Battu dans le "sprint final" l'année précédente, Porsche prend une éclatante revanche en 1970. Sous le déluge, la marque de Stuttgart signe non seulement son premier succès aux 24 Heures, mais remporte toutes les victoires de classes, catégories et d'indices, sans oublier de s'approprier pôle position et record du tour !

Avec le retour officiel de Ferrari qui a décidé d'affronter Porsche dans la catégorie Sport 5 litres, mais aussi une belle bataille en Prototypes opposant Matra, Alfa Romeo et Porsche 908, le Championnat du monde s'est refait une belle santé. Les plateaux sont somptueux, le public est de retour et, comme de coutume pour "les Grandes années", les 24 Heures prennent une dimension toute particulière. Une victoire au Mans vaut bien plus que tous les succès acquis dans les épreuves du printemps et, parfois compte davantage qu'un titre mondial à l'heure des bilans. Conscient à la fois des enjeux, mais aussi que les temps changent, l'ACO a décidé de produire un effort particulier pour cette édition. Pour une plus grande sécurité, le circuit est désormais pourvu de glissières de sécurité sur toute sa longueur, les S du Tertre Rouge ont été réaménagés et la procédure de départ modifiée. Si les voitures partent toujours en épi devant les stands, elles le font désormais avec le pilote assis et sanglé à bord. Cette procédure qui interdit la pose d'une glissière de sécurité séparant la piste de la zone de ravitaillement, sera abandonnée l'année suivante et 1970 marquera donc la fin d'une époque avec ce dernier départ en épi. Un autre pan du folklore manceau disparaît également avec le traditionnel pesage qui s'effectue désormais à l'intérieur du circuit.

Les forces en présence

C'est en catégorie Sport (5 litres) qu'il faut logiquement chercher les futurs vainqueurs. Porsche, fort de ses succès à Daytona, Monza, Brands Hatch et Spa fait bien sûr figure de favori avec ses 917. L'équipe Gulf-Wyer aligne ses deux équipages habituels (Siffert-Redman et Rodriguez-Kinnunen) sur des voitures à carrosseries courtes propulsées par des moteurs 4.9 litres et, en soutien, une troisième à moteur 4.5 litres pour Hobbs-Hailwood. Porsche Salzburg a choisi de panacher son matériel avec une version longue à moteur 4.9 litres pour son équipage de pointe Elford-Ahrens et une classique "courte" 4.5 litres pour Herrmann-Attwood. Une autre 917 L (4.5 l) arborant une décoration psychédélique, bien qu'engagée sous la bannière du Martini Racing Team pour Larrousse-Kauhsen bénéficie de toute l'attention de l'usine. Il n'en va pas de même pour la "K" (4,5 l) de Piper-Van Lennep qui est elle une véritable 917 "privée". Annoncé un temps, l'équipage vedette Jackie Stewart-Steve McQueen sur une 917 brillera par son absence. Les assureurs de l'acteur américain lui ont refusé l'autorisation de courir au Mans...

Face à Porsche, Ferrari possède l'avantage du nombre avec 11 modèle 512 S, tous dotés du V12 5 litres. La Scuderia a fait un gros effort en présentant quatre voitures officielles, toutes dotées d'un capot arrière long pour Ickx-Schetty, Giunti-Vaccarella, Merzario-Regazzoni et Bell-Peterson.

Un effort relayé par les fidèles clients de Maranello, comme la Scuderia Filipinetti qui aligne deux versions longues pour Bonnier-Wisell et Parkes-Müller et une courte pour Moretti-Manfredini, le NART qui engage une "longue" pour Posey-Bucknum et l'Ecurie Francorchamps un modèle semblable pour De Fierlant-Walker. Ferrari peut aussi compter sur les voitures du Gelo Racing (Loos-Kelleners) et de l'Escuderia Montjuich (Juncadella-Fernandez). Autre engagée en Sport, la Lola T 70 du Team VDS pour Pilette-Gosselin semble bien esseulée pour troubler ce duel au sommet. Belle bataille en prévision également en Prototype avec la présence des équipes Matra et Alfa Romeo au grand complet. Matra présente sa nouvelle 660 pour Beltoise-Pescarolo et deux 650 pour Brabham-Cevert et Jabouille-Depailler animées par le V12 de F1 "dégonflé". Alfa Romeo aligne de son côté quatre 33 à moteur V8-3 litres et carrosserie longue pour Courage-De Adamich, Stommelen-Nanni Galli, Gregory Hezemans et Facetti-Zeccoli. Si la présence d'un spider Porsche 908-2 à carrosserie longue du Martini Racing n'est pas à négliger, celle de la 908 américaine confiée à Linge-Jonathan Williams, équipée de caméra pour le tournage du film "Le Mans" de Steve McQueen est plus anecdotique. Toujours en 3 litres, les ambitions de la seule Ferrari 312 P du NART de Parsons-Adamowicz et de la Healey Repco de Hedges-Enever semblent également nettement plus mesurées. La catégorie prototype est riche aussi de deux Chevron B16 dont une à moteur rotatif Mazda, de la nouvelle Ligier JS1de son constructeur associé à Andruet, plus proche dans l'esprit d'une GT et d'anciennes Porsche (deux 910 et une 907). En GT, les deux Corvette auront fort à faire pour contenir la douzaine de Porsche 911 et la nouvelle 914 à moteur 6 cylindres engagée par Sonauto pour Chasseuil-Ballot Léna qui reçoit un soutien discret mais efficace de l'usine.

Forum :

  • Certaines Porsche ont marqué l'histoire du Mans plus que d'autres

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