Tout commence en 1912, date à laquelle le projet de créer la première piste permanente automobile allemande est lancée, contrairement aux habitudes de l’époque, qui étaient de fermer occasionnellement des routes publiques. A ce moment, les montagnes du Eifel ne sont qu’un lieu potentiel parmi de nombreux autres.

Malheureusement, la première guerre mondiale fera irruption et mettra temporairement le projet de côté. Il faudra attendre 1925 pour qu’il repasse sous les projecteurs, date à laquelle le Dr Otto (forcément) Creuz, sorte de préfet de l’Eifel de l’époque, parviendra à convaincre le gouvernement allemand qu’une grande piste automobile serait génératrice de nombreux emplois dans cette région plutôt pauvre.

Ainsi l’année suivante, ce n’est pas moins de 3000 ouvriers qui seront chargés de transformer les plans d’un certain Gustav Eichler en réalité. La boucle du Nord de 22,81 km, la Nordschleife, et la boucle du Sud de 7,75 km, la Südschleife, partageaient la même ligne de départ et d’arrivée de 20 mètres de large. Une fois combinée, elles formaient les 28,27km de la Gesamtstrecke, que l’on pourrait traduire par « course complète ».

Le 19 juin 1927, Rudolf Caracciola gagnera la toute première course, frappant de stupeur la foule en empruntant la piste en béton en dévers du Karussell, qui à la base ne devait servir que pour le drainage. Au mois de juillet suivant, Otto Merz y remportera le premier Grand Prix après que Caracciola soit tombé en panne pendant la course.

C’est en 1935 et devant 300 000 spectateurs allemands que naîtra la première histoire légendaire du Nürburgring d’une longue liste, lors d’une bataille féroce dont sortira vainqueur l’italien Tazio Nuvolari au volant de son Alfa-Romeo 3.2l, premier non-allemand à gagner un Grand Prix face à l’armada des Mercedes 4.9l et Auto-Union sponsorisées par les Nazis et qui avaient tout dominé jusque là.

Lors de l’édition de 1936 du Eifelrennen (course de l’Eifel), la piste sera recouverte à mi-parcours d’un épais brouillard, forçant tous les pilotes à ralentir. Tous ? Non. Bernd Rosemeyer, qui connaissait la piste comme personne, tournait 30s plus vite que tous ses rivaux, dont Nuvolari et Caraciolla. Lors du Grand Prix de la même année, il battra en course le record du tour, en devenant le premier à passer sous la barre des 10 minutes.

En 1938, une nouvelle section de la piste est ouverte, la Stichstrasse, permettant à la Südschleife de devenir un circuit indépendant en court-circuitant les lignes droites de départ et d’arrivée. L’année suivante, la seconde guerre mondiale éclate, cessant toute activité sportive jusqu’en 1950.

En 1957 et après avoir gagné les quatre Grand Prix précédents, Juan-Manuel Fangio y réalisa une performance surnaturelle qui restera dans les annales, battant au passage le record de la piste vieux de 20 ans de Rosemyer et remportant le Grand Prix face à des pointures comme Mike Hawthorn, Peter Collins, Tony Brooks ou Stirling Moss. « J’ai fait des choses que je n’avais jamais faites avant, je ne veux plus jamais reconduire de cette façon » confiera un Fango épuisé à la fin de la course. Une promesse qu’il tiendra, plus qu’il mettra un terme à sa carrière l’année suivante.

En 1958, et même s’il ne gagna pas le Grand Prix de cette année-là, l’allemand Wolfgang von Trips rentrera dans l’Histoire en devenant le premier pilote à passer sous la barre des 9 minutes.

En 1967, la chicane d’Hohenrain est ajoutée au début de la ligne droite de départ/arrivée, afin de réduire la vitesse à l’entrée des stands, la réputation de dangerosité du circuit commençant à devenir un véritable problème, ce qui n’empêchera pas le belge Jacky Ickx de passer sous la barre des 8 minutes en 1969, gagnant le Grand Prix de cette année-là avec une vitesse moyenne de 175km/h.


Nürburgring, guide dans l'Enfer Vert

Mais en 1970, la grogne des pilotes aura raison du terrible Ring. Cette année, le Grand Prix est transféré à Hockenheim pendant que la Nordschleife subira de nombreuses modifications : certains virages sont ajustés ou raccourcis, des kilomètres de rambardes sont ajoutées et de nombreuses bosses sont aplaties, permettant au Grand Prix de revenir l’année suivante.

En 1975, l’autrichien Niki Lauda pulvérise le record du tour, devenant au passage le premier pilote à passer sous la barre des 7 minutes avec un tour réalisé en 6min58s aux essais. Un titre qu’il conservera définitivement, puisque l’édition de 1976 du Grand Prix de F1 sera la dernière sur une Nordschleife dont la sécurité n’est plus en adéquation avec les standards toujours plus élevés imposés par les organisateurs. Un danger bien présent dont Niki Lauda fera malheureusement la démonstration en perdant le contrôle de sa F1 (suite à la casse probable d’une suspension arrière) sur la courbe rapide arrivant sur Bergwerk. Passant très près de la mort, il sortira de cet accident défiguré.

En 1981, de nouveaux travaux commencent, menant à la destruction de la zone de départ/arrivée originelle et d’une partie de la Südschleife qui n’était plus exploitée ni entretenue depuis 1973. La longueur de la Nordschleife passera alors à 20,83 km, telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Il ne faudra pas attendre longtemps avant que les premiers records de la piste arrivent. En 1983, durant des qualifications, Stefan Bellof réalise le tour le plus rapide jamais réalisé au volant de sa Porsche 956 avec un temps de 6min11s.

En 1984, le circuit de F1 tel que nous le connaissons aujourd’hui accueille son premier Grand Prix, qui sera gagné par Nelson Piquet sur sa Brabham BMW.

Le Nürburgring étend son domaine d’activité en 1985, en accueillant un festival de rock exceptionnel, le Rock Am Ring. Devant le grand succès rencontré, il deviendra un évènement annuel qui est toujours aussi populaire aujourd’hui.

Le Nüburgring Old Timer Grand Prix voit le jour en 2002, et permet à d’anciennes voitures de course de parader sur la Südschleife.

En 2007, Nick Heidfeld réalise un temps de 6min30 au volant de sa F1 BMW lors d’un évènement promotionnel. La même année, une grande partie des stands et des constructions de bord de piste, incluant la piste de kart et le musée, sont détruites afin de faire place au nouveau plan de développement, toujours en cours aujourd’hui. Le périmètre de sécurité autour de la piste, des barrières de 3m de haut, est terminée, afin d’éloigner les spectateurs qui pouvaient s’approcher dangereusement jusque là.

En 2009, toujours dans le cadre du nouveau plan de développement, le Nürburgring accueillera les montagnes russes les plus rapides du monde, le Ring Racer. Des accélérations de 0 à 200km/h en 2.5s sont promises aux courageux candidats.