Benoit Tréluyer, qui dispute ses premières 24 Heures du Mans avec Audi, confie sa grande satisfaction de travailler avec la firme d’Ingolstadt. Le natif d’Alençon parle de l’esprit de famille, du professionnalisme et de l’absence de pression du constructeur allemand.


Benoît, ce sont vos premières 24 Heures du Mans avec Audi. Qu’est-ce qui vous marque dans le cérémonial de la marque allemande ?

C’est tout simplement énorme ! On est sur-occupés. De mon point de vue, c’est un peu trop pour les pilotes, étant donné qu’on doit presque davantage se consacrer aux à-côtés qu’à la course. Heureusement, on a une équipe technique qui nous relaie et notre vrai travail se situe dans la voiture. Les techniciens, après avoir reçu nos commentaires et grâce aux données, n’ont pas forcément besoin de nous pour travailler.


On sait tout ce qu’a apporté Audi au sport automobile. Est-ce qu’on ressent la pression, le poids de l’expérience, en rejoignant une telle équipe ?

Non, et c’est là où ils sont incroyables. Ils sont très humbles et ne nous mettent aucune pression. Ils nous ont choisis après longue réflexion, ils savent ce qu’ils font, ils n’ont donc pas de pression à nous mettre. En outre, tout est simulé, calculé et à nous de faire notre travail au mieux. Il y a vraiment un esprit de famille dans cette équipe. On ne ressent pas la pression du constructeur derrière. C’est très agréable pour les pilotes.


Vous parliez de votre occupation lors des « à-côtés ». Ne manquez-vous pas un peu de roulage ?

Manquer de roulage, j’aurais pu vous le dire quand j’étais chez Henri (Pescarolo), qui manquait de budget, donc de roulage. Honnêtement, on a fait énormément de kilomètres avec la R15 Plus. Je me sens suffisamment bien préparé pour attaquer la course.


Mais sur ce circuit des 24 Heures ?

Oui, on peut toujours rouler plus. Mais on n’en finit pas. On ne va pas faire trois semaines de roulage. C’est vrai que les pré-qualifs, c’était bien, ça permettait d’avoir le temps de réfléchir. Maintenant, c’est aussi un défi que d’arriver et d’avoir juste une semaine comme pour toutes les autres courses. Puis, il ne faut pas oublier qu’on est toujours dans une crise économique et que la réduction des coûts reste une chose importante, pour que nous et surtout des teams privés puissions participer à une telle épreuve.


Quand on est pilote, on se doit de penser à ce contexte économique ?

Je pense qu’il ne fait jamais oublier ce genre de choses, même si, pour nous, tout se passe bien. J’ai des amis qui aimeraient rouler et qui n’ont pas la chance que j’ai eu, qui sont aujourd’hui dans une situation où ils n’arrivent plus à trouver de sponsor, et qui ne peuvent plus se faire plaisir en roulant. Il faut faire en sorte que tout le monde puisse continuer à prendre du plaisir. La vie, c’est aussi fait pour ça, il faut donc savoir faire des sacrifices pour continuer à se faire plaisir.


Vous parlez des difficultés liées au contexte économique. Cette année, Pescarolo Sport n’est pas là. Pour vous qui avez rouler avec Pescarolo, ça doit vous faire mal…

Ca me fait énormément mal au cœur de ne pas voir Henri ainsi que toute son équipe. Car il ne faut pas oublier que, derrière Henri, il y a toute une équipe de gens passionnés, qui ont tout donné pour cette équipe. Les voir en vacances cette semaine, ça fait mal au cœur. Je n’ai malheureusement pas le temps d’aller les voir, en raison de mes occupations chez Audi. J’essaie d’aller voir Henri à chaque fois que je l’aperçois au loin, d’aller lui passer le bonjour et discuter avec lui. Je l’ai appelé plusieurs fois cet hiver. Je savais quelle était la situation. Dès que j’ai été en contact avec Audi, je l’ai appelé pour lui demander ce qu’il en était au niveau de son équipe. Pescarolo, c’était ma priorité car Henri est la personne qui m’a permis de faire Le Mans dans de bonnes conditions et qui aide énormément les jeunes pilotes français. Ce serait bien qu’il continue ou que quelqu’un prenne le relais derrière lui. Mais ça fait vraiment mal au cœur qu’il ne soit pas là.


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