Qui l’aurait cru ? Décriée depuis toujours, faisant l’objet des blagues les plus indélicates, la marque Lada bénéficie d’un mouvement de sympathie générale. On s’arrache ses modèles d’occasion. On s’affiche à son volant dans les lieux les plus branchés. Les bobos s’approprient les Lada pour en faire l’un des emblèmes majeurs de la mode "revival".

Pour preuve, l’essai de notre Lada Nova 2104 break - année 1985 a fait fureur à Paris.

Ne rêvons pas. Lada n’a pas changé. Il y a toujours un fossé entre les derniers modèles russes et ceux des constructeurs mondiaux. Normal d’ailleurs puisque la Lada Niva par exemple n’a pas changé depuis près de 30 ans. Mais cet écart est finalement du même ordre que celui qui sépare une voiture classique et banale d’une auto d’exception. Ferrari, Rolls ou Lada, c’est la même sphère. Ces contraires suscitent des émotions paradoxalement identiques : la rareté, l’irrationnel, le coût – mais oui le prix.

Ferrari ou Lada, c’est kif-kif

Le prix n’entre pas en ligne de compte quand on prend plaisir à regarder une Ferrari ou une Lamborghini. Il n’est pas raisonnable et cohérent d’acheter une voiture à ces tarifs. C’est de l’esthétisme pur. Idem pour les Lada. Peu importe si elles sont les moins chères du marché, on ne les achète plus pour ça. Une Lada, c’est un peu comme les ateliers d’artistes oubliés voilà quelques années dans les quartiers populaires parisiens et que l’on s’arrache aujourd’hui à prix d’or. Le rapport entre l’un et l’autre ? Le plaisir de vivre, l’ambiance, l’atmosphère. Le revival.

Autre point commun entre les Lada et les voitures de luxe : l’irrationalité de l’achat. Pourquoi acheter une Ferrari qui roule à plus de 250 km/h quand on ne peut pas dépasser les 130 ? Pourquoi une 2 places ? Pourquoi se déplacer en auto qui affole les inspecteurs des impôts, qui suscite la jalousie ?

Acheter une Lada, c‘est aussi faire preuve d’irrationalité. Surtout si c’est un modèle d’occasion. Pourquoi acheter une auto à la grille de boîte de vitesses improbable, au confort incertain ? Pourquoi acheter une auto dont le bruit moteur rend inutile toute tentative de discussion avec son passager ? Pourquoi acheter une auto moins bien finie que les autres, aux silhouettes moins modernes, à l’image cheap et désuète ?

L’essai de la Lada Nova 2104 de 1985

Essai - Lada Niva essence et GPL :  le Soviet fait de la résistance

La rareté est aussi commune aux unes et aux autres, aux supercars et aux Lada. Nous en avons fait l’expérience à Paris. La vue d’une Ferrari ne suscite plus guère d’émotion dans les rues. Mais, au cours de notre reportage « capitale » avec notre Lada Nova 2104 de 1985, les passants, les automobilistes n’arrêtaient pas de nous regarder et de nous parler. Pas par moquerie. Par étonnement, par amusement pour certains, par envie pour d’autres qui auraient aimé circuler à bord de cette auto semblant évoquer un monde disparu.

Equipement : pas besoin

Essai - Lada Niva essence et GPL :  le Soviet fait de la résistance

On n’essaie pas une Lada Nova 2104 break, 1985, comme n’importe quelle voiture. Tout d’abord, se débarrasser des contingences techniques habituelles. En vrac, on vous dira donc de cette voiture qu’elle a quatre roues, un volant, des phares à l’avant – jaunes bien sûr - qui permettent de rouler la nuit, des feux à l’arrière - fallait y penser - pour que les autres voitures puissent vous voir. Sans oublier évidemment, la présence d’une carrosserie recouvrant l’ensemble du châssis et permettant aux 4 personnes d’être à l’abri du vent et de la pluie, avantage certain en comparaison d’un vélo ou d’une mobylette par exemple.

Des rétros réglables de l’intérieur

Essai - Lada Niva essence et GPL :  le Soviet fait de la résistance

Une pluie d’essuie-glaces vous assiste également en cas de mauvais temps, un pour le pare-brise, un pour la lunette arrière et luxe suprême, deux pour les phares. On notera aussi la présence d’un starter manuel, celle de trois rétroviseurs, un central, un à droite et, pas bête, un à gauche, réglable chacun manuellement de l’intérieur. Inutile donc de sortir de la voiture pour cela.

Autre subtilité appréciable : un système de ventilation qui souffle, soit de l’air chaud – pour l’hiver - soit de l’air froid, disons tiède - pour l’été - avec un système de thermostat à glissière bien pratique. A propos de l’équipement, on appréciera également la minuscule boîte à gant, tout autant que l’absence de vide-poche (il y en a 50 sur le scénic 2 ! ) ou autres rangements qui transforment les voitures modernes en poubelles ambulantes.

Ici, pas de désordre. Du dépouillement, point commun avec une Ferrari. L’univers du gadget et du superflu est proscrit. On va à l’essentiel : utiliser les ressources d’un moteur à explosion pour avancer sans avoir à marcher.

Comportement : collée à la route

Les mauvaises langues vous diront que la Lada Nova 2104 break, 1985, ne sait pas se comporter, qu’elle ne tient pas bien la route. C’est faux. De fait, elle tient la route par ses quatre roues qui toutes reposent en même temps sur le sol. En revanche, il peut arriver, c’est vrai, que la route ne tienne pas à la Lada. Le bitume se dérobe alors sous ses roues. Phénomène similaire si vous freinez brusquement. Un coup de frein sérieux effectué avant un feu vous permettra parfois de regarder de face – et non de profil - les piétons qui traverseront devant vous. Autre point commun avec une Ferrari, le fait qu’elle soit aussi une propulsion, encore plus délicate à conduire sur le pavé mouillé, même à une vitesse 4 fois moins rapide.

Pour toutes ces raisons, même si ce phénomène revival n’en est qu’à ses débuts, rouler à bord d’une Lada n’est plus un signe extérieur de pauvreté. En Lada, on s’affiche, on revendique un rapport à l’automobile et au temps différent qui vous fera d’emblée passer pour un poético-romantico-altermondialisto-urbano-bientôt pubo-automobiliste. Bref, un adepte du Lada Style !