Le vieil homme semble flotter dans son costume sombre. Son regard noyé de lassitude au fond d'un visage amaigri se charge soudain d'une rare intensité. Ferdinand Porsche vient de découvrir les plans de la première voiture portant son nom. Penché sur la table à dessin, il examine longuement le travail de Ferry, son fils. Après un silence interminable, le verdict tombe : "Je ne l'aurais pas faite autrement que toi". II est à la fois fier et rassuré. Heureux de participer à une nouvelle création, le revoilà jeune. Curieux de tout et impatient. Le vieux Professeur doit malheureusement se rendre à l'évidence. S'il n'a rien perdu de son génie, les séquelles d'une longue détention l'ont considérablement affaibli. II a perdu toute l'énergie et la prodigieuse habileté qui avaient fait de lui un travailleur infatigable. Toutes les étapes de sa vie se mettent alors à défiler. II se souvient de cet enfant surdoué qui installe l'électricité au domicile de ses parents, puis de ce jeune homme de trente ans devenu directeur technique chez Austro-Daimler, le plus grand constructeur de son pays. Et puis tout s'accélère. La notoriété chez Mercedes, la célébrité chez Auto-Union où son nom est associé aux plus grandes victoires en Grand.

Prix et enfin l'aboutissement de toutes ses idées avec la Volkswagen. Celle qui allait devenir la voiture du siècle s'impose comme un concentré de ses choix techniques: un moteur quatre cylindres à plat monté à l'arrière et refroidi par air. Une construction simple, bon marché, robuste et facile à entretenir qui sera l'ancêtre de toutes les voitures populaires. Si la seconde guerre mondiale ne lui laissera pas le temps de démarrer la production de masse, celle qui deviendra la "Cox" est déjà une star. Objet d'énormes enjeux industriels et financiers, elle causera la perte de son créateur.

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