Maserati et la course

Pendant les quarante premières années de Maserati, la compétition a été la seule et unique préoccupation de ses fondateurs.

C'est la course qui guide la création de la firme par Alfieri en 1914 mais la Première Guerre mondiale met en sommeil les projets. En 1926, après un séjour dans le service courses de la firme Diatto, Alfieri et Ettore se lancent dans la construction de leur première voiture de course. Pilotée par Alfieri, la Type 26 débute à la Targa Florio en 1926, termine neuvième et enlève la catégorie 1 500 cm3. L'année suivante, la Maserati devient la principale rivale des Bugatti, et Alfieri finit cette fois troisième de la Targa. En 1929, une nouvelle étape est franchie avec une monoplace de Grand Prix à moteur V16 qui établira la notoriété de la marque, faute de se tailler un énorme palmarès. Surclassée par les Alfa Romeo, la Maserati enlève toutefois le GP de Tripoli en 1930. La même année, la nouvelle 26 M (pour "monoposto"), pilotée par Achille Varzi, s'impose au GP de Monza, puis au GP d'Espagne.

En 1931, une nouvelle 8C 2800, pilotée cette fois par Fagioli, s'impose encore à Monza. En 1932, la 8 CM, la première monoplace de l'histoire de la course dotée de freins hydrauliques, s'impose au GP de l'ACF avec Campari, puis au GP de Belgique avec Nuvolari. L'avènement de la nouvelle formule Grand Prix, en 1934, laisse le champ libre aux très puissantes Mercedes et Auto Union qui balayent la concurrence. Dès l'année suivante, Maserati décide de se concentrer sur les épreuves de petite cylindrée (1 500 cm3), où la nouvelle 6 CM va rafler un nombre incalculable de succès.

Victoire aux 500 Miles d’Indianapolis

En 1937, profitant d'un nouveau changement de réglementation, Maserati revient en GP avec la 8 CTF à moteur 3 litres. Fragile et dépassée une nouvelle fois par les voitures allemandes, la Maserati sera plus heureuse outre-Atlantique. Elle triomphe, en effet, à deux reprises aux 500 Miles d'Indianapolis avec l'Américain Wilbur Shaw. C'est le premier succès d'une voiture européenne en terre américaine depuis plus de vingt ans !

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Maserati se relance avec la monoplace 4 CL née en 1938, puis une nouvelle 4 CLT. Cette dernière s'imposera notamment aux GP d'Albi, Pau, San Remo et de Grande-Bretagne en 1949, et constituera longtemps la seule voiture disponible pour les pilotes privés. Avec la F1 deux litres, Maserati revient en 1952 avec une nouvelle monoplace A6 GCM conçue par l'ingénieur Colombo (celui qui réalisa le premier moteur V12 de Ferrari). Pilotée par Fangio, la Maserati F1 enlèvera son plus grand succès au GP d'Italie 1953, devant une meute de Ferrari. Conçue en 1954, la nouvelle 250 F à châssis multitubulaire sera la plus glorieuse et la plus célèbre des Maserati. Pilotée par Fangio, elle s'impose dès sa première sortie au GP d'Argentine 1954, avant de retomber dans le rang, éclipsée par les très puissantes Mercedes en 1954 et 1955, puis par les Ferrari en 1956, mais profitant du moindre faux pas de ces dernières avec un certain Stirling Moss.

Fangio champion du monde

Maserati
Maserati

À nouveau confiée à Fangio, la 250 F va alors se montrer pratiquement invincible en 1957. L'Argentin s'impose en Argentine, Monaco, France et Allemagne, et enlève son cinquième et dernier titre mondial. Un succès qui coûte cependant très cher à Maserati. Les finances sont dans le rouge, d'autant que Orsi a l'ambition de briller simultanément en F1 et en Endurance. Les barquettes 300 S font une superbe saison 1956 en remportant les 1 000 km de Buenos Aires, du Nurburgring et de Paris, mais s'essoufflent bientôt dans le sillage des Ferrari. La 450 S, lancée en 1957, va mettre Maserati à genoux. Puissante, mais fragile, elle réussit toutefois à s'imposer aux 12 heures de Sebring, mais ne finit pas de casser, le reste de la saison. Comble de malheur, les trois voitures officielles seront accidentées et détruites en quelques minutes, lors du GP du Venezuela. Fin 1958, Maserati jette l'éponge, mais propose à ses clients une nouvelle "Sport", la Tipo 60 ou Birdcage (cage à oiseaux, car son châssis est constitué d'une multitude de tubes très fins). Débutant par une victoire à Rouen en 1959, avec Stirling Moss, elle va enlever ensuite de multiples succès dans les épreuves américaines jusqu'en 1963. Entretemps, la Birdcage offrira à Maserati ses derniers lauriers en course, avec deux victoires consécutives aux 1 000 km du Nurburgring 1959 et 1960, aux mains de Stirling Moss et de Dan Gurney.

Le chapitre compétition se refermera en 1966/1967, deux années pendant lesquelles Maserati fournira officiellement des moteurs V12-3 litres à l'équipe Cooper F1. Au volant de ces Cooper, John Surtees enlèvera le GP du Mexique 1966, tandis que Pedro Rodriguez s'imposera l'année suivante au GP d'Afrique du Sud.