Dans ce long interview que vous pourrez lire dans le journal l'Equipe, Sébastien Loeb aborde plusieurs sujets avec franchise. À travers ses paroles, on comprend qu'il ne porte pas dans son cœur ceux qui ont choisi de privilégier Ogier en Grèce (Quesnel qui n'est jamais cité dans cet interview) en lui donnant tous les moyens de le battre et que sur les 2 années qu'il lui reste à courir, il sera le vrai patron. Cela pose évidemment la question du maintien de Quesnel à son poste et surtout de l'avenir d'Ogier chez Citroën. Car là aussi, on comprend que Loeb cherche à le pousser à aller voir ailleurs. Voici quelques extraits :


Sur sa prolongation et ses envies de retraite :


« La retraite, j'y pense forcément. C'est facile de dire, l'année prochaine j'arrête, mais plus ça approche et plus tu te poses des questions sur ce que tu vas faire ensuite. Quand ce jour arrivera, ce ne sera pas une course comme les autres mais je ne sais pas vraiment à quoi je penserai alors. Peut être que je signerai un autre contrat le lendemain matin ? 

En fait, tous les ans, il y a une période où j'en ai marre des voyages et des reconnaissances mais finalement, il y a toujours plus de positif que de négatif, j'aime le rallye et je suis toujours là.

Quand VW m'a proposé un contrat, j'y suis allé par politesse car dans ma tête, j'arrêtais. Puis j'ai cherché ailleurs, en DTM, mais c'est un truc de spécialiste et je me suis dis que ça pouvait ne pas marcher. Quand je sens que je ne peux pas gagner, je me démotive. C'était le cas lorsque je faisais de la gymnastique, quand j'ai compris que je ne serai jamais champion de France ou du monde, j'ai arrêté.

Avec l'offre de VW, je me suis dit « pourquoi ne pas continuer à faire ce que je maitrise le mieux ? ». Je me sens toujours capable de gagner et Guy Frequelin a été pour beaucoup dans ma décision de poursuivre. Quand Citroën a souhaité rediscuter, ils m'ont expliqué que mon départ serait catastrophique pour eux. Là, je me suis dit qu'aller chez VW pour une seule année de compétition, qui pouvait en plus ne pas fonctionner, me gênerait vraiment vis-à-vis des mécanos et des gars de l'équipe que je connais depuis si longtemps. Si j'étais parti pour 5 ans, cela aurait été différent. Certes j'étais en colère contre les choix en Grèce (Ogier gagne car l'équipe le laisse rouler contre Loeb) mais 95% de l'équipe n'avait rien à voir avec cette décision.

Bref, j'ai changé d'avis toutes les 5 minutes jusqu'au dernier moment. 3mn avant d'envoyer le communiqué, j'ai même appelé Citroën pour leur dire d'attendre encore ! »


Sur Ogier :


« En Grèce, ce n'est pas le fait que Citroën ait laissé rouler Ogier qui me gêne mais qu'on lui donne toutes les chances de me battre alors que j'étais en tête du championnat et que mon adversaire était Hirvonen.S'il n'avait pas gagné en Grèce, je serais en position plus favorable aujourd'hui. Il était légitime de me privilégier dans cette situation. Quel que soit mon équipier l'an prochain, Ogier ou un autre, s'il est plus rapide que moi à la régulière, il sera devant et mon statut de numéro 1 ne me servira pas à grand-chose. Mais si on se retrouve en bagarre devant tous les autres, je n'aurais pas envie de céder ma place.

Je comprends qu'Ogier ne soit pas content car il est capable de gagner. Quand il a signé, on lui a vendu l'idée qu'on partait sur un pied d'égalité. Mais ce sont ses propos en Allemagne qui m'ont dérangé. Je ne suis pas allé pleurer, il y a juste eu une prise de conscience de la marque qui a compris qu'il fallait miser sur le mieux placé au championnat. Ça ne m'a pas plu et ça a nui à mon image alors que j'ai toujours été plus ou moins élogieux vis-à-vis de lui et de ses performances.

Je ne critique pas le fait qu'Ogier veuille me battre, mais lorsque j'étais face à Sainz et McRae, je ne faisais pas de déclarations fracassantes. Avoir les 2 comme ça ans la même équipe, ça ne peut pas bien se passer à long terme.

Un pilote arrivera un jour à me battre. Quelque part, Ogier est le premier qui vient réellement me menacer. Il est vraiment bon mais ce qui me rassure c'est qu'il bat aussi tous les autres, ce n'est donc pas mon propre niveau qui est en baisse ! »


Quelques phrases :


« Je n'aime pas prendre de risques. Au contraire, j'aime bien contrôler les choses, tout maîtriser. Je ne suis pas barjot. »


« J'emmène ma fille à l'école à 9h puis quand je suis à la maison toute la semaine, je vais faire de la musculation et de l'endurance 3 fois par semaine dans une salle près de l'école. Je retourne la chercher à midi et après je profite d'être avec elle. Rien de bien spécial. »


« Stopper après être devenu champion du monde ? C'aurait été dommage d'arrêter à ma deuxième année de rallye ! Mais j'ai toujours dit « demain j'arrête ». En 2002, j'avais dit à ma mère « encore un an et c'est bon ».