Sans aucune conviction, je suis allé voir Fast and Furious 7 au cinéma hier soir. Ce ne sont pas les bandes annonces qui m'ont donné envie d'y aller, mais que voulez-vous, c'est le dernier où l'on verra O'Conner, donc je me suis laissé tenter… Sur les 2 h 17 du film, il n'y a probablement que 7 minutes qui m'ont plu. Et vous savez quoi ? Ça valait le coup.

Je vais tout de suite mettre les pieds dans le plat : comment aurions-nous accueilli ce film s'il n'était pas arrivé cet accident tragique à Paul Walker ?

Pendant tout le film, impossible de ne pas penser à lui. Et si c'était la dernière scène ? Comment vont-ils organiser sa « sortie » ? Que va-t-on en retenir ? Retour sur un film qui ne laissera personne de marbre.

Quand les Expendables rencontrent les Transformers : F & F 7

Je ne vais pas vous faire l'affront de vous imposer la description du film sans le spolier, alors on va résumer.

Imaginez que l'on ait confié le scénario de ce 7e opus à Michael Bay (Transformers), Sylvester Stallone (Expendables) à John Woo (Mission Impossible 2) et à Christopher Nolan (Interstellar).

Voilà, vous savez à quoi vous attendre. Belle réalisation de James Wan !

Dans le détail, voici ce qu'aurait apporté chaque réalisateur :

  • Michael Bay : trop n'est jamais assez.

On frôlait l'overdose dans les précédents Fast and Furious, avec la destruction de magasins, de banques, de favelas… mais là, comme le dit Toretto quand il parle de la façon dont il traitera le vilain Shaw (Jason Statham) : « On n'a pas encore inventé de mot pour décrire ça. »

Là c'est pareil : comment décrire et justifier la destruction de 100 hectares de forêt quelque part en Azerbaïdjan, de 3 tours à Abu Dhabi, de la moitié de Los Angeles, entre autres ?

A environ 1 h 40 du film, je me suis senti comme au Burger King, où je regrette d'avoir pris 2 Double Whopper Cheese… une telle satiété qu'elle génère de la somnolence. Repu, le ventre gonflé, transpirant… trop c'est trop.

On s'en doutait me direz-vous, mais quel grand écart depuis le #1... Est-ce là vraiment l'esprit de la franchise ? Je ne sais pas. C'est toutefois le plus spectaculaire, on n'a pas une minute de répit. Les amateurs d'explosions en tous genres seront très bien servis.

  • Sylvester Stallone : Leur place est dans un musée.

Regardez-le #1 avant d'aller voir le 7 : ils ont tous grossi ! Brian et Dom en particulier ont non seulement pris de l'âge, mais du poids, regardez-moi ces cous, ces mentons ! Même Mia semble être une vieille ménagère, où est la jeune femme insouciante et vigoureuse ?

Oui, ils ont vieilli, et c'est là que Stallone aurait apporté sa patte : « Notre place est dans un musée » (Expendables). On fait toujours les cons, mais hé les gars, on a pris de l'âge, il est temps de changer… un peu. Mais ne nous oubliez pas, hein, on est des légendes après tout…

Entre Toretto qui, à la fin du film, remet sa superbe chemise bleue de travail du #1 (avec la belle calligraphie Toretto sur le cœur), l'éternelle croix autour du cou, la petite intervention du drifteur en herbe Lucas Black (Tokyo Drift), on fait dans le nostalgique ! Et ça fait du bien, ça fait partie de l'hommage à Paul Walker. On regarde tout ça avec un sourire certain, et allez, une pointe d'émotion. Et je ne vous parle pas de la scène finale…

Moment collector : vous rappelez-vous cette scène dans le #1 où la Civic passe sous un camion ? Là encore, on a un clin d'œil…

  • John Woo : Le Michael Bay de la cascade.

Vous rappelez-vous Mission Impossible 2, où Tom Cruise saute d'un hélicoptère pour atterrir sur un train, dans un tunnel ? Là, on va encore plus loin. La manière dont Letty rattrape Paul après son saut d'un train est assez incroyable… Et je ne parle pas de la Lykan qui se prend pour Spiderman, des atterrissages d'autos en parachute, ni de l'une des dernières scènes à L.A. La prochaine fois c'est quoi ? On fait appel à Felix Baumgartner ? On tourne une scène avec la sonde Rosetta et Philae ?

Mais tout va bien. « La famille, c'est important. », dit Dom. C'est pour cette raison qu'il manque de faire tuer tous ses potes 17 811 fois dans le film. Bien entendu, les méchants ainsi que la Police sont toujours aussi adroits en voiture qu'avec des flingues à la main…On notera également ce passage savoureux de Dom : «Ma famille, ce sont des pilotes, pas des tueurs...» Il faudra dire cela aux dizaines de policiers qu'ils ont du tuer pendant les courses poursuites des premiers épisodes !

Moi, j'aimais cette simplicité des premiers épisodes justement, mais comme le dit notre cher Brian O'Conner : « Les balles me manquent, plus que les autos où les filles. » Là, il a été servi, mais on regrette presque qu'il ait dit ceci…

  • Christopher Nolan : La petite larmichette.

Je ne sais pas si vous avez vu Interstellar, mais la scène où Cooper voit les vidéos de ses enfants, qui ont vieilli plus vite que lui, est excellentissime. Le temps s'est arrêté, la musique, les émotions, tout est là. Nolan maîtrise ces petits moments de douceur, malgré l'éternelle débauche d'effets spéciaux et d'action à tout va des blockbusters US.

Dans les dernières scènes du film, et de manière très épisodique dans le film, on est là-dedans. Imaginez encore que vous ayez trop mangé, trop gras, trop copieux, et qu'une demi-heure après, en pleine digestion, votre meilleur ami que vous n'avez pas vu depuis 10 ans se pointe avec votre digestif préféré. Vous appréciez, vous partagez un moment choisi, la lourdeur est oubliée, l'essentiel reste.

Et bien la « sortie » de Paul Walker est de cette trempe. Les clins d'œil aux 7 premiers épisodes sont encore légion, et… on en redemande. C'est fini, vraiment ? Oui, on a compris qu'on ne le verrait plus…

Bilan : 1 étoile. Pour Paul.

Soyons clairs, ce film n'est qu'une débauche de scènes d'action dotée de moins de logique que tous les autres épisodes réunis. Statham, Russell et l'histoire du pirate informatique ne servent pas à grand chose, mais nous bassinent tout le film.

Pourtant, les amateurs de la série iront le voir, et eux, apprécieront probablement le film.

On ne peut pas être insensible à tous les clins d'œil à cette saga, qui dure depuis 14 ans ! C'est un hommage à cet univers, à cette famille, ce duo O'Conner/Toretto inimitable. Vous avez vu les 6 premiers ? Allez le voir. Dans le cas contraire, passez votre chemin.

Comme je vous l'ai dit, je ne retiens que quelques minutes de ce film, et je lui mets une étoile, pour Paul. Je vous laisse, je vais m'acheter une Supra en attendant que quelqu'un me chauffe au feu rouge pour un 400 m...

Critique ciné - Fast & Furious 7: Pour Paul.