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Déroute de la route et pagaille du rail

Dans Pratique / Sécurité

Jean Savary , mis à jour

Si nos routes tombent en décrépitude, ce n’est pas au profit des transports en commun. Trains annulés, lignes supprimées, retards, galères en gare, métros surpeuplés, l’usager du rail n’a pas la vie facile. Mais, miracle, on va lui offrir dix nouveaux réseaux RER…

Déroute de la route et pagaille du rail

« Préoccupez-vous de l’état des routes et on s’occupe de l’état de nos motos. » la pancarte de ce motard aperçue à une manifestation contre le contrôle technique est plutôt bien vue : nids-de-poule et de dinde, bitume déformé, lézardé ou reprisé façon patchwork, gravillonné à la pelle, bords de route effondrés ou dévorés par le talus, signalisation effacée, panneaux masqués, nos départementales – et les ex nationales - font de plus en plus peine à voir.

Déroute de la route et pagaille du rail

Mais après tout, n’est-ce pas au rail de prendre sa revanche, d’avoir la priorité dans les investissements après des décennies de suppression de petites lignes et de fermetures de gares ?

En dehors des grandes métropoles, l’automobile – et aussi le TGV - ont littéralement dévoré le train de proximité, celui de tous les jours de l’étudiant ou du salarié, et aussi le train des campagnes et il était sans doute temps d’inverser le balancier.
Au début des années 80, étudiant, il me fallait 55 minutes pour relier en direct Amiens à la Gare du Nord à Paris avec au minimum un train toutes les heures. Puis, au fil des années, les départs se sont raréfiés et le trajet est passé à une heure. C’est désormais 1 h 10 si l’on a la chance -rare- de n’avoir qu’un seul arrêt. Mais pour la plupart des trains comptez plutôt 1h30 et souvent bien d’avantage : on va parfois plus vite en voiture.
Pendant ce temps, les routes étaient élargies, les virages redressés, des points noirs supprimés, des ronds-points remplaçaient de meurtriers carrefours, des rocades évitaient les bourgs…

Admettons donc que c’est au tour du train de se moderniser et de s’étendre. D’autant qu’il faut décarboner nos déplacements et pour cela, plus immédiat que la voiture électrique et plus réaliste que les chaussures et le vélo, il y a les transports en commun.

Personnellement, je veux bien tordre mes jantes dans des trous, rebondir sur des saignées, me tasser les vertèbres sur des raccords, et déraper -pas trop quand même- sur du gravillon mais à condition que cela profite à ceux qui montent dans la rame.
Hélas ce n’est pas du tout le cas et le discours de renouveau du rail que l’on nous sert depuis une dizaine d’années est une fable. Hormis quelques rares réouvertures de lignes, le quotidien de l’usager du train, du RER et du métro n’a cessé de se dégrader et récemment énormément empiré.

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Des jets privés pour Paris-Limoges ?

La semaine dernière, le PDG de Legrand, géant français du matériel électrique, menaçait de délocaliser son siège de Limoges si la SNCF ne remédiait pas à la situation catastrophique des liaisons de la capitale de la porcelaine avec Paris et Toulouse. Trains annulés sans prévenir, retards devenus la norme, les aléas de transport sont devenus un véritable handicap pour l’entreprise et l’annonce de la suppression d’un train supplémentaire a été la goutte d’eau qui a mis le feu aux poudres.

Faut-il que la seule grande entreprise française, avec Michelin, à avoir son siège en province, s’offre une flotte de jets privés ? Ou se bâtisse une tour à la Défense ?

Dans les Hauts de France où depuis des années, le président de région Xavier Bertrand se plaint des contreperformances de la SNCF et menace de ne plus payer sa part, les usagers vivent un cauchemar en mode crescendo : 4 800 trains supprimés en 2019, 7 400 en 2021, et déjà 11 200 sur les huit premiers mois de 2022. À ce stade, bon nombre de Picards et nordistes ont renoncé au train pour leurs déplacements quotidiens et pris la voiture pour ceux qui le peuvent, le bus pour ceux qui n’en ont pas les moyens.

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On s’écrase les pieds dans le métro

Idem à Paris où de plus en plus d’abonnés RATP reprennent le volant ou le guidon – et pas toujours celui d’un vélo - ce qui explique en partie que malgré le verdissement du parc automobile, la pollution ne diminue pas vraiment.
Pour avoir envie de participer à l’effroyable embouteillage parisien et même francilien, il faut vraiment qu’il se passe quelque chose de grave.
Il se passe que la fréquence des métros n’a jamais retrouvé son niveau d’avant Covid et serait même bien inférieure à celle de 2019. Conséquence, les délais entre les rames se sont considérablement allongés et on s’écrase les pieds dans les wagons. Pire, le bus n’est plus une alternative dans un Grand Paris devenu le Grand Chantier et où, à certaines portes de la capitale, des murets en béton interdisent toute liaison motorisée avec la banlieue, générant à toute heure d’inextricables embouteillages à des kilomètres à la ronde.

La région île de France, la mairie de Paris et la RATP se rejettent les responsabilités à la tête : manque de conducteurs, difficultés de s’adapter à une clientèle qui télétravaille aléatoirement, crédits insuffisants. Auxquels s’ajoutent les causes habituelles de la panade : matériel vieillissant, infrastructure à bout de souffle, incivilités (pensez donc, des gens se jettent sous les rames) et autres avanies techniques et économiques. Sans parler des grèves qui pourraient animer la période des fêtes.

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Un contrefeu d’artifice !

Que dire au vu de ce tableau ? D’ordinaire, quand quelque chose va trop mal en France, on pond une loi, quitte à ce qu’elle doublonne avec un texte existant. Cette fois, c’est un contrefeu qui a été allumé par le président de la République, sur sa chaîne Youtube.
Et même, un contrefeu d’artifices : « Pour tenir notre ambition écologique, je veux qu'on se dote d'une grande ambition nationale : dans dix grandes agglomérations, dans dix métropoles françaises, de développer un réseau de RER, un réseau de trains urbains. »

Grand moment de surréalisme à la française, ou comment, quand le présent est lesté d’échecs, promettre des succès à venir. À moins qu’il ne s’agisse d’un déni de réalité avec son corollaire ordinaire, le refuge dans la virtualité. En l’occurrence dix méga chantiers ferroviaires que l’on voit mal comment financer alors que l’on n’est pas fichu de faire fonctionner les trains qui existent sur les rails déjà posés.

Je me demande si finalement, on ne ferait pas mieux de reboucher les nids-de-poule.

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