Avec l'aventure Pikes Peak, le site de Peugeot Sport où est construite la 208 T16 retrouve une activité frénétique. Des groupes se succèdent pour visiter l'usine, c'est nettement plus agité qu'il y a quelques mois, après le coup d'arrêt du programme sportif prononcé l'an dernier alors que les équipes s'activaient sur la 908 Hybrid. Des 280 personnes présentent à l'époque, il n'en reste plus que 150 aujourd'hui, elles travaillent principalement sur les autos destinées à la Compétition-Client mais également à la future RCZ R de série qui sortira d'ici.


Vidéo - La Peugeot 208 T16 Pikes Peak se met à nu

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A fond derrière les 208


Chez Peugeot Sport, on met le paquet sur le produit 208 et on est plutôt fier d'avoir vendu 80 exemplaires des versions R2 en 6 mois alors que les objectifs de ventes annuelles étaient de 50 voitures ! Même si l'activité « compé-client » n'est pas (encore) bénéficiaire, Peugeot Sport a identifié un marché global d'environ 800 voitures en Europe, de quoi inciter à développer encore les offres. À ce jour, il existe déjà 5 versions différentes de 208 de compétition. L'autre modèle sur lequel l'équipe place de gros espoirs, c'est la future 208 T16 de rallye (catégorie R5) qui va remplacer les 207 S2000 actuelles. La version présentée au Mondial de Paris a fait sa tournée des salons et un prototype actuellement en phase de mise au point fait face à l'autre 208 T16, celle de Pikes Peak, dans l'atelier. Petite curiosité, Citroën commercialisera également une DS3 R5 qui sortira des ateliers de Peugeot Sport, un programme commun similaire à celui de la DS3 R3 dont plusieurs exemplaires voisinent avec leurs cousines du Lion, dans le hall d'entrée. Le souci de rationalisation économique bien compréhensible est perceptible.

Dans le hall où l'on retrouve la 405 T16 d'Ari Vatanen de retour du Mont Ventoux, des DS3 R3, 208 R2 et R5 ou encore une RCZ Cup neuve «  à livrer », on découvre aussi une maquette de 908 Hybrid et surtout, 2 exemplaires de 908 de compétition placés sous une bâche.


« On ne lève pas la bâche, c'est un peu notre cimetière ces 908 ». Manifestement, on n'a pas encore digéré le traumatisme de début 2012.


Les 2 modèles (une première mouture et une dernière rapatriées du musée de Sochaux où sont entreposées toutes les 908) servent en fait de banque d'organes pour la 208 T16 Pikes Peak qui nous intéresse aujourd'hui. C'est une preuve supplémentaire que le programme a été construit à l'économie. À ce propos, j'apprends que l'équipe Peugeot Sport qui se rendra dans le Colorado début juin comprend en tout et pour tout … 12 personnes y compris la communication, le boss Bruno Famin et le chef de projet Jean-Christophe Pallier. On est loin de l'armada des années précédentes, l'opération est plutôt du genre commando.


Dans la matrice


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Dans un coin de l'atelier, un petit groupe de 4/5 personnes s'active autour de la 208 T16 PP débarrassée de sa carrosserie. L'auto doit être préparée pour son voyage vers les USA qui débute jeudi, ce qui nous permet de découvrir un arceau très proche de ce que l'on voit en Nascar, ce que nous confirme Bruno Famin : « On n'a pas voulu prendre de risques avec la sécurité et on s'est effectivement inspiré des structures utilisées en Nascar. »


Pour parvenir à construire la voiture en 4 mois et avec le budget alloué, le concepteur Jean-Christophe Pallier et le directeur de Peugeot Sport nous expliquent qu'il a fallu faire quelques concessions. Selon eux, avec un peu plus de temps à disposition, certaines pièces auraient été optimisées et donc plus légère tandis que l'aérodynamique aurait été un peu plus soignée. Par contre, sur le plan des suspensions intégralement reprises de la 908, le chef de projet est catégorique, elles sont parfaitement adaptées à l'exercice. Idem pour le moteur. Le choix à disposition n'était pas énorme puisque la seule alternative au V6 3,2 l biturbo des Pescarolo du début des années 2000 était le V8 HDI des 908 jugé trop lourd et pas assez puissant pour l'exercice de Pikes Peak.


Débriefing


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Le problème d'embrayage rencontré au Ventoux n'inquiète personne puisqu'il est consécutif aux multiples départs arrêtés effectués du Chalet Reynard, un cas de figure qui n'existera pas lors de la course de Pikes Peak où l'embrayage ne sert qu'une fois et où le départ est effectué lancé.

Bruno Famin explique que malgré la météo exécrable du deuxième jour d'essai, Michelin a tout de même concocté un choix de 2 à 3 gommes différentes spécifiquement réalisées pour la 208 T16. Pour cela, Michelin s'appuie également sur l'expertise de Bertrand Doron installé aux USA qui accompagnait Romain Dumas en 2012. Au final, même la pluie du Ventoux leur a permis d'emmagasiner quelques informations si les averses devaient s'inviter le jour de la course, comme l'an dernier. Chez Total, même combat, on a réalisé un carburant spécialement adapté au V6 alors que Bruno Famin nous avoue que pour satisfaire Sébastien Loeb qui se plaignait d'une trop grande nervosité de l'auto dans le rapide, la démultiplication de la direction a été revue. Il en profite pour nous affirmer que l'Alsacien appelle tous les jours pour se tenir au courant de l'avancée des travaux et que selon lui, le fait qu'il soit pilote de rallye (et quel pilote de rallye !) sera un avantage par rapport aux pilotes circuit présents. Sa faculté à approcher des limites dans un environnement hostile (arbres, précipices…etc) s'est renforcée après plus d'une décennie de rallye et c'est pour cela que Bruno Famin continue de croire la victoire possible pour une première participation et ce, même si la concurrence sera nombreuse, expérimentée et très bien outillée.

L'évocation des rivaux aboutit d'ailleurs à une réponse surprenante car les premiers noms qui viennent en tête de Bruno Famin n'est pas nécessairement Tajima, le recordman des victoires mais plutôt Pagenaud en Honda (laquelle ?), Millen et sa nouvelle voiture, Toyota et son proto électrique qui ne subira pas de perte de puissance en altitude ou encore Jean-Philippe Dayraut. Quant à la barrière des 9mn, même si Bruno Famin ne veut pas l'avouer car c'est bien la météo sur place (souvent capricieuse à cette altitude) qui conditionnera le chrono, on peut penser qu'en cas de beau temps, elle sera atteinte, voire franchie.


Les dés techniques sont maintenant jetés, ce sera bientôt au pilote d'entrer en scène, c'est à lui que reviendra la charge de finir le travail.

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Nous serons avec l'équipe dans le Colorado, mais sachez que vous pouvez également suivre l'aventure sur le site http://pikespeak.redbull.fr/