D'avoir été reconnu très jeune pour ses premières créations n'a fait qu'augmenter sa naturelle confiance en lui et son orgueil. "Un homme extraordinaire, absolument hors du commun, avec tout cela comporte de fascinant et d'insupportable" dira l'un de ses proches collaborateurs. Remarquable de contradiction, capable de créér des voitures d'une intelligence rare, il peut dans le même temps se fourvoyer dans des élucubrations hasardeuses et ruineuses. Les bases théoriques de l'ingénieur et les lois mathématiques lui feront toujours défaut pour maîtriser totalement son sujet, mais peu importe finalement. Certaines voitures irréprochables sur un plan technique ne connurent aucun succès car elles étaient sans âme et sans imagination.

Le maître des forges

Élitiste, fier et affectant une certaine arrogance intellectuelle, ce grand seigneur va ériger à Molsheim un véritable fief. Ce n'est pas simplement une usine. C'est surtout un univers personnel où la manière de voir les choses autant que les rapports entre les hommes échappent aux normes habituelles. Pour tous, Ettore Bugatti est le "Patron". Impulsif et sanguin mais intransigeant sur la qualité du travail, généreux et sensible, on lui pardonne toutes ses excentricités, même les plus onéreuse. Et puis, soudain le tourbillon des succès s'essouffle. La Bugatti 35 forte de ses 2000 victoires a vieilli et ne survole plus les Grands Prix, la crise de 1929 puis les grèves de 1936 mettent en péril la trésorerie de l'entreprise. Jean, le fils aîné animé par un esprit tout aussi créatif, tente de faire sortir Bugatti de son coûteux "conservatisme d'avant-garde". Il n'en aura pas le temps. Il se tue en essayant le Tank victorieux au Mans le 15 août 1939. Quinze jours plus tard, la seconde guerre mondiale éclate, et Ettore Bugatti contraint à un long exil ne retournera jamais à Molsheim.

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