Bixhope, à l’affiche des 50 ans du titre mondial Alpine en rallye
Lionel Bret , mis à jour
Les 19, 20 et 21 mai 2023, les fans d’Alpine se donnent rendez-vous à Dieppe pour fêter les 50 ans du titre de Champion du Monde des Rallyes de la marque. L’occasion de (re) découvrir l’épopée Alpine 1973 mais aussi d’appréhender les œuvres de Bixhope Art artiste automobile passionné, créateur de l’affiche officielle de l’événement.
La peinture et la voiture, Vincent y est tombé dedans tout petit. Et cela ne doit rien au hasard. À 8 ans les lignes et le son « inoubliables » de la Porsche 911 Targa orange d’un voisin lui font ressentir ses premières vibrations pour les voitures de sport.
Mais cela fait déjà des années qu’il côtoie l’art automobile. Son père, Gérard Gantois artiste peintre hyperréaliste, connu pour ses toiles automobiles, lui inculque dès le plus jeune âge « l’amour des belles courbes automobiles. Il m’emmenait à toutes les expos, m’a présenté à énormément de personnes. Je me suis imprégné ». Pendant son enfance Vincent, passe des heures dans l’atelier paternel à regarder travailler son père, mais aussi à dessiner. « Je montrais à mon père ce que je faisais et quand il me disait que ce n’était pas bon, je déchirais le dessin. Mais il a toujours été bienveillant à mon égard ». Il n’empêche ! Admirateur du travail de son père, Vincent avoue avoir vécu « dans son ombre ». Il lui faudra plusieurs dizaines d’années avant de mettre en lumière Bixhope (son nom d’artiste).
Vincent travaille comme vendeur de voitures, puis dans l’industrie pharmaceutique et médicale, devient chauffeur, avant qu’un événement subit ne vienne fracasser le puzzle de son existence. En 2013, un infarctus modifie totalement son paradigme de vie. Aux contraintes forcées, Vincent décide de faire ce qu’il conçoit désormais comme essentiel. Soutenu par sa femme et ses enfants, son « clan », son « moteur », Vincent réalise sa mue intérieure, avant de se lancer dans l’art automobile. « J’ai senti en moi la capacité de peindre. Je me suis autorisé, j’ai eu un déclic, mais je ne sais pas comment c’est arrivé », explique-t-il. En 2019 Bixhope naît, Vincent a cinquante ans.
Une passion réalisée sur le tard
« J’ai commencé à l’occasion de l’anniversaire d’un de mes fils. Je lui ai offert la reproduction d’une Alfa Romeo Mito, sa première voiture. Et après, ça s’est enchaîné avec d’autres compositions. J’étais comme libéré de l’impossibilité de suivre les traces de mon père, d’un interdit que je m’étais plus ou moins consciemment imposé. Je deviens un boulimique de travail, je peins tous les jours de 9h à 18h. Quand je travaille, j’alterne trois phases distinctives. Au début, je manque de confiance sur les premiers traits. Au trois-quarts de l’œuvre, je maîtrise parfaitement mon sujet, et c’est alors que gagne un sentiment d’impatience, présent et incontrôlable jusqu’à ce que tout soit fini. Pendant que je suis en train de mettre la touche finale à ma toile, je me demande si j’aurai le temps de peindre tout ce dont j’ai envie ». L’artiste ne sait s’il s’agit d’insatiété ou de la crainte de ne pas pouvoir réaliser « la liste haute comme ça » de toiles qu’il a en tête.
L’accélérateur réseaux sociaux
Grâce aux réseaux sociaux, Bixhope est rapidement repéré par deux galeries et participe à de nombreuses expositions depuis 2020 : Art3F Monaco, Art Shopping Paris, Auto Moto Rétro Rouen, Sonia Monti Paris, Van Gogh Madrid, Honfleur, Rétromobile Paris, Porsche Casting Deauville, 1000 Alpines pour Jean Rédélé Dieppe… Ses réalisations ont été présentées durant 1 an dans les Centres Porsche de Rouen et Caen et font l’objet d’une exposition permanente dans le showroom Alpine Deauville.
L’artiste travaille également sur commande et vend des tirages d’art en nombre limité et numéroté. Mais au-delà de la simple représentation réaliste de l’automobile, c’est tout son univers que veut mettre en scène Bixhope. L’auto y tient certes un rôle clé, mais le cinéma y est également grandement présent. Un syncrétisme entre deux « passions » où Jean-Paul Belmondo et Steve McQueen partagent les premiers rôles avec une Mercedes-Benz 540 K et une Ford Mustang.
Plus qu’une toile, c’est une histoire que tient à présenter l’artiste, dans laquelle se répondent les maîtres du pop art comme Roy Lichtenstein, les artistes hyperréalistes Américains, Magritte ou Mondrian. Un melting-pot « d’influenceurs artistiques » comme autant de canevas créatifs. Côté outil, Bixhope travaille au pro marqueur et au Posca. Le premier offre une très large palette de couleurs et apporte une subtilité au rendu, tandis que l’encre du Posca (une peinture dans un stylo) miscible permet un mélange des couleurs les unes sur les autres. Le mix des deux, permet un grand éventail de teintes et de reflets. « Je me sers d’une photo, ensuite, je réalise la base au crayon avant de me lancer dans les couleurs. Je mets une centaine d’heures pour faire une œuvre. »
S’il montre parfois la voiture dans son ensemble, l’artiste aime mettre en exergue le fragment d’une auto. « J’aime bien le détail, ça met en valeur l’objet et cela permet d’avoir des reflets exceptionnels. Mais il faut que le détail parle à tout le monde, qu’il permette d’identifier la voiture d’où il provient. » L’œuvre regorge de belles américaines, de Ferrari, de Porsche… Mais pourquoi n’as-tu pas peint d’Alpine, s’étonne un jour un ami. « Il m’a piqué au vif, chatouillé. Je suis fier d’être Normand et je me suis donc attelé à la réalisation de « tellement proches », une toile qui met en face-à-face la nouvelle et l’ancienne A110. C’est l’œuvre qui à ce jour a eu le plus de visibilité. « Et c’est comme cela que j’ai été approché par IDEA (Initiative Dieppe Événements Alpine) et son président Didier Lemeunier qui m’a demandé fin 2022 si je voulais réaliser l’affiche du rassemblement pour les 50 ans du titre de championne du monde des rallyes. »
L’affiche officielle Alpine 50 ans
Le cahier des charges consistait à mettre en avant non pas les pilotes, mais les hommes de l’ombre (mécanos, assistance…) c’est pour cela qu’on y voit une image d’archive avec toute la team Alpine autour de la berlinette. « J’ai travaillé à partir de photos envoyées par l’association IDEA, mais j’ai également photographié une A110 restaurée à l’identique de celles de 1973. Mon imagination a fait le reste. J’ai intitulé l’affiche « des hommes, un titre, une légende ». Et comme sur tous mes tableaux, j’y ai inséré Bull The dog, qui est un personnage à part entière de mon travail. Placé de part et d’autre de la couronne de laurier, il contemple le titre mondial. « Parfois, les gens se demandent ce que fait ce chien pop art dans le tableau. Quand j’ai commencé à peindre, je me suis installé dans le salon, je peignais avec devant moi une statue souvenir de bouledogue anglais multicolore en céramique que me femme et moi avions ramené d’un week-end Castellet en 1978. J’ai décidé de l’intégrer à ma toile et d’en faire un personnage à part entière. Bull The Dog, en fait, c’est moi. C’est peut-être mon double derrière lequel je peux me cacher. Je suis timide discret, je n’aime pas me mettre en avant. »
Placé de dos, le chien admire le tableau ou porte le regard du peintre, de face il vous demande ce que vous en pensez, de profil il est admiratif. Entre lui et moi s’est instauré un dialogue muet. C’est mon trait d’humour, ma signature. »
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