Lundi, chemise kaki à col Mao. Comment dit-on cocorico en mandarin ? Enfin, PSA n'est plus esseulé. En s'associant au deuxième constructeur chinois, il s'offre un boulevard sur le premier marché automobile mondial où Citroën vend déjà plus de voitures qu'en France. Un riche partenaire chinois, c'est l'idéal. Après tout, Volvo a été acheté par Geely en 2009 sans délocaliser ses usines suédoises ni perdre son âme. Surtout, PSA échappe ainsi à General Motors qui a saccagé Saab et n'a pas réussi la moindre alliance depuis Chevrolet en 1916 ni un seul rachat depuis celui d'Opel en 1929. Mieux vaut être le joyau d'un petit chinois que la vague dépendance d'un géant américain. Ou la énième marque de Volkswagen.


Mardi, chemise western. Damned, la famille Peugeot a trahi l'oncle Sam. Pour convoler avec des communistes en prime. La nouvelle patronne de General Motors a bien fait de refourguer ses actions PSA. Elle n'aurait pas été tranquille de savoir les nouveaux associés à côté de la photocopieuse. Quel gâchis ! L'alliance Peugeot-Opel aurait pu devenir l'équivalent d'un Renault Nissan, avec un pied aux Etats-Unis qui reste (en valeur) le premier marché automobile mondial. Tant pis pour Citroën, on ne verra pas de DS à Manhattan. Ni de pick-up double cabine chez Peugeot. Juste des Opel remaquillées en Peugeot et Citroën et réciproquement. Tout ça pour fermer deux usines, Aulnay chez nous et Bochum en Allemagne : belle coopération !


Mercredi, chemise bleu horizon, boutonnée en haut. Pauvre France… Avons-nous à ce point déchu qu'il faille appeler au secours le constructeur d'un pays où se vendait, il y a à peine plus de vingt ans, moins de voitures qu'en Belgique ? Comment une famille dont la fortune s'est bâtie depuis plus de deux siècles sur les achats des Français a-t-elle pu s'allier à un pays qui a mis au tapis nos industries du textile, du jouet, de l'électronique et de l'électroménager ? Comment pourront-ils s'opposer au pillage de leurs brevets et au déménagement de nos usines ? Faudra-t-il manger avec des baguettes à la cantine de Sochaux !


Jeudi, chemise rouge. Camarades, un gouvernement prétendument socialiste a permis qu'un élément essentiel de notre outil industriel soit partiellement vendu aux capitalistes chinois pour quelques centaines de millions d'euros ! Non seulement ce gouvernement n'a pas eu le courage du président Obama qui nationalisa GM. Mais en plus, il veut nous faire croire qu'en investissant l'argent de nos impôts pour sauver la famille Peugeot d'une faillite qu'elle a bien mérité, il permet à PSA de rester français. Ne nous laissons pas abuser ! La Chine va piller le patrimoine technologique de Peugeot et Citroën, vider nos usines et ne nous laissera que l'hydropneumatique, le filtre à particules et la 309 pour aller au Pole Emploi !


Vendredi chemise à rayures et col Oxford. Joli coup pour Dongfeng qui s'offre le quasi-contrôle d'un constructeur pesant trois fois plus lourd que lui. Tant pis pour la famille Peugeot : ils n'ont pas voulu épouser un allemand, ils ont joué la mijaurée avec le prétendant américain, les voilà fiancés avec un rustique chinois. Qui n'attend qu'une occasion pour remettre au pot et les envoyer en vacances. En attendant, qu'ils ne se plaignent pas : ils auront accès aux réserves de cash illimitées du système bancaire chinois et à un marché de 22 millions de voitures. Cela leur permettra de développer leurs technologies originales comme le système Hybrid'air ou leur boîte robotisée à simple embrayage qui fait joliment bouger la tête du chien en plastique sur la lunette arrière.


Samedi, arrêtons de penser, consommons : j'enfile ma marinière Armorlux et prends le volant de mon SUV japonais pour acheter des machins made in PRC (People Republic of China) avant d'emmener les gamins déjeuner au McDo.


Dimanche, cuir italien sur le dos, j'enfourche ma moto allemande et pars prier pour l'économie de mon beau pays que j'aime tant.