Depuis le nouveau règlement sur les changements de pneumatiques pendant les ravitaillements imposé par la FIA, les écuries se sont entraînées, tout l'hiver, dans le but de réaliser cette étape cruciale dans les meilleures conditions et dans le minimum de temps. Pour Renault, cette opération est directement liée à une stratégie bien précise et à la parfaite coordination des hommes chargés de ce travail. Lors des ravitaillements pendant la course, la durée de l'immobilisation de la monoplace est conditionnée par le débit de la machine à carburant, qui injecte 12.5 litres de super sans plomb par seconde dans le réservoir, soit 90 kilos en 8 secondes. Le schéma adopté par le Renault F1 Team est semblable à celui de 2004 : à chaque coin de la voiture, un mécanicien ôte l'ancienne roue, un autre fixe la nouvelle, et un troisième se charge du vissage/dévissage au pistolet pneumatique. La sensibilité des mécaniciens est mise à contribution : la force du serrage dépend uniquement d'eux. Un écrou trop lâche, et la voiture peut avoir à repasser par les stands. Trop serré, il demandera davantage de temps à ôter lors de l'arrêt suivant. C'est la raison pour laquelle il leur faut retrouver leurs automatismes avant le premier Grand Prix. Pour compléter le dispositif, deux mécaniciens sont affectés à la machine de carburant... dont le tuyau pèse 40 kg ! Avec les préposés aux extincteurs, aux démarreurs de secours, au possible remplacement de museau ou à l'ajustement de l'aileron avant, à l'essuyage de la visière ou au nettoyage des pontons, les effectifs grimpent à 22 personnes. La R26 elle-même a été conçue de manière à rendre le ravitaillement fiable et rapide. Ainsi, ses jantes et les moyeux qui les portent sont conçus de manière à s'imbriquer parfaitement : impossible de visser l'écrou de roue si l'assemblage n'est pas optimal. Le nouveau format des qualifications a contraint les équipes à s'organiser parfaitement. En une heure, en effet, les monoplaces devraient participer à trois qualifications distinctes (15min, 15min, 20min). Sachant que c'est très souvent en fin de séance que la piste se montrera la plus rapide, il faudra savoir changer les quatre pneumatiques aussi rapidement que possible de manière à garantir un chrono dans les toutes dernières secondes, pour les deux monoplaces. Ce scénario a également été pratiqué par le Renault F1 Team à Barcelone vendredi dernier. Pour parvenir au ravitaillement impeccable, en effet, une seule solution : s'entraîner. Avant le début de la saison, le Renault F1 Team a effectué plus de 200 ravitaillements à blanc. Puis, sur chaque course, les mécaniciens répéteront le samedi soir et dimanche matin (au moins 25 ravitaillements à chaque fois). L'imprévu doit, lui aussi, être anticipé. Un accrochage avec les deux voitures dans le premier virage ? Une averse subite nécessitant un arrêt simultané ? Un maximum de possibilités doivent être passées en revue afin de ne jamais être pris au dépourvu. « D'une banale crevaison au changement d'un élément mécanique, nous tentons d'être entraînés pour toutes les situations. », explique Steve Nielsen. Au final, l'équipe effectuera plus de 1000 simulations dans la saison ! De retour à l'usine, la vidéo de certains entraînements est projetée en salle de conférence, sur écran géant. Elle permet à chacun de comprendre une possible erreur, de rectifier un geste, d'éliminer le superflu. Les pilotes eux-mêmes sont concernés : au-delà de 20 centimètres d'erreur dans leur point d'arrêt, Fernando et Giancarlo pourraient prolonger l'arrêt de plusieurs secondes. Eux aussi ont donc eu à s'entraîner cet hiver ! Source RenaultF1