Romain Dumas, qui s’est davantage investi en rallye cette année, a connu quelques difficultés sportives, terminant l’année par une sortie de route. En outre, certaines spécificités du rallye déplaisent fortement au Cévenol.


Romain Dumas, qui a participé cette saison à plusieurs rallyes de Championnat de France, a terminé sa saison le dernier week-end de novembre lors du Rallye du Var. Malgré de bonnes prestations d’ensemble, le pilote cévenol a parfois joué de malchance, comme dans le Var, où il a rapidement abandonné sur sortie de route. Le vainqueur des 24 Heures du Mans fait le bilan de sa saison.


AUTOhebdo.fr : Romain, vous avez fini votre saison de rallye sur une note décevante, avec un abandon lors du rallye du Var. Quel sentiment prédomine ?

Romain Dumas : C’est dommage de s’être arrêté aussi tôt, surtout que l’on avait à cœur de bien faire avec cette nouvelle voiture. Aux Cévennes, nous n’avions déjà pas fait beaucoup mais, dans le Var, nous avons fait encore moins. Ce n’est pas une superbe fin pour cette voiture.


Que s'est-il passé au moment de votre sortie de route dans la spéciale de Collobrières (ES3) ?

Je me suis fait piéger sur de la terre ramenée par Dany Snobeck (Citroën C4 WRC) quand il est sorti de la route. Le commissaire présent à cet endroit n’a pas agité le drapeau pour me prévenir du danger, ce qu’il était censé faire. Il a choisi d’aller gentiment aider Dany à sortir du fossé mais il a oublié d’agiter le drapeau au moment où j’arrivais. J’ai glissé, pris le mur en face, cassé le radiateur et j’ai dû m’arrêter là. A la direction de course, on m’a expliqué que c’est le rallye. Personnellement, je trouve ça un peu dangereux.


C’était une conclusion décevante pour cette saison où l’on vous a beaucoup vu en rallye…

Je m’étais engagé à faire davantage de rallyes de Championnat de France pour acquérir plus d’expérience et progresser. On a débuté au Lyon-Charbonnières où ça s’est plutôt bien passé. Après, on a enchaîné sur des abandons ou des performances plutôt bonnes, comme au Mont-Blanc. Malheureusement, les deux derniers rallyes ne se sont pas déroulés comme espéré. C’est frustrant, surtout vu le peu de temps que j’ai et que je mets là dedans. Ce que je regrette, c’est que nous n’avons pas pu engranger autant d’expérience que l’on aurait pu emmagasiner.


N’est-ce pas difficile avec votre Porsche GT ?

C’est vrai que ce n’est pas la voiture la plus facile à piloter en rallye, même si on se rapproche des premiers. Elle est tellement belle qu’on ne peut pas lui en vouloir. Mais la question de continuer est posée…


Quel élément peut vous faire douter concernant votre poursuite en rallye ?

Pour ma part, je n’attends rien du rallye, je le fais pour m’amuser, avec ma propre structure. Mais ça demande beaucoup d’investissement personnel et beaucoup de temps ; du temps, aujourd’hui, je n’en ai pas énormément. Pour ça, le rallye est difficile et ingrat. Quand ça marche, tout va bien. Quand il y a un petit souci, tu regardes passer les petits camarades. Mais attendre au bord de la route, c’est vraiment long.


C’est plus difficile qu'en circuit ?

Sur un circuit, ce n’est déjà pas très drôle d’abandonner mais on est vite rentré au stand. En rallye, il faut attendre des heures et des heures. Dans ces moments là, tu te demandes vraiment ce que tu fais là ! C’est frustrant même si je sais que ça fait partie du rallye.


Pourriez-vous remettre en question votre envie de faire des rallyes régulièrement ?

Je me pose des questions, comme je m’en posais avant de venir dans le Var. En rallye, il y a des choses qui me plaisent vraiment, d’autres qui ne me plaisent pas du tout. Par exemple, le système de reconnaissance est vraiment absurde. Lors du Rallye du Var, j’ai fait les reconnaissances une semaine avant, alors que l’on était en vigilance orange, avec beaucoup de brouillard. Je ne vois pas comment on peut rouler en toute sécurité le jour du rallye alors que les reconnaissances ont eu lieu dans le brouillard et sous la pluie. On peut me dire « c’est pareil pour tout le monde », c’est vrai. L’avantage, c’est que si tu n’as jamais regardé ailleurs, tu ne sais pas ce qu’il se fait ailleurs. Ce qui n’est pas mon cas. Mais il ne faut pas vouloir trop se pencher sur le sujet car il n’y a pas de réponse à toutes les questions que l’on pose.


Quel bilan faites-vous de votre engagement en rallye ?

Je m’étais engagé à venir avec une belle structure et une belle voiture. Mais c’est difficile d’être pilote professionnel, de redevenir amateur, en étant en même temps team manager et, en plus, d’assimiler ce système de notes qui est vraiment compliqué pour moi, et pour lequel il faut venir une semaine avant… Ce sont plusieurs points qui font que je ferai peut-être les choses différemment l’année prochaine : peut-être moins de courses mais sur des évènements plus importants, peut-être à l’étranger…


Vous verra-t-on moins souvent en Championnat de France ?

Tout dépendra de mon programme « circuit » avec Porsche et Audi. Suivant mes disponibilités, je ferai mon choix concernant le rallye, peut-être plus à l’étranger, peut-être plus en France. J’ai quand même pu apprendre quels rallyes me convenaient le mieux, ceux où l’on était le mieux accueilli. Mais, pour le moment, je n’ai aucune idée de ce que je ferai l’année prochaine. D’autant que cette année, malgré la présence de quelques partenaires, c’était un investissement personnel à 100 %. L’année prochaine, il faudra que ça change un peu. Sur ce plan là aussi, c’est difficile de passer de pilote professionnel à amateur !


En rallye, la fonction de team manager pourrait-elle vous intéresser ?

Sincèrement, non. L’avantage de rester longtemps au bord de la route, c’est que l’on peut observer l’à-côté du rallye. Il y a des bonnes choses, d’autres beaucoup moins bonnes. Je trouve qu’il y a de très, très grosses lacunes. Je trouve notamment que la sécurité est vraiment limite, de ce que j’ai pu observer tout au long de la saison. La chance de beaucoup, c’est que le système est en place depuis longtemps. J’ai compris que ce système est vraiment figé et, me concernant, je ne saurais pas m’adapter à un système qui ne va pas pour le futur. Je suis pilote professionnel et j’aime travailler avec des gens professionnels qui comprennent les choses et qui veulent faire progresser le système.




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Dumas : « Le rallye est difficile et ingrat »