D'abord la terrible évidence : l'alcool est, depuis 2006, la première cause de mortalité sur les routes françaises, avec près d'un tiers des tués (30,8% en 2011). Une statistique connue de tous qui devrait faire plancher sérieusement nos dirigeants. Leur réponse ? Des radars. Qui assurent une vendange d'un genre sonnant et trébuchant alors que notre jeunesse est fauchée comme les blés et qu'on les ramasse à la pelle telles les feuilles mortes sur le bord de nos routes. Tiens, un autre indicateur pour nous en persuader : les 18-24 ans, qui représentent 9% de la population, font 25% des tués soit 1 000 morts, et l'alcool intervient dans 40% des accidents mortels qui les touchent.

N'en jetez plus, la coupe est pleine, il faut abolir ce taux alcool autorisé qui doit être inférieur à 0,5 g/l de sang ! C'est d'ailleurs la récente idée lancée par le conseil national de la sécurité routière. Sauf que cette mesure ne concernerait que la génération précitée. Un clivage qui laisserait à penser que les autres tranches d'âges sont irrécupérables, au point d'être condamnée.

Ceci dit, si vous reprenez une tournée de chiffres, vous découvrirez que ce qui précède n'est pas faux, mais pas juste pour autant. Un cocktail explosif. Jugez-en : si, répétons-le, l'alcool est, depuis 2006, la première cause de mortalité sur les routes françaises, avec près d'un tiers des tués (30,8% en 2011), ce taux est bien supérieur à l'Angleterre (17%) ou l'Allemagne (10%), à consommation d'alcool quasi égale. Par ailleurs,en Grande Bretagne, le taux d'alcool autorisé est supérieur au nôtre (0,8 g/l de sang au lieu de 0,5 g/l). Et pourtant, la perfide Albion obtient de meilleurs résultats.

Lorsque l'on passe tout ça au shaker, on comprend que la question du taux zéro d'alcool revient tel un serpent de mer. En 2004 et en 2006, le même conseil national de la sécurité routière avait étudié le sujet pour conclure que dorénavant et à partir de maintenant, ce serait comme d'habitude.

Entre une loi Evin qui ne semblerait pas si bien appliquée et des lobbys en lutte pour leur pré-carré économique, l'affaire tourne un peu plus au vinaigre, et l'on sait, qu'en la matière, les mélanges ne sont pas bons. Et dire qu'arrive, maintenant, la consommation des produits stupéfiants... Entre vapeur d'alcool et écran de fumée, il ne sera décidément pas aisé de cerner les contours de la conduite addictive.