La douche écossaise : Trump serre la main et l’Europe serre les dents
L'INFO DU JOUR - En Écosse, le 27 juillet, Ursula von der Leyen et Donald Trump ont trouvé un accord sur les taxes douanières à l'entrée des États-Unis. Un accord surtout favorable aux US, et beaucoup moins à l'Union, à ses constructeurs allemands et à ses équipementiers français.

Comme nous l’écrivions dès le 25 juillet, l’Europe et les États-Unis ont coupé la poire en deux, et Donald Trump a tapé dans la main d’Ursula von der Leyen en Écosse ce week-end pour sceller l’accord sur les droits de douane qui, dès le 1er août, seront de 15 % à l’entrée des US, au lieu des 30 % demandés par Washington qui a donc revu sa copie.
Une semi-défaite pour l’Union et une vraie victoire pour les États-Unis ? C’est en tout cas le sentiment de l’industrie allemande, la plus touchée par la douche écossaise. Pour ses représentants, « les répercussions négatives seront considérables ».
L'Allemagne en mode "c'est moins grave que si c'était pire"
La fédération germanique de la chimie résume parfaitement le sentiment général. « Quand on s'attend à un ouragan, on se réjouit d'une simple tempête » a-t-elle commenté. En d’autres termes, ce qui se passe est absolument dramatique pour les trois marques premium du pays, mais cela aurait pu être pire encore, et pas seulement pour la chimie, mais aussi, et surtout, pour Mercedes, Audi, et BMW, et encore plus pour Porsche.
En France non plus, on n’accueille pas cet accord en tirant un grand feu artifice de joie estival. Benjamin Haddad, le ministre chargé de l’Europe se livre d’ailleurs à une spectaculaire acrobatie, évoquant un accord « qui amène une certaine stabilité, même s’il est déséquilibré ».

Car si la France de l’automobile est moins concernée que l’Allemagne, puisqu’elle n’exporte pas ses autos vers les US, la menace plane néanmoins sur ses équipementiers qui sont déjà à la peine depuis le début de l’année. Parce qu’ils travaillent directement avec les marques allemandes, ou qu’elles exportent vers les États-Unis certaines pièces qu’ils ne fabriquent pas sur place, malgré une grande implantation américaine pour nombre d’entre eux.
Tous subissent une réduction de leurs activités au cours des 6 derniers mois. C’est le cas de Michelin, dont le bénéfice est en baisse de 27,8 %. C’est le cas aussi de Valeo (-26%). StMicroelectronics quant à lui ne fait même plus était d’une chute de son bénéfice qur cette période, mais carrément d’une perte nette de 97 millions d’euros. Même OPmobility (ex-Plastic Omnium) est en baisse de 10% au cours du premier semestre.
L’accumulation de tempêtes
Bien sûr, Donald Trump n’est pas le seul responsable des maux de l’automobile européenne. Un marché à l’arrêt, des constructeurs et leurs équipementiers qui ont misé sur une énergie électrique au développement moins rapide que ce que leurs business plans supposaient, et des ventes chinoises qui ralentissent, sont autant d’éléments d’une tempête qui se sont accumulés pour former un ouragan mondial.
Reste que les hausses des droits de douane, imposées à l’Europe par Donald Trump sont peut-être les maux de trop pour une industrie auto mal en point. Mais peut-être aussi, pour une société américaine qui, elle aussi, subit les conséquences inflationnistes de ces décisions. D’autant qu’à 8 mois des élections de mi-mandat, pas sûr que la victoire de ce week-end ne soit pas une victoire à la Pyrrhus.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération