En ces temps troublés où le secteur automobile mondial connait de profonds bouleversements, il n'y a pas que les constructeurs automobiles américains qui perdent leur lustre et leur leadership, c'est le pays tout entier qui abandonne son statut de premier de la classe. Et si Toyota est déjà constructeur n°1, on ne sait pas encore si le marché chinois est devenu premier "consommateur" d'automobiles de la planète.

Les annonces sont contradictoires et selon les organismes émetteurs, les chiffres de vente comportent un tel écart qu'il est difficile de savoir précisément si le marché chinois est effectivement devenu le premier marché automobile mondial sur le premier trimestre 2009. Une seule certitude unanime : il croît.

Premières affirmations de l'ACCA (Association Chinoise des Constructeurs Automobile), le marché chinois aurait absorbé 2.68 millions de voitures sur les 3 premiers mois de l'année (+3.9%), ce qui comparé aux 2.21 millions du marché américain (-38%), en ferait un leader planétaire.

Problème : les résultats du mois de mars sont contestés par certains organismes qui estiment les ventes entre 600 et 700.000 voitures tandis que l'organe officiel annonce un volume de 1.1 million. En se basant sur ces chiffres, la Chine n'aurait écoulé "que" 1.99 million de véhicules et resterait donc second dans la hiérarchie.

Au delà des chiffres, une réalité incontestable

Mais cette querelle de chiffres semble bien puérile et ne peut démentir une tendance lourde qui amènera irrémédiablement le marché chinois au sommet des "charts". Ce n'est qu'une question de temps, de très court terme même.

Le gouvernement chinois a comme ses homologues européens et américains mis en place des mesures d'incitation fiscale qui sont en train de redessiner et d'élargir le panel de clients qui était jusque là circonscrit aux régions côtières, plus riches. En choisissant de largement détaxer les petites cylindrées jusqu'à 1.6l représentant déjà 50% des ventes globales, le gouvernement permet aux habitants des campagnes de l'intérieur du pays d'accéder à l'automobile moderne. En Chine aujourd'hui, 80% des acheteurs acquièrent leur première voiture ! Le réservoir de client disponible est immense et les volumes de vente vont rapidement exploser.

Chine, sauveur du monde automobile

La Chine pourrait alors très vite devenir le sauveur du secteur automobile dans son ensemble comme le confirme les 13 premières mondiales dévoilées au salon de Shanghai. En attendant que les pays aux marchés saturés se renouvellent avec de nouveaux types de motorisation, la Chine offre à ceux qui n'ont pas anticipé le changement un nouveau délai, comme une seconde chance.

General Motors, par exemple, a vu ses ventes chinoises repartir à la hausse non pas avec Buick mais avec Wulin, sa coentreprise avec un constructeur inconnu fabricant de minivan et de camionnettes.

Les japonais et notamment Honda qui ne savent plus comment économiser un yen pour éviter de plonger dans le rouge ne voient plus leur salut qu'à travers leur présence en Chine. Honda espère une hausse de 10% de ses volumes de vente dans l'Empire du milieu.

Et pour les français ? PSA se réjouit de cette réorientation du marché chinois vers des modèles plus économiques. Leurs ventes ont d'ailleurs bondi de de 37000 à 52000 entre le dernier trimestre 2008 et les 3 premiers mois 2009.

Bref, l'Eldorado n'est plus à l'Ouest, il est dans la direction opposée. On le savait mais les derniers soubresauts du marché chinois alternant les hausses spectaculaires et les reculades mystérieuses laissait penser que la maturité n'était pas pour demain dans ce pays immense toujours assez obscur. Mais définitivement et plus que jamais, on sait désormais que ceux qui n'y sont pas déjà seront les perdants de demain.

La bagarre de chiffres en introduction n'en parait que plus insignifiante.