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Route de nuit - Le design de la peur

Dans Futurs modèles / Design

Stéphane Schlesinger

La façon dont élaborées et dessinées nos voitures indiquent à quel point nous sommes dans une société de la peur… ou pas.

La Nissan Juke pousse à l’extrême la logique du SUV agressif, un langage esthétique à l’opposé de ses prestations réelles.
La Nissan Juke pousse à l’extrême la logique du SUV agressif, un langage esthétique à l’opposé de ses prestations réelles.

Cela date des années 90. Deux citadines sortent presque en même temps : la Peugeot 206 et la Renault Clio II. La première se signale par un design nerveux et dynamique, marqué par un avant agressif, quand la seconde s’en tient à des lignes encore bio-design, presque poupines, et un museau d’apparence délibérément inoffensive.

Résultat, alors que ces deux autos se marquent à la culotte par leur rapport prix/prestation, la Peugeot prend un net ascendant commercial. Ceci oblige Renault à redessiner sa Clio en 2001, et à lui donner un regard méchant, à l’instar de sa rivale. Et ça marche ! Les ventes grimpent.

La Clio II en 1998. Trop inoffensive visuellement pour son époque, elle se vend moins bien que la Peugeot 206.
La Clio II en 1998. Trop inoffensive visuellement pour son époque, elle se vend moins bien que la Peugeot 206.
La Clio II restylée en 2001. Son nouveau museau, menaçant, contribue à la remontée de ses ventes…
La Clio II restylée en 2001. Son nouveau museau, menaçant, contribue à la remontée de ses ventes…

A la même époque, Fiat a remplacé sa Punto I à l’air mutin par une Punto II plus ciselée, au regard aquilin. Fini le côté sympa ! Des exemples similaires, il en existe des paquets. Qu’on le veuille ou non, le dessin d’une voiture est très anthropomorphique, et plus la technologie a permis de s’affranchir de certaines contraintes, plus l’esthétique des autos a suivi la voie du regard agressif.

Evidemment, celui-ci existait déjà depuis longtemps, on pense à la Ford Mustang de 1964, aux BMW à partir de la fin des années 60 ou encore à la Porsche 928 et sa gueule de squale.

Mais désormais, même les plus petites des citadines, comme par exemple la Hyundai i10 ou la Chevrolet Spark, se donnent des airs de vouloir mordre tous ceux qui l’approchent. C’est aussi effrayant qu’un roquet qui aboie.

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La Chevrolet Spark, ou le roquet qui essaie de se faire plus gros que le bœuf.
La Chevrolet Spark, ou le roquet qui essaie de se faire plus gros que le bœuf.

Or, celui-ci le fait bien souvent parce qu’il a peur. Plus généralement, l’agressivité découle d’un manque d’assurance personnelle, d’une inquiétude intime donc, bien loin de la force tranquille mise en avant pour promouvoir un certain candidat lors de l’élection présidentielle de 1981.

Et si une telle stratégie en matière de design est si souvent choisie, c’est qu’elle fonctionne. De là, on peut déduire qu’en choisissant des autos à l’air menaçant, les gens montrent bien malgré eux qu’ils ont peur.

Une autre tendance va dans ce sens : celle des SUV. Certains pontes du marketing ont établi au début des années 2000 que la clientèle allait avoir envie de beaucoup de carrosserie autour d’elle pour se sentir en sécurité, et de se surélever pour se rassurer.

L’archétype de ce qui fait saliver une certaine clientèle : le BMW X6, un SUV imposant, menaçant et puissant.
L’archétype de ce qui fait saliver une certaine clientèle : le BMW X6, un SUV imposant, menaçant et puissant.

Jusqu’à cette époque, on avait choisi des tout-terrains, ou pseudo tout-terrains, pour l’ambiance d’aventure qu’ils procuraient. Ensuite, ça a allait être pour se protéger d’un univers hostile. Les constructeurs l’ont compris, et ces engins hauts sur pattes se taillent la part du lion sur le marché. Belle incarnation de cette tendance, la Nissan Juke de 2010, qui la pousse jusqu’à la caricature, par sens de l’auto-dérision à en croire le constructeur. Pas du tout sûr que la clientèle la perçoive ainsi…

Pourquoi un tel changement ? Je pense que les raisons sont nombreuses et complexes, surtout que le monde n’est globalement pas devenu plus dangereux depuis trente ans, ce serait même l’inverse, avec la fin de la guerre froide.

De la même manière, la pollution liée à l’automobile est en baisse constante en Europe, conséquence du durcissement des normes depuis 1990. Evidemment, dans les médias (traditionnels et réseaux sociaux), les occurrences inquiétantes ont sérieusement augmenté, entre les annonces écolo-anxiogènes d’un côté, et celles dénonçant une immigration prétendument violente de l’autre, deux pôles toujours plus mis en scène, aussi bien par des politiques que des auteurs peu scrupuleux.

Bien souvent, ils représentent plus une réalité vendeuse que ce qu’il se passe objectivement, mais peu importe : ils ont du succès et font la fortune des marchands de peur. C’est un paradoxe amusant : plus le monde est sûr, plus on a peur, et ça se transcrit dans le design des voitures. Enfin. Pas toutes.

Prenant le contrepied exact des gros SUV au regard méchant, la Tesla Model S a montré qu’on pouvait avec succès suivre une autre voie, plus discrète et sans émissions, mais pas au détriment des performances.
Prenant le contrepied exact des gros SUV au regard méchant, la Tesla Model S a montré qu’on pouvait avec succès suivre une autre voie, plus discrète et sans émissions, mais pas au détriment des performances.

Il est un acteur qui a révolutionné fondamentalement le monde de l’automobile, après avoir été pris de haut : Tesla. On veut du thermique ? Il a contribué à imposer l’électrique. On veut du SUV ? Il a fait son succès sur des berlines basses. On aime les designs agressifs ? Ses créations sont plutôt neutres visuellement. Comme quoi, quand s’ouvrent des horizons perçus comme optimistes, la peur disparaît…

A contrario, le rejet de cette époque et de ses représentations contribue à coup sûr aussi au succès des youngtimers. Deux indices indiquant peut-être qu’on va entrer dans une nouvelle ère.

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