comme aux États-Unis où cela fait d’autant plus mal que, précisément grâce à une essence habituellement bon marché, les voitures consomment bien d’avantage que les nôtres et roulent bien plus. Là-bas, le conducteur aligne en moyenne annuelle autant de « miles » (1,6 km) que nous de kilomètres. Résultat, contrairement à une idée reçue, le budget « gazoline » de l’automobiliste yankee égale, en période ordinaire, celui de l’Européen. Mais il le dépasse largement ces temps-ci.

Carburants à 2 euros le litre, et après ?

Certes, une TVA à 5,5 % effacerait la hausse, mais quelle marge de manœuvre resterait-il au prochain choc pétrolier ? Car il y en aura d’autres.

Ensuite historiquement : c’est parce que les taxes font de nos carburants les plus chers du monde que nos voitures ne consomment pas comme des américaines. Même si c’est encore bien trop.

Le pétrole se fait rare, achetons des SUV…

D’ailleurs, c’est dans un contexte de pétrole pas trop cher que l’automobile a connu sa dernière mutation, le SUV intrinsèquement plus gourmand que les berlines et breaks équivalents.

Et c’est là que j’en viens à notre responsabilité individuelle.

Cette hypertrophie roulante est apparue et a prospéré au moment même où nous prenions conscience de l’urgence climatique et de l’épuisement des réserves de pétrole. Plus tard, des historiens s’étonneront du parallèle entre les rapports toujours plus alarmants du GIEC et l’envolée des ventes de SUV.

Carburants à 2 euros le litre, et après ?

Nous savions que pour limiter le réchauffement, il fallait moins consommer de carburant, que celui-ci serait de plus en plus rare et donc de plus en plus cher et nous avons acheté… des Dacia Duster, des Peugeot 3008, des Volvo XC…

Nous nous plaignons des prix à la pompe mais ne sommes pas à 2 ou 3000 € près pour nous offrir une Clio plutôt qu’une Twingo, une 208 plutôt qu’une 108, au point que les constructeurs abandonnent ces petites voitures pourtant plus légères et sobres.

Et comment conduisons-nous ? Tout le monde ou presque aimerait dépenser moins en carburants, mais à chaque sondage sur la question, presque tout le monde refuse de devoir rouler à 80 km/h plutôt qu’à 90 (- 5 à 10 % de consommation) et à 110 plutôt qu’à 130 (-15 à -20 %).

Alors oui, j’admets que j’ai du mal à compatir aux factures de gazole de cette infirmière rurale et libérale vue récemment à un JT qui chaque jour accumule dans ses tournées 150 km au volant de son gros SUV Volkswagen. Que ne roule-t-elle en électrique, parfaitement adapté à son cas ?

Oui, j’ai du mal à prendre au sérieux les angoisses de pouvoir d’achat de ce couple venu ce week-end depuis l’autre bout de la France manifester à Paris en camping-car.

On m’opposera que chacun est libre de ses choix.

Mais que chacun les assume.

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