À l'aube de la saison 1966, Ford affiche clairement la couleur. L'apprentissage est terminé et le constructeur américain vient cette fois au Mans pour triompher. Disposant de moyens financiers alors inédits et d'une logistique sans précédent, l'équipe Ford va laminer la Scuderia Ferrari et réussir un impressionnant triplé.

En dépit de l'échec de 1965, l'état major de Ford considère que la Mark II à moteur 7 litres offre un potentiel suffisant pour vaincre les Ferrari. Après six mois de tests intensifs, les nouvelles Mark II A ont progressé dans tous les domaines (freinage, tenue de route, refroidissement, aérodynamique) mais leur capacité à tenir sur de longues distances reste une inconnue. Un triplé aux 24 heures de Daytona, suivi d'un doublé à Sebring tendent à prouver que les efforts sont allés dans le bon sens. Ferrari, de son côté, tente de se rassurer en minimisant le succès de Daytona, alors qu'à Sebring, la seule P3 engagée, dévoila un potentiel voisin de celui des MkII, pour ses débuts. Rassurés par la prestation de leur nouveau prototype qui s'impose ensuite à Monza (en l'absence de Ford), puis à Spa (face à une MkII "fatiguée"), les hommes de Ferrari savent pourtant que la loi du nombre joue en leur défaveur. Les grèves font rage en Italie et seules deux P3 au lieu des quatre programmées ont vu le jour à la mi-mai.

Ce contexte lourd se fera sentir au Nürburgring, où la seule P3 devra s'incliner face à la Chaparral, puis à la Targa Florio où cette fois, la superbe voiture rouge subira la loi des Porsche 906. Au Mans, le déséquilibre sera encore plus flagrant, d'autant que la Scuderia ne se présente pas sous son meilleur jour. Le jeudi précèdent la course, John Surtees a préféré claquer la porte de l'équipe, plutôt que d'être cantonné à un rôle de pilote de réserve par Dragoni, le maladroit directeur sportif. Ferrari se privait ainsi de son meilleur atout avant l'une des plus rudes batailles qu'elle allait devoir livrer.

UN SOLIDE PLATEAU

Ford, comme prévu, étale toute sa puissance en alignant pas moins de huit Mark II, à moteur 7 litres - 475 ch. Carroll Shelby et Hollman/Moody se sont partagés la préparation de six voitures confiées à Gurney - Grant, McLaren - Amon, Hulme - Miles, Andretti - Lucien Bianchi, Bucknum - Hutcherson et Hawkins - Donohue. Alan Mann, le responsable de l'antenne britannique de Ford, s'est vu attribuer deux nouvelles MkII qu'il confie à Graham Hill - Muir et Gardner - Whitmore. Une impressionnante armada soutenue par cinq Ford GT 40. Parmi celles-ci, les deux voitures du Team Essex Wire (très proche de John Wyer) semblent les mieux préparées. Elles sont aux mains de Revson - Scott et de Neerspach associé à un débutant nommé Jacky Ickx ! Toujours sous la bannière américaine, la Chaparral à moteur Chevrolet de Phil Hill - Bonnier semble bien esseulée pour espérer jouer un rôle de premier plan.

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