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Pollution - Les voitures, grandes oubliées de Monsieur Hulot

Nicolas Hulot n'a pas seulement claqué sa démission, mais aussi un vilain bilan de l'évolution de notre planète. Malgré les discours, les annonces et les COP, la situation empire et notamment nos émissions de CO2. Quand la mer monte, n'est-ce pas le moment de rétrograder ? Ou de couper le contact ?

Pollution - Les voitures, grandes oubliées de Monsieur Hulot

Les énergies renouvelables piétinent, les émissions de CO2 continuent à augmenter partout sur terre et même internet qui devait être le grand moteur d'une nouvelle civilisation moins consommatrice d'énergie participe à la débauche avec ses giga-serveurs voraces. Sans oublier l'Afrique, l'Asie et l'Amérique du Sud qui se climatisent à grande vitesse, poussant partout à la construction de nouvelles centrales thermiques.

Et il y a aussi le sujet oublié par Nicolas Hulot lors de sa démission en direct sur France Inter la semaine dernière : l'automobile, qui reste une des principales sources de pollution locale et planétaire.

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Là non plus, le bilan n'est pas beau ; on a beau taxer, bonusser et malusser, la voiture ne carbure plus sobrement que sur le papier. En France, sa consommation moyenne, et par conséquent son émission de CO2, est repartie à la hausse sous l'emprise de notre passion imbécile pour le SUV et de notre désamour pour le diesel.

Quant à la transition vers la voiture électrique, il devient clair qu'elle sera moins rapide que la montée du niveau des océans. Et quand bien même nous nous en éprendrions, elle n'aurait, faute d'énergie nucléaire ou renouvelable suffisante, que peu d'effet sur le réchauffement climatique.

 

La voiture sobre, qui n'en veut ?

Pollution - Les voitures, grandes oubliées de Monsieur Hulot

 L'auto qu'il nous faut devrait peser 300 à 500 kg, fendre l'air comme une carlingue de planeur et se contenter d'une trentaine de chevaux en consommant l'équivalent énergétique d'un litre au cent sous forme combustible ou électrique. Les technologies sont sur la table, pas forcément coûteuses, et les constructeurs pourraient la produire d'ici quatre ou cinq ans mais ils n'en feront rien. Car "le Marché" n'en veut pas, Il veut du look, du confort et de la performance. Le Marché, c'est nous et tant que l'on accepte de nous vendre du carburant à 1,50 €, nous ne voulons pas de voitures plus sobres. Nous sommes une "société indolente et indifférente", pour reprendre les propos du président américain Théodore Roosevelt il y a 111 ans, dans un discours sur la déforestation et - déjà - l'épuisement des ressources naturelles.

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On pourrait aussi se poser la question autrement. A-t-on besoin de toutes ces autos ? Sont-elles consubstantielles à notre civilisation ? Pourquoi roulons-nous autant ?

 

Des Vikings au Groenland

 Un minuscule chapitre de l'histoire de l'humanité éclaire cette question. Je ne vais pas vous resservir la triste fin des habitants de l'Ile de Pâques, mais l'épopée des colons norvégiens du Groenland qui l'occupèrent cinq siècles, de l'an 1000 au XVIe siècle.

Même si l'on se dispute toujours sur les raisons de leur disparition, l'archéologie nous a beaucoup appris sur leur mode de vie. Ou plus précisément sur l'inadaptation de ce mode de vie aux conditions locales. On sait notamment que dès leur installation, ils déboisèrent une grande partie du littoral pour bâtir et se chauffer, ce qui entraîna une importante érosion des sols, et importèrent vaches et cochons gourmands en fourrage, rare sur l'île.

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Indéfectiblement chrétiens et occidentaux, ils dépensèrent de considérables quantités de bois - qui devint vite introuvable - et de fer - qu'il fallait importer - pour construire des églises et même une cathédrale. Puis il leur fallut nourrir un clergé.

Parce qu'ils les méprisaient et réprouvaient leurs croyances, la colonie eut très peu de contacts avec les indigènes et n'adopta ni son type d'habitat ou de fabrication des outils à base d'os et de pierre, ni surtout son mode d'alimentation à base de poisson.

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Sa prospérité reposa un temps sur le commerce de l'ivoire des morses que nos Vikings chassaient sur les plages. Un matériau rendu précieux par la conquête musulmane de l'Afrique du Nord qui barrait l'accès aux défenses des éléphants d'Afrique. L'examen des tombes montre que nos Groenlandais s'habillaient alors à la dernière mode du Moyen-Âge. Quand les croisades rouvrirent la route des éléphants, ce vital commerce périclita et les habitants s'appauvrirent. Les liens avec l'Occident se firent rares et s'effacèrent petit à petit mais les colons ne changèrent que très peu leur mode de vie. Chèvres et moutons remplacèrent cochons et vaches, les outils en fer furent usés jusqu'à la garde, la communauté se dépeupla puis s'effaça. Plus tard, des explorateurs retrouvèrent un dernier cadavre non inhumé et des Inuits venus du Canada remplacèrent nos Vikings.

 

Le modèle mental, verrou de l'évolution

 Ce que montre cette tranche de vie, c'est comment notre modèle mental nous conditionne. Dans celui des Vikings du Groenland, il y avait des églises, de lourdes charpentes, des outils en métal, des pâturages et de la viande.

Mais pas des tentes de peau, des igloos, des kayaks, des harpons en os ni de pêche.

Ils connurent la famine sur une île cernée par une mer où abondent poissons et mammifères marins de toutes espèces. Ils ne s'en nourrirent qu'à la toute fin, trop tard pour enrayer le déclin.

Notre modèle mental à nous occidentaux de 2018 - pour ne parler que de ce qui intéresse ici -, c'est d'avoir une voiture dans le garage. Et de la démarrer tous les matins pour aller à 5 ou 50 km faire ce que nous pourrions, pour une bonne part d'entre nous, réaliser depuis notre salon grâce à internet.

Avant la révolution industrielle il y a deux siècles, le commerçant habitait au-dessus de son échoppe, le notaire à côté de son étude, l'artisan de son atelier, le maître de sa classe, etc.

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Après la découverte de la force motrice procurée par le charbon puis le pétrole, nous fûmes pris de bougeotte et l'on dissocia travail et domicile. Jusqu'à voir aujourd'hui des paysans se rendre en auto à leur ferme et les citadins dormir à la campagne. Nous avons une voiture dans notre cerveau.

Personne ne s'interroge sur ce fait parfaitement étrange : la plupart d'entre nous ont deux lieux de vie, l'un pour dormir, manger et se divertir, l'autre pour travailler, qu'il faut relier en consommant de monstrueuses quantités de pétrole et pareillement construire et chauffer. L'automobile et le bâtiment - construction et utilisation pour les deux - sont les principales sources d'émission de CO2 sur terre.

La question qui se pose, est-ce vraiment de rendre nos voitures un peu plus propres et moins gourmandes ? N'est-ce pas plutôt de nous organiser pour nous en passer plus souvent, d'en construire moins et de les faire durer ? De moins nous déplacer ? Et pour cela de changer notre manière de vivre, penser, travailler…

A partir de là, l'automobile pourrait redevenir celle dont nous rêvons, celle que nous montre la publicité, qui traverse de grands espaces vierges ou parcourt des avenues dégagées. La voiture qui relie les hommes, pas celle de notre cauchemar banlieusard quotidien ni de notre enfer planétaire futur.

 

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