Grand merci à Michèle Mouton qui accepté de converser avec Caradisiac alors qu’elle ne donne quasiment plus d’interview. L’occasion d’en savoir un peu plus sur la vie d’automobiliste de cette pilote au palmarès exceptionnel.

Caradisiac : Te rappelles-tu du jour où tu as passé ton permis de conduire ?

Michèle Mouton : Bien sûr, pour toutes mes copines, c'était l'année du bac, pour moi, c'était l'année du permis de conduire ! Comme je conduisais depuis l'âge de 14 ans, je n'ai eu besoin que de quatre leçons avant de l'avoir. Je me rappelle encore l'examinateur qui m'a dit : “Soyez surtout attentive aux changements de vitesses...” Il en a eu pour son compte, des changements de vitesses ! Finalement, au bout de cinq minutes, je l'ai eu.

Caradisiac : Sur la route, tu "attaques" ou tu es plutôt tranquille ?

Michèle Mouton : Avec la quantité de gens qu'il y a sur la route, il vaut mieux être très prudent. Cela dit, lorsque je suis très pressée, les réflexes reviennent au grand galop.

Caradisiac : Et, dans ce cas, avec gendarmes, ça se passe comment ?

Michèle Mouton : Il y a ceux, sympa, qui me disent : “Allez, Madame Mouton, vous pouvez rouler !” Il y a les grincheux qui veulent me verbaliser, mais en général je m'en sors plutôt bien. Il y a aussi ceux qui s'excusent de ne pas m’avoir immédiatement reconnue.

Caradisiac : Te rappelles-tu de ta première voiture ?

Michèle Mouton : C'était une 4L. Je me rappelle même de l'immatriculation. Je l'ai même utilisée pour une course de campagne que j’ai gagnée! Ça se déroulait dans un pré boueux à souhait, il y avait aussi des Mini-Cooper. Eh bien, avec ma 4L, j'ai réussi à faire le meilleur temps !

Caradisiac : As-tu gardé certaines de tes voitures de compétition ?

Michèle Mouton : Non, aucune, je ne suis absolument pas collectionneuse. Je crois qu'elles sont restées à l'usine, et certaines ont dû être vendues.

Caradisiac : Quelle est ta voiture actuellement ?

Michèle Mouton : Je suis restée très fidèle à Audi et j'ai un cabriolet.

Caradisiac : Es-tu toujours aussi passionnée de voitures ?

Michèle Mouton : Avec l'organisation de “The Michelin Race of Champions”, aux Canaries, je suis obligée de me tenir informée. En plus, je suis présente sur la plupart des manches du championnat du monde des rallyes. Je reste quand même dans le milieu automobile.

Caradisiac : Quelle serait la voiture de tes rêves ?

Michèle Mouton : Une Ferrari ou une Porsche peut-être.

Caradisiac : Quels sont tes critères dans le choix d'une voiture ?

Michèle Mouton : Avant tout l'esthétisme : j'aime bien un bon look, des formes arrondies, élégantes. Ensuite, le confort et le bruit du moteur.

Caradisiac : Qu'attends-tu en priorité d'une voiture ?

Michèle Mouton : Qu'elle ait un bon comportement latéral, qu'elle soit puissante, qu'elle ait de la reprise et du couple. Je crois que toutes ces caractéristiques sont très importantes.

Caradisiac : Tu t'y connais en mécanique ?

Michèle Mouton : Pas du tout, ou plutôt le minimum.

Michèle Mouton :   "quand je suis pressée, les réflexes   reviennent au grand galop"

Caradisiac : Mais comment faisais-tu en course ?

Michèle Mouton : C'était Jean-Pierre Nicolas qui travaillait sur tous les réglages, ce qui constituait une base de référence. Ensuite, lorsque j'essayais l'auto, je n'avais qu'à dire si les réglages me convenaient ou s'il fallait travailler sur tel ou tel point, durcir à tel endroit...

Caradisiac : Un coup de gueule ?

Michèle Mouton : Je crois que les gens sont beaucoup trop égoïstes au volant. Ce n'est pas la personne qui roule doucement qui me gêne, mais plutôt celle qui vous bloquera et ne vous laissera passer sous aucun prétexte.


Le palmarès exceptionnel de Michèle Mouton

Faut-il encore présenter Michèle Mouton, notre rallye-woman française, au palmarès exceptionnel ? Eh bien oui, car depuis son départ de la compétition, en 1986, aucune femme n'a repris le flambeau.

Pilote d'usine sur Fiat 131 Abarth en 1978, elle est recrutée en 1981 par Audi pour essayer la nouvelle Audi Quattro Sport groupe B. Elle remporte alors le San Remo, c'est la première fois qu'une femme remporte une manche d'un championnat du monde.

En 1982, l'Audi est au point, et Michèle va remporter trois rallyes du championnat du monde : le rallye du Portugal, de Grèce et du Brésil. Elle se classe ainsi deuxième au championnat du monde.

En 1984, elle est première en catégorie Rallye, et deuxième au général au Pikes Peak, course de côte mythique qui se court dans le Colorado, appelée également “la course dans les nuages”. En 1985, elle bat tous les records de cette course et la remporte.

En 1986, après un titre de championne d'Allemagne avec Peugeot, et l'annonce durant le Tour de Corse de la fin des voitures du groupe B, Michèle décide de mettre un terme à sa carrière pour se consacrer à une vie “plus familiale”. Depuis 1988, Michèle organise, afin de clôturer la saison automobile, “The Michelin Race of Champions”, aux îles Canaries.

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