Pour cet essai réalisé au Portugal au départ de Lisbonne, nous avons jeté notre dévolu sur la très désirable carrosserie cabriolet. Celle-ci se voit lestée de 70 kilos de plus que le coupé, mais ce surpoids est largement gommé par la puissance disponible. De plus, à aucun moment l’on n’aura à se plaindre d’un manque de rigidité de la caisse en utilisation routière, même sur chaussée déformée ou dans le cadre d’une conduite à rythme enlevé.

Tous les ingrédients du plaisir sont réunis, à plus forte raison quand se déploie le très efficace saute -vent, lequel préserve bien mieux l’habitacle des turbulences que ne le fait la bulle de la version Targa.

Toit ouvert, on profite au mieux des vocalises du flat 6, que l’on pouvait redouter contrariées par l’adjonction des turbos. Or, il n’en est rien. La 911 conserve son timbre métallique caractéristique - notre modèle d’essai était doté de l’indispensable échappement sport facturé 2 628 €, lequel se reconnaît aux deux sorties centrales. La nouveauté, comme vous pouvez l’entendre dans notre vidéo, est que les mélopées s’accompagnent désormais d’un léger sifflement de turbine, auquel les oreilles s’habituent très vite. De toute façon, ledit sifflement n’est plus guère audible à partir de 4 500 tr/mn, le régime auquel la maison Porsche estime que commence le plaisir automobile (c’est du moins le discours que tenaient ses dirigeants avant de proposer des moteurs diesel sur le Cayenne...). Surtout, les tympans continuent de se régaler des pétarades au lever de pied qui confèrent une savoureuse ambiance « 24 heures du Mans » à vos déplacements quand les modes de conduite sport sont enclenchés. La bande-son reste plus policée que les borborygmes rageurs d’un V8 signé AMG ou Jaguar (qui n’a jamais entendu chanter le V8 de la F-Type dans un tunnel n’a rien entendu), mais la satisfaction auditive est laaaargement au rendez-vous.

Essai vidéo - Porsche 911 Cabriolet restylée : à pleins poumons

La 911 cabriolet reste fidèle au toit souple, lequel peut s’ouvrir jusqu’à 50 km/h. Il se voit doté d’une lunette arrière en verre, tandis que la structure magnésium de son mécanisme se montre aussi rigide que légère. Le saute-vent arrière est fourni en série. Il se déploie électriquement en deux secondes et, une fois en place, préserve fort bien l’habitacle des turbulences.


La greffe des turbos a l’avantage de gommer l’un des (rares) défauts des dernières générations de 911, à savoir un certain manque d’allant à bas régime. Le couple maximal est disponible dès 1 700 tr/mn, comme sur un bloc nourri au gazole (!), et ce jusqu’à 5000 tr/mn. Et 5 000 tr/mn, c’est encore 2 400 tr/mn sous la zone rouge... Bref, si le flat 6 conserve toute sa vigueur et son explosivité, la nouveauté est qu’il n’est plus nécessaire de le cravacher (même s’il adore ça) pour en extraire la quintessence. Excellente souplesse d’usage et relances-éclair complètent le tableau.

Toutefois, pour plaisant qu’il soit à l’usage, ce nouveau moteur ne « ringardise » pas celui qu’il remplace, et dont on apprécie l’allonge supplémentaire à haut régime.

La boîte PDK à sept rapports (+ 3540 €), qui représente environ 90% des ventes de 911, se montre toujours aussi réactive, même en mode 100% automatique. De fait, on savoure autant son débit en conduite sportive que sa douceur dans le cadre d’un « cruising » tranquille sur le réseau secondaire. On note au passage que le levier de vitesse rétrograde désormais dans le bon sens, c’est-à-dire vers l’avant (comme sur la GT3).

Pour le reste, on retrouve les qualités routières qui ont forgé la légende 911 : les commandes sont douces, la direction précise, le freinage ultra-mordant, et le confort de bon aloi pour une sportive. Le comportement routier n’est jamais piégeur, et l’auto embarque une batterie d’aides électroniques qui en préservent l’équilibre et savent n’intervenir qu’à bon escient. A la plus grande satisfaction des conducteurs chevronnés, qui conservent bien sûr la possibilité de « tout débrancher » à l’occasion par exemple d’une sortie sur circuit, mais aussi de celle de conducteurs d’un niveau plus modeste, qui s’étonneront de la facilité avec laquelle cette légende automobile les propulse dans des sphères extraordinaires. La légende 911 se porte bien, merci pour elle.