Jean Ragnotti et Michèle Mouton sont ses idoles. Isabelle Patissier, double championne du monde d'escalade, se consacre aujourd'hui à sa nouvelle passion : la course automobile. Avec une prédilection pour les rallyes-raids. Discussion à bâtons rompus avec une jeune femme qui, après avoir escaladé les sommets, n'a pas peur du vertige de la vitesse.

Caradisiac : Quand on est une championne d'escalade, on s'intéresse à l'automobile ?

Isabelle Patissier : C'est le moins que l'on puisse dire ! Je venais juste de passer mon permis, je n'y tenais plus, j'ai emprunté la 4L de mon frère… Ensuite, j'ai eu une Renault 5 pendant un an.

Caradisiac : C'étaient des voitures plutôt sages !

Isabelle Patissier : Oh, c'était une question d'argent. Mais je me suis quand même amusée avec la R5, au point d'avoir deux accidents dans la semaine qui a suivi son achat, mais ce furent les seuls.

Caradisiac : Des imprudences ?

Isabelle Patissier : Un petit peu : en plein hiver, j'ai glissé sur une plaque de verglas et j'ai heurté la voiture de devant. La seconde fois, j'ai doublé sans trop de visibilité, et j'ai frotté une voiture, mais rien de grave. En fait, peut-être n'allait-elle pas assez vite, cette R5 ? Et dès que j'ai mis un peu d'argent de côté, je me suis fait plaisir.

Caradisiac : En achetant ?

Isabelle Patissier : Une Peugeot 205 Rallye, puis une 205 GTI 1,9 !

Caradiac : Ce n'était plus la même chanson ?

Isabelle Patissier : Plutôt ! À l'époque, j'habitais à Lyon, et j'allais m'entraîner avec d'autres escaladeurs du côté d'Aix-en-Provence ou de Marseille. Tous les week-ends, on partait à plusieurs voitures, et c'est vrai que l'on devait rouler un peu trop vite. Je devais bien faire 80 000 kilomètres par an.

Caradisiac : Des frayeurs sur ces routes de montagnes ?

Isabelle Patissier : Non, ni appréhension, ni peur.

Caradisiac : Même aujourd'hui, alors que vous faites des courses sur circuit ?

Isabelle Patissier : Vraiment, jamais. Je crois que cela vient du sport que j'ai pratiqué pendant si longtemps. Pour escalader une paroi, il faut anticiper, être précis, concentré. Autant de qualités dont il faut aussi faire preuve au volant. Autre point commun : la lecture du terrain. Quand on s'attaque à une montagne, on lit à l'avance sur plusieurs mètres la nature du revêtement qui nous attend. En rallye-raid, c'est pareil.

Caradisiac : Justement, votre nouvelle vie, c'est la course automobile. Comment vous est venue cette passion ?

Isabelle Patissier : J'ai toujours rêvé de faire de la course. Tout a commencé l'année dernière, par un coup de fil d'un ami de Luc Alphand, qui faisait à l'époque le Dakar. Sa proposition ? Participer à la Star Cup. Trois jours plus tard, j'étais à Spa pour la première course.

Caradisiac : Et alors ?

Isabelle Patissier : Spa, c'est terrible. Vous imaginez, c'était quand même une sacrée mise en route ! En fait, je suis arrivée à fond dans tous les virages et, inévitablement, je me suis retrouvée en tête-à-queue dans tous les virages. J'ai entendu dire : "Celle-là, elle est folle, il va falloir la calmer !" Dès le deuxième tour de la course, en haut du fameux raidillon, je me suis pris le vibreur un peu de côté, et je suis sortie.

Caradisiac : Beau début de carrière !

Isabelle Patissier : Ça ne m'a pas empêchée de continuer. J'ai pris des cours, j'ai fait du kart, de la Formule Ford et, finalement, j'ai décroché la troisième place à ma première participation au Rallye des Gazelles.

Caradisiac : Et la Star Cup, c'est fini ?

Isabelle Patissier : Non, je continue. On s'amuse bien. Il y a les pros, comme Alexandre Debanne qui roule tous les week-ends, et les amateurs, comme Gustin et Bruno Solo.

Caradisiac : Bruno Solo n'est pas trop coriace ?

Isabelle Patissier : Non, ça va, d'ailleurs, je ne suis même pas certaine qu'il ait son permis… Le plus coriace, c'est Rémy Julienne. Je me suis tirée la bourre toute la saison avec lui. Il est adorable, mais il m'a tout le temps fermé la porte.

Caradisiac : Peu galant, le vieux briscard…

Isabelle Patissier : On peut le dire. À Zolder, il m'a même doublée sur l'herbe à l'entrée d'une chicane. Pendant huit tours, j'étais collée derrière lui, et finalement, il s'est sorti. J'ai voulu l'éviter, mais j'ai filé droit dans le mur. Course finie pour moi, pas pour lui. Après, on en a bien ri.

Caradisiac : Vos projets pour 2001 ?

Isabelle Patissier : Trouver des sponsors pour les rallyes de Tunisie, du Maroc, ou le Master Rallye (l'ancien Paris-Moscou-Pékin). L'appel est lancé.

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