2. Sur route : roi du bitume

L’heure de la découverte est finie, il est grand temps de prendre la route. Une pression sur la partie centrale de la commande et le W12 s’ébroue dans une sonorité virile sans être agressive. Mais avant de dévorer le bitume, il va falloir s’extraire du trafic parisien et surtout sortir du parking Même si beaucoup d’entre vous nous envient, je peux vous dire que je cède à qui veut ma place pour sortir ce Bentayga du garage de la rédaction. Cela tient tout simplement de la torture en raison du manque de visibilité périphérique et ce, malgré les nombreuses aides électroniques et les caméras. Une fois ce premier challenge passé, on constate que la circulation en ville n’est pas non plus son point fort. Ce n’est pas la présence des pavés parisiens qui pose problème mais bel et bien la largeur de notre Bentayga qui dépasse, rétroviseurs déployés, les deux mètres. Enfin, notre vue s’éclaircit et les derniers embouteillages disparaissent.

Mon pied droit écrase l’accélérateur. Pas de doute, ce n’est pas un simple diesel sous un capot. On est littéralement collé au dossier du siège. L'accélération est forte et puissante. Les chiffres annoncés par le constructeur me reviennent immédiatement en mémoire. Un W12 6.0 biturbo de 608 ch, 900 Nm de couple disponible dès 1 300 tr/min et des performances dignes d’une supersportive avec une VMax de 301 km/h et un 0 à 100 km/h abattu en 4,1 s. Pas de doute, ce Bentayga est bel et bien le SUV le plus puissant du marché. Les Cayenne Turbo, Range Rover Supercharged et Mercedes AMG peuvent aller se rhabiller. Respecter les limitations de vitesse devient une vraie gageure surtout avec le silence de fonctionnement impérial. Sans y faire attention, sur autoroute, on se retrouve aisément à plus de 200 km/h d’autant plus que ce Bentayga bénéfice de l’excellente boîte ZF à 8 rapports qui passe les rapports rapidement et dans une fluidité extrême. Sur les grands axes, grâce à la présence de l’amortissement piloté, le confort est extraordinaire, équivalent à celui des grandes limousines avec tous les raffinements possibles, comme les sièges chauffants, ventilés et massants. Le seul reproche concerne finalement les jantes 22 pouces de notre modèle d’essai, qui rendent l’amortissement trop ferme en faisant durement ressentir les passages de saignées. A déconseiller donc.

Imperial sur les grands axes, le Bentayga est étonnant sur routes sinueuses. On enclenche le mode Sport et on profite des palettes solidaires du volant. Avec un tel couple, il n’est pas rare en mode manuel de tutoyer la zone rouge. Même dans les tours, la sonorité du W12 se montre voluptueuse et nous rappelle que nous ne sommes pas à bord d’une sportive mais d’un SUV de luxe. Justement, habituellement, rouler vite avec un véhicule pesant 2,4 tonnes et haut sur pattes est synonyme de mouvements de caisse et de perte de dynamisme. Pas dans le cas présent, même si son gabarit ne facilite pas les enchaînements de virages serrés, le Bentayga détonne en affichant une grande aisance. Virant toujours à plat grâce à son système d’antiroulis électronique, les vitesses de passage en courbe sont étonnantes avec une direction précise et facile à inscrire sur la bonne trajectoire. Très difficile à prendre à défaut, sa principale imperfection provient finalement de son freinage. Pas assez mordant, celui-ci donne l’impression d’avoir du mal à arrêter la bête. Son endurance n’est également pas formidable. Des freins carbone-céramique n'auraient pas été de trop. Et puisqu’on en est au rayon dépense, n’espérez pas consommer moins de 20 litres/100 km et il faudra vous acquitter d’un malus de 8 000 €.

Même si 99,9% des Bentayga vendus ne sortiront jamais des beaux quartiers, certains propriétaires ayant une âme d’aventurier pourraient avoir envie de s’aventurer hors bitume. Bentley a pensé à eux en commercialisant un pack Off Road vendu pour la modique somme de 4 525 €. Pour ce prix, de nouveaux modes font leur apparition au niveau du sélecteur avec notamment une aide à la descente ou la possibilité d’augmenter la garde au sol. Vu l’absence de protection de carrosserie et le prix de la peinture, pas sûr cependant qu’aller gambader dans les herbes folles soit une bonne idée.