Le Coal to Liquid (CTL) ? Un procédé permettant de transformer le charbon en hydrocarbures liquides ou en produits chimiques de base. La première phase : gazéifier le charbon grâce à de l'oxygène et de la vapeur d’eau. Aujourd'hui et demain a lieu une conférence à Paris sur le Coal to Liquid : ses organisateurs indiquent que le charbon liquide est considéré comme un carburant alternatif au pétrole dans le secteur des transports mais il est encore très polluant à produire. Toutefois, d'après Olivier Appert, président de l'Institut français du pétrole (IFP) et partenaire de cette conférence, cette technologie peut contribuer à diversifier les approvisionnements en énergie dans les transports.

Serge Périneau, président du comité d'organisation de la conférence, ajoute que le charbon peut également diminuer la dépendance énergétique de plusieurs pays car il est mieux réparti dans le monde et il est plus proche des pays de consommation que le pétrole. Par contre, ce dernier souligne que son impact négatif sur l'environnement est un frein majeur à son développement. En effet, fabriquer du diesel avec du charbon liquide engendrerait presque deux fois plus de CO2 (850 grammes par mile) qu'avec du pétrole (500 grammes). Les scientifiques américains de l'Union of Concerned Scientists disent que le CTL mène à rejeter dans l'atmosphère 80% d'émissions polluantes de plus que l'essence. La solution qui doit alors l'accompagner en cas de production : la capture et le stockage de CO2 qui permettraient de faire baisser ces émissions. Un autre inconvénient est à noter : le coût des investissements. Le département américain à l'Energie affirme que de 3,5 à 4,5 milliards de dollars seraient nécessaires afin de produire 50 000 barils par jour de charbon liquide.

Il faut savoir que plus de 80% des réserves mondiales de charbon sont présents dans 6 pays : l'Afrique du Sud, l'Australie, la Chine, les Etats-Unis, l'Inde et la Russie. Et le charbon bénéficie de 147 années de réserves dans le monde contre 63 années de gaz et 41 années de pétrole. Le Coal to Liquid mérite alors quand même qu'on s'y intéresse vu qu'il y a peu de carburants de substitution proposés actuellement... L'Agence internationale de l'énergie (AIE) mentionne que le pétrole représente 94% de la demande de carburants dans les transports contre 1% pour les biocarburants et 5% pour le charbon et l'électricité. Elle ajoute que la demande en produits pétroliers dans les transports progresse de 1,7% chaque année en moyenne entre 2005 et 2030. Actuellement, environ 30 projets sur le charbon liquide sont à l'étude dans le monde : il n'y a que Sasol (société de l'industrie chimique située en Afrique du Sud) qui produit le CTL, étant spécialisée dans la transformation de charbon et de gaz naturel en hydrocarbures liquides selon le procédé Fischer-Tropsch. Et dans les prochains mois, Shenhua (1er producteur chinois de charbon) débuterait la production de CTL. A suivre !

(Source : AFP Photo : Associated Press)