La journée de lundi avait à peine commencé que le gouvernement estimait déjà la circulation alternée efficace. Et cela, malgré des chiffres aléatoires quant à la diminution du nombre de véhicules sur le réseau francilien.

Après avoir « remercié les automobilistes qui ont laissé leur voiture au garage » dans les locaux de RMC ce matin, la ministre du logement Cécile Duflot s'est affichée sur Tweeter, brandissant fièrement le Parisien du 2 octobre 1997, avec à la une « Circulation alternée : ça a marché ! » Alors oui, c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures me direz-vous, mais quand la démagogie pointe son nez si peu finement dans le débat politique, on ne peut que s'interroger du bien fondé de la mesure prise à la hâte samedi après-midi. Surtout lorsque l'on observe les premiers résultats publiés.


Les déclarations se suivent et ne se ressemblent pas. Avant 8h ce matin, Bison Futé relevait 90 kilomètres de bouchons sur le territoire francilien, contre « 200 à 250 km un jour de semaine aux mêmes horaires. » L'engorgement en Ile-de-France aurait alors été réduit plus de moitié, mais le chiffre ne semble pas tellement objectif puisqu'aucune distinction entre les jours de la semaine n'a été faite, sachant que la circulation du lundi est souvent moins dense que les autres jours. En revanche, le Centre national d'information routière ne se trompe pas lorsqu'il affirme que le périphérique parisien était fluide de 7h à 9h, contrairement à l'A86 qui a vu la circulation se concentrer fortement sur ses axes. Une information vérifiée par grand nombre d'entre nous.


Une centaine, une cinquantaine, ou juste une trentaine de kilomètres en moins aux heures de pointe ?

Invité chez nos confrères de BFM TV, le ministre de l'Ecologie Philippe Martin a salué « l'esprit civique des franciliens » et la « diminution importante » des véhicules sur la route, en évoquant toutefois « 87 km d'embouteillages, contre 130 habituellement avant 8h ». A 8h10, le site Sytadin a compté de son côté « 123 km de bouchons en Ile-de-France, soit une trentaine de moins que la moyenne ». Qui croire alors ?

A 11h, on comptabilisait une vingtaine de kilomètres de bouchons en moins que d'habitude sur l'ensemble du réseau francilien (source Le Parisien).


Sans surprise évidemment, il paraît évident que l'écologie s'invite dans un débat politique stérile à une semaine des élections municipales. Ayant répondu aux attaques des Verts accusant ses élus d'immobilisme, le PS a clairement agi dans l'urgence, se félicitant d'une mesure impopulaire qui pénalise les travailleurs dans un contexte politico-économique en crise plus que jamais.

A quand une réelle réflexion « éco-logique » ?