Ferrari écoeure Porsche et tous les autres aux 24 Heures du Mans 2025
Comme l’avaient redouté les pilotes des autres écuries, Ferrari avait bien caché son jeu aux qualifications des 24 Heures du Mans 2025. Le constructeur italien a contrôlé la course, signant une troisième victoire d’affilée et restant invaincu dans la Sarthe depuis son retour au plus haut niveau de l'endurance. La compétitivité du plateau a entraîné des écarts extraordinairement faibles, mais certains critiquent la réglementation.

« Ils se moquent de nous », déclarait le pilote manceau (sur Cadillac) Sébastien Bourdais après les qualifications des 24 Heures du Mans en constatant les chronos en retrait des Ferrari alors que ces dernières avaient signé tous les meilleurs temps partiels du circuit. « Ils nous contrôlent et se calent sur notre stratégie, augmentant juste le rythme pour nous garder derrière », affirmait ce matin l’autre pilote français Kevin Estre (aux journalistes de l’Equipe) sur sa Porsche en constatant l’impuissance du constructeur allemand face au rythme des Ferrari.
Porsche n’a pourtant pas démérité en prenant tout de suite la tête de la course devant les Cadillac parties de la pole position, pendant que les Ferrari remontaient discrètement tout le monde dans le peloton très dense et très serré des Hypercars. La Porsche 963 signe d’ailleurs une très belle seconde place finale, reléguée à une petite quinzaine de secondes alors que l’Italienne gérait tranquillement sa fin de course. Les Allemands ont-ils failli surprendre les Italiens grâce à une meilleure autonomie sur chaque plein et un très bon rythme général, grâce aussi à plusieurs erreurs faites par les autos de la marque au cheval cabré ? Ces Ferrari semblaient en tout cas disposer d’un avantage réel de performance sur tous les autres en termes de constance et de performance pure. Même si toutes les Hypercars du plateau (LMH et LMDh) restaient toutes vraiment très proches au chrono à la vue des meilleurs temps (c’est d’ailleurs Sébastien Bourdais qui a signé le record absolu de la course sur sa Cadillac), les Ferrari gardaient systématiquement un avantage de rythme sur l’ensemble des relais.
Alpine sauve l’honneur des Français
Alors que Porsche et dans une moindre mesure Cadillac, Toyota et BMW parvenaient à afficher un rythme plus qu’honorable dès les premières heures, les deux écuries françaises se retrouvaient tout de suite distancées à la régulière en rythme pur. En forme aux essais, les Alpine avaient du mal à exploiter leurs pneus et ont dégringolé dans le classement (pas aidées non plus par quelques petites erreurs). Les Peugeot, elles, se contentaient d’office d’un petit rythme et décidaient de capitaliser sur leur moindre consommation pour rester au contact des challengers.
Après une nuit un peu délicate et une matinée très disputée, Alpine parvient tout de même à sauver l’honneur avec une dixième place finale à deux tours de la tête. Ses deux protos se sont suivis juste devant la meilleure Peugeot, arrivée 12ème au terme d’une course tranquille. Pour leur troisième participation, les lionnes n’ont toujours pas brillé et on se demande quel sera l’avenir du programme de Peugeot en endurance : au vu des écarts extrêmement faibles entre toutes les voitures et de leur très belle fiabilité (il n’y a que deux abandons parmi les Hypercars !), il faut désormais rouler dans les chronos des Ferrari tout au long de la course pour l’emporter aux 24 Heures du Mans. Cette année, c’était vraiment une course de Formule 1 sur deux tours d’horloge sans pluie pour venir perturber son déroulement !
Des Aston Martin pas si ridicules
On les attendait en lanternes rouges absolues mais les nouvelles Aston Martin Valkyrie ont justement tourné comme des horloges (ou presque) pendant la course. Incapables de suivre les meilleures voitures de la catégorie en rythme, elles ont au moins ravi les spectateurs avec leur plastique et surtout la sonorité de leur beau V12 atmosphérique.
Une « balance de performance » qui fait plus que jamais débat
Conçue dès le départ pour limiter au maximum les écarts chronométriques entre les voitures, la catégorie Hypercar a ainsi accouché d’une course assez disputée (5 voitures terminent dans le même tour alors qu’il y a eu très peu de périodes de safety cars grâce à l’absence de pluie et même plus de 10 voitures dans ce même tour à quatre heures de l’arrivée !), mais certains concurrents parviennent visiblement à garder un bon avantage de rythme à la régulière en ne dévoilant jamais leur vraie pointe de vitesse. Et avec ce système, les perdants peuvent crier systématiquement à l’injustice puisque les performances de chaque voiture dépendent des décisions des instances réglementaires. Un genre de problème qu’on connaissait déjà sur les catégories GTE et GT3.
L’histoire retiendra en tout cas que Robert Kubica, Phil Hanson et Yifei Ye ont remporté les 24 Heures du Mans 2025 pour la première fois de leur carrière (première fois aussi qu’un Chinois gagne la course). Ferrari domine l’épreuve depuis 2023 et cette année, la Scuderia est aussi largement en tête au championnat du monde d’endurance (WEC).

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