Les experts sont arc-boutés sur les indicateurs et étudient la moindre réaction épidermique sur la sémantique tout en était au pouls de la conjoncture. Vendre et produire des voitures dans un marché que l'on appelle pudiquement mature pour ne pas avouer qu'il est usé jusqu'à la corde, à force d'avoir raboté l'enthousiasme et les moyens de l'automobiliste, c'est devenu un exploit tel que l'on pense parfois à s'en remettre aux incantations divines.


Pour tenter de démêler l'écheveau, étudions quelques pistes. Les récentes études ont montré que le Français aimait toujours rouler avec des voitures françaises. Mais ce réflexe s'est cependant émoussé car le même tricolore a compris le concept dit du « made in France ». Et comme ils savent que l’essentiel des voitures tricolores sont construites à l’étranger, ils s'orientent vers la production nationale quand bien même elle ne serait pas issue d’une marque hexagonale. Concrètement, une Toyota Yaris du Nord de la France aura plus de charme que la future C3 de l'Europe de l'Est.


Comme Renault fabrique seulement 18% de ses véhicules sur le territoire et Peugeot-Citroën, autour de 35%, ces derniers se font du souci. Et communiquent. On apprend ainsi que la production des constructeurs français en France a progressé de 18,2% au premier trimestre 2014. Une reprise s'explique en partie par la bonne tenue du marché en France et en Europe. Mais aussi par les accords de compétitivité signés. Résultat, Renault insiste sur le fait que la Clio, premier modèle vendu dans l'Hexagone au premier trimestre, est en partie fabriquée en France. Chez PSA, on n'est pas en reste. On précise que les Peugeot 2008 et Peugeot 308 sont assemblées dans l'Hexagone. Il en est de même pour la Citroën C4 Picasso.


La partie est-elle pour autant gagné ? A-t-on ici circonvenu le consommateur ? Que nenni. Il y a d'autres éléments à prendre en compte. Carlos Ghosn, le maître du groupe au losange a dressé un autre portrait type du client en livrant sa vision de la "voiture du futur", un exercice qui se faisait l'écho d'une invitation de l'automobile-club de France. Et le boss de Renault Nissan a un credo : ramener, sous nos latitudes, la jeunesse à notre industrie. Un enjeu de taille s'il en est car si une génération ne s'attache pas à l'auto, la suivante, par effet de tuilage lui emboîtera le pas. Un effet boule de neige propre aux avalanches qui emporteront définitivement les espoirs et certitudes de cette industrie.

Pour ce faire, il faut embrayer sur la voiture connectée. La voiture sans conducteur est le but à atteindre. Une automatisation de la conduite qui permettra de dégager du temps libre. Enthousiasmant, peut être, mais à quel prix ? Et là, on retrouve la quadrature du cercle puisque le même Carlos Ghosn clame qu'il va falloir baisser les tarifs : « La voiture reste un objet cher, il faut que l'on continue de travailler. Il faut une voiture à moins de 5 000€, et celle-ci arrivera en 2015 en Inde ».

Et il est un fait que le levier le plus évident pour séduire le client est le prix de la voiture. Finalement, il n'y aurait rien de neuf sous le soleil ! Un sondage a démontré que si un jour des voitures de marque chinoise roulaient en France, 40% des interrogés seraient prêts à les acheter si elles étaient vendues au moins 25% moins chère que les Européennes.

Résumons la voiture idéale : elle devra être fabriquée en France, être technologiquement très avancée en proposant une autre façon de rouler et coûter moins de 5 000 euros. Pour sûr, il est décidément très compliqué de satisfaire ce diable de citoyen.